Rund um. C’est un événement connu des amis du dialecte alsacien : A Friejohr fer unseri Sproch, un printemps pour notre langue. Comme toujours, outre les spectacles, des personnes sont récompensées pour leur engagement en faveur de l’alsacien. Et cela, depuis 20 ans.
Dans le jardin de sa maison de Brumath, Agnès Helmig nous lit quelques passages du livre qu’elle a publié l’an dernier. Des souvenirs d’enfance, des fêtes religieuses d’antan (« D’Kirichefeschter, zallemuls »), qu’elle nous livre dans un délicieux patois de Lampertheim. « Pour moi, c’était difficile d’écrire en alsacien. Je voulais apprendre la méthode officielle Orthal, pour écrire correctement. Et puis, dans mon parler lampertheimois, certains mots sont introuvables dans le dictionnaire ! » nous confie-t-elle.
Mais ses efforts ont payé. Cette année, pour son ouvrage en alsacien et en français, elle fait partie des 17 lauréats d’un « Schwälmele » du Friehjohr fer unseri Sproch. Ce trophée en forme d’hirondelle récompense chaque année des personnes qui se sont particulièrement investies pour la langue alsacienne. Il faut simplement qu’une personne propose leur candidature auprès du comité. Dans le cas d’Agnès, il s’agit de sa professeure de littérature alsacienne, Danielle Crévenat-Werner, elle-même auteure de plusieurs ouvrages sur la linguistique dialectale.
Une édition 2022 à Colmar
L’édition 2022 de ce Printemps pour notre langue a démarré avec quelques spectacles programmés du 23 au 26 mars à Colmar et se poursuit jusqu’en juin, avec des contes, des spectacles en français et en alsacien, des messes en dialecte, etc. La programmation est à retrouver sur le site internet de l’OLCA, l’Office pour la langue et la culture d’Alsace et de Moselle.
Depuis ses débuts, en 2001, « A Friehjohr fer unseri Sproch – Un printemps pour notre langue » se veut être un festival de la langue régionale, sur le modèle de la fête de la musique, avec spectacles, concerts et remise de prix. C’est en tout cas ainsi que ses créateurs, l’ancien directeur de l’Ami Hebdo Bernard Deck et quelques associations, l’ont pensé.
Le « Friehjohr », pour planter des graines d’alsacien
Depuis 2016, Justin Vogel, maire de Truchtersheim et ancien président de l’OLCA, préside l’événement. Pour lui, le « Friehjohr », comme il l’appelle, a permis d’ouvrir certaines portes. « Les Alsaciens, qui pensaient que c’était chic de parler français, ont compris qu’ils avaient les cartes en main. Ceux qui voulaient nous enterrer jadis ont vu que nous étions des graines prêtes à germer et éclore chaque année ».