Le long voyage du dernier autorail Bugatti de retour dans sa ville d'origine

Le dernier autorail construit à Molsheim (Bas-Rhin) par Ettore Bugatti en 1933, et conservé à la Cité du Train de Mulhouse, est revenu pour quelques jours dans sa ville d'origine. Par la route, cette fois. Il sera exposé dans la cour de la Chartreuse jusqu'au 17 septembre, pour les 40 ans du festival Bugatti.

Lors des premiers essais d'homologation en 1933, le nouvel autorail construit par Ettore Bugatti dans son entreprise de Molsheim atteignait des pointes de 172 km à l'heure. Un record, à l'époque, pour un train de voyageurs.

Ce mercredi 13 septembre, c'est bien plus lentement que le dernier exemplaire de ce train mythique a parcouru la centaine de kilomètres séparant Mulhouse de Molsheim. Un parcours honorifique entre la Cité du Train de Mulhouse, où il est conservé et exposé ordinairement, et sa ville d'origine, où le public pourra l'admirer durant quatre jours dans la cour de la Chartreuse.

Cette fois, le digne nonagénaire a dû voyager par la route, sur une remorque modulable de l'entreprise savoyarde de transports Olivry. Mais même moins rapide, et pimenté de manoeuvres délicates, son périple n'en a pas été moins glorieux, et apprécié par ceux qui ont pu y assister.  

Plus de cinq heures de parcours

Silhouette design en crème et cerise, forme aérodynamique optimisée… Même juché sur une remorque, l'autorail n'avait rien perdu de sa prestance. Il a quitté Mulhouse vers 7 heures ce mercredi matin, en empruntant des routes départementales.

Vers 10 heures, il s'approchait de Colmar, et peu avant midi, il atteignait le secteur de Barr. C'est à partir de 13h, après l'arrivée à Molsheim, que son transporteur a dû faire preuve de tout son art afin de faire passer ce convoi de 32 mètres de long, en marche arrière, par les rues étroites du centre-ville. Une manoeuvre qui a pris tout l'après-midi.

Un train révolutionnaire

Ettore Bugatti a conçu son train à quatre essieux en neuf mois, en l'équipant de quatre énormes moteurs huit cylindres déjà créés pour sa voiture de luxe "la Royale". Une innovation qui a projeté dans une nouvelle ère le réseau du chemin de fer français, jusque-là principalement parcouru par de lourdes locomotives à vapeur.

Le prototype, nommé officiellement "automotrice wagon rapide", a été acheminé le 9 avril 1933 depuis l'usine jusqu'à la gare de Molsheim, sur des rails provisoires posés au fur et à mesure de son avancée.

Monté sur des boggies, des chariots mobiles sur lesquels sont fixés les essieux, qui lui permettaient de bien s'orienter dans les virages, il était aussi doté d'éléments en caoutchouc qui limitaient les vibrations et le phénomène d'oscillation.  

Révolutionnaire par sa technologie et ses performances, l'autorail Bugatti l'était aussi par son aménagement intérieur. Le conducteur était placé dans un poste de conduite central, lui offrant une vision complète à 360°. Et les passagers pouvaient se créer un environnement personnalisé, en pivotant leurs sièges s'ils souhaitaient toujours voyager dans le sens de la marche, ou adopter une configuration en carré.

A Molsheim pour quatre jours

Ettore Bugatti a produit 88 autorails de ce type, ce qui lui a permis de survivre au tumulte des années 1930. Il a même dû agrandir son usine pour être en capacité de les construire et d'en assurer l'entretien.   

Ce dernier survivant de ce train mythique porte le numéro ZZy 24408, de type 800 chevaux. Il a été surnommé "le Présidentiel" après avoir accueilli le président de la République Albert Lebrun, le 30 juillet 1933, lors d'un voyage officiel de Paris à Cherbourg.

Avec tous les honneurs dus à son rang, son prestige et son grand âge, il a été reçu en fin d'après-midi dans la cour de l'ancienne Chartreuse, dont les locaux abritent, outre un musée, également la Fondation Bugatti.

Il pourra y être admiré de jeudi 14 à dimanche 17 septembre, avant de réintégrer la cité du Bolwerk.  

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