Le musée Würth d'Erstein met en avant l'Art Brut et son dialogue avec les patients en souffrance

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Des patients de l'hôpital psychiatrique de jour d'Erstein ont participé, à leur manière, à l'exposition.
Le musée Würth d'Erstein met en avant l'Art Brut et son dialogue avec les patients en souffrance ©Sylvie Malal, Nicolas Meyer, Stéphanie Teissier/France Télévisions

Avec l'exposition "Art brut, un dialogue singulier avec la collection Würth", le musée d'Erstein (Bas-Rhin) propose à ses visiteurs d'emprunter un chemin inhabituel. Celui d'un art collecté d'abord dans les institutions psychiatriques, puis découvert chez les autodidactes, souvent en marge de la société.

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L'exposition couvre une large période, du début du XXe siècle jusqu'à nos jours. Elle se dévoile autour d'une cinquantaine d'artistes "bruts", autrement dit non-professionnels. Cette expression artistique germe la plupart du temps sur le terreau de l'isolement social, affectif ou économique. Poussées par une nécessité intérieure puissante, ces pratiques du dessin, de la peinture ou encore de l'assemblage sont en fait des soins auto-prodigués, des actes existentiels, des témoignages de vie singuliers. 

Ce qui est visible jusqu'au 21 mai au musée Würth d'Erstein est donc beaucoup plus qu'une exposition. En plus des 130 œuvres d'art brut en provenance de collections privées, il y a celles de sept patient(e)s de l'hôpital psychiatrique de jour. Le musée et le centre ont travaillé main dans la main. Pendant des mois. 

Chez moi ça se bouscule tout le temps, tout le temps. Et là, quand je colorie, c'est l'apaisement.

Patricia, une patiente

"Cela fait énormément de bien, car on a tendance à beaucoup trop réfléchir. On a toujours beaucoup d'idées dans la tête, explique Patricia, une patiente. Chez moi, ça se bouscule tout le temps, tout le temps. Et là, quand je colorie, c'est l'apaisement." Un apaisement salvateur, qui rappelle aussi que chacun peut être touché à un moment ou un autre par un épisode de vie douloureux.

"Tout le monde peut être concerné par la maladie, confirme Sophie Giacomini, cadre de santé à l'hôpital d'Erstein. Au cours d'une vie, tout le monde peut faire une dépression et avoir des idées suicidaires."

Dans ces moments-là, l'expression artistique fait un bien fou. Les sept patients de l'hôpital de jour d'Erstein ont choisi de dessiner des éléphants. A leur manière. "L'éléphant, c'est la sagesse, le calme, explique Nadine Grandgeorges, infirmière. Il y a des éléphants en couleur et un autre en noir et blanc. Cela, c'est quand on va un peu moins bien."

L'art brut, une histoire singulière

Les patients d'Erstein poursuivent un chemin initié au début du XXe siècle. A l'époque, ces œuvres sont collectées dans les institutions psychiatriques par des médecins avertis. Ensuite, dans les années 20, elles ont intéressé et attiré les surréalistes. C'est seulement en 1945 que l'artiste Jean Dubuffet a théorisé le concept "d'art brut". Il a remis en question la définition même de l'art au sortir d'un conflit mondial dévastateur. 

Si ces autodidactes ont tant fasciné médecins et collectionneurs, ils ont aussi captivé de nombreux artistes des périodes moderne et contemporaine. Ces derniers ont en effet été séduits par un processus créatif indemne de tout héritage culturel, de toute formation contraignante. Et même de toute volonté de reconnaissance artistique.  

Grâce à cette exposition, le musée Würth offre l'occasion aux visiteurs de découvrir un monde caché et intime. Qui résonne en chacun de nous. 

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