À l’issue du premier tour, aucun des candidats du parti autonomiste Unser Land en Alsace n'a réussi à se qualifier pour le second tour des élections législatives anticipées. En cause notamment une campagne centrée sur des enjeux nationaux et la forte participation des électeurs du Rassemblement national.
Le parti alsacien Unser Land n'a pas réussi à se faire entendre. Aucun des quinze candidats n'a réussi à se qualifier pour le second tour des élections législatives anticipées de 2024. Le parti autonomiste et fédéraliste n'a donné aucune consigne de vote pour dimanche 7 juillet.
"Sur les législatives et les présidentielles, on ne donne pas de consigne de vote. De manière très simple, ce sont des scrutins où les personnes élues doivent se prononcer sur le cadre institutionnel or elles ne le font pas", estime Jean-Georges Trouillet, le président du parti.
Regrettant une campagne éclair, "basée sur les parties et non les idées", le représentant du parti juge sévèrement le traitement médiatique qui a été fait : "La campagne a été nationalisée, car les médias nationaux l'ont orienté et la question des institutions n’était pas du tout dans leur radar."
Les enjeux régionaux invisibilisés par une campagne nationale
Selon le politologue Philippe Breton, "nous ne sommes pas dans des législatives classiques. Les enjeux de ces élections sont clairement des enjeux nationaux : des candidats très bien implantés localement ont chuté alors que d'autres du Rassemblement national ont fait des scores importants." Logiquement, les débats étaient bien loin des enjeux régionaux défendus par certains partis, "même en Corse c'était pareil, la question de l'autonomie ne faisait pas le poids."
La question aurait pourtant pu être évoquée durant la campagne "après la déclaration d'Emmanuel Macron sur les grandes régions il y a quelques semaines : il y avait une carte à jouer mais même ça c'était inaudible", analyse le spécialiste.
Face à ce "rouleau compresseur" que dénonce le président d'Unser Land, le parti a toutefois réussi à faire 3 000 voix supplémentaires par rapport aux élections législatives de 2022. "Notre socle électoral est solide, ce qui a fait la différence c’est le surcroît de participation, avec des gens qui n’ont pas l’habitude d’aller voter et qui se sont déplacés très largement en faveur du RN."
Très clairement le RN n’est pas souhaitable, notamment sur les questions institutionnelles, régionales, on sait que ce sont des adversaires.
Jean-Georges TrouilletPrésident d'Unser Land
Même s'il ne donne pas de consigne de vote, le président d'Unser Land estime que "le Rassemblement national n'est pas souhaitable, notamment sur les questions institutionnelles, régionales, on sait que ce sont des adversaires." Les autres formations politiques n'ont pour autant pas réussi leur mission de contrer le parti d'extrême droit d'après lui : "Tous les autres fronts républicains mis en place n’ont servi à rien car les causes de vote RN n’ont jamais été entendues."
Insistant sur une crise de confiance envers les institutions, Jean-Georges Trouillet évoque trois scenarii possibles pour l'après : "soit ils arrivent à créer une coalition comme en Allemagne, soit il ne se passe rien durant trois ans et cela nous plonge dans une grave crise, soit on va se poser la question de l’efficacité de nos institutions."
Pour le président du parti fédéraliste, "la crise est d’abord un problème d’aménagement de territoire, de démocratie, d’institutions : même s'il n'a pas été évoqué durant la campagne, on est clairement dedans." Le sujet régionaliste évoqué dans un futur proche ? "Peut-être lors des municipales ou des régionales si la campagne est plus apaisée, mais là ce n'est pas le bon moment pour eux", estime le politique Philippe Breton.