Les trois hypermarchés Auchan d'Alsace, tous situés dans le Bas-Rhin, ont débrayé ce vendredi 22 mars au matin à l'appel national de quatre syndicats. La principale revendication concerne une revalorisation des salaires.
De 8h30 à 9h30, ce vendredi 22 mars 2024, la quasi-totalité des salariés de l'hypermarché Auchan de Strasbourg-Hautepierre a débrayé pendant une heure. "On était 90 sur la centaine de salariés présents" se réjouit David Colino, délégué syndical FO (Force ouvrière). 90% de salariés à quitter leur poste, pour se regrouper dans la galerie marchande "histoire de se montrer un peu". Puis se rassembler dehors, sur le parking, avant de reprendre leur service à 9h30.
En parallèle, une opération équivalente se déroulait à l'hypermarché Auchan de Schweighouse-sur-Moder, près de Haguenau. Un mouvement très suivi, là aussi, par 80% des salariés présents (40 sur 50). La moitié des salariés du troisième hypermarché alsacien de l'enseigne, situé à Illkirch-Graffenstaden, soit 50 sur la centaine de présents, a ensuite pris le relais pour deux heures, de 10h jusqu'à midi. "Quelques supermarchés ont également participé, assure David Colino, mais ils ont rejoint notre mouvement sur les hypermarchés."
Cette journée de mobilisation a été lancée au niveau national par quatre syndicats (CFDT, CFTC, CGT et FO) sur le mot d'ordre "Mobilise-toi, indigne-toi. Ton avenir t'appartient, ton salaire aussi !" – "Dans le nord et dans le sud, il y a carrément des grèves, assure le délégué FO de Strasbourg-Hautepierre. Ailleurs, certains débrayages sont plus longs que chez nous, jusqu'à 3 heures."
Des revendications salariales
La principale revendication concerne le pouvoir d'achat, et une revalorisation des salaires jugée largement insuffisante par les syndicats. "Ce qu'ils nous ont proposé, c'est 1,5% d'augmentation de salaire, et une ristourne de 15% (sur les achats en magasin), explique David Colino. Et si les syndicats ne signaient pas, ils proposaient de réduire l'augmentation à 1,3%, et la ristourne à 10%."
Une situation jugée inacceptable par les représentants du personnel. "On a déjà connu ce genre de choses, mais comme les primes, ça allait, on se rattrapait. Mais maintenant, on n'a pratiquement plus de primes, déplore le délégué FO. Pour la participation au bénéfice de l'entreprise en 2023, on a seulement obtenu 0,08%."
En effet, l'an dernier, les résultats du groupe Auchan, qui compte 59 000 salariés en France, sur un total de 160 000 au niveau mondial, n'ont pas été bons. À l'échelle nationale, l'enseigne espère cependant rebondir en rachetant, en alliance avec les Mousquetaires, 70 supermarchés et 26 hypermarchés de Casino, principalement en Île-de-France et dans la région Rhône-Alpes.
"C'est surtout que le national fait des mauvais choix, estime David Colino. Ils ont installé le parcours libre-service, les caisses automatiques, et le taux de délit est énorme. Les gens oublient de payer certains articles, et on a perdu énormément d'argent."
Les syndicats dénoncent aussi "des conditions de travail en perpétuelle dégradation, avec moins de monde, et des salariés non remplacés." Mais ils réclament essentiellement "5% d'augmentation de salaire, avec une ristourne qui reste à 15%. Et aussi une augmentation du montant des titres-restaurants. Actuellement, on a seulement droit à 10 tickets de 5 euros chacun, sur lesquels on paie la moitié" précise le délégué FO.
Une grève "totale" envisagée avant Pâques
À l'issue de cette première journée d'actions, il faudra "attendre le retour de la direction nationale, car le salaire, ce n'est pas au niveau local que ça se négocie." Mais en l'absence d'une réponse rapide et satisfaisante, le mouvement risque fort de se durcir. David Colino prévoit déjà un nouvel appel national de l'intersyndicale, cette fois pour une journée entière de grève. Et sur un jour destiné à perturber massivement le premier gros week-end de l'année pour l'enseigne : "certainement le samedi avant Pâques. Ce sera une grève totale, et elle sera suivie massivement" assure-t-il.
En Alsace, Auchan compte trois hypermarchés, à Strasbourg-Hautepierre, Illkirch-Graffenstaden et Schweighouse-sur-Moder. Et 27 supermarchés, dont six dans le Haut-Rhin.