Marché automobile : les ventes de voitures d'occasion explosent en Alsace

Le marché de l'occasion automobile est en pleine expansion. En Alsace, en 2021, plus de 175.000 voitures d'occasion ont été vendues, soit près de 10% de plus qu'en 2020.

Les voitures d'occasion s'arrachent. La demande est extrêmement forte en raison d'un contexte mondial : la crise des microcomposants en Chine entraîne une pénurie de véhicules neufs, avec pour conséquence des délais de huit à neuf mois pour recevoir sa voiture. La demande se rabat donc sur l'occasion. Les concessionnaires n'arrivent plus à suivre. "C'est vrai que la demande est de plus en plus forte", constate Loïc Jud, gérant du garage Loeffel à Ingwiller.

Parmi ses clients, Gérard Stoll, qui vient de faire l'acquisition d'une Peugeot 2008. La voiture a quatre ans et 30.000 km au compteur. "Je l'ai payé 14.000€. Elle vaut plus de 30.000€ neuve". Cet habitué des véhicules d'occasion ne voit pas l'intérêt d'acheter neuf : "au bout de 100 km, la voiture n'est déjà plus neuve", nous dit-il. Pour lui, la voiture est un outil indispensable au quotidien. "Nous vivons à la campagne, tout est relativement éloigné, la voiture est tout simplement nécessaire. Notre famille également ne vit pas dans le village alors nous devons nous déplacer à Strasbourg ou Sélestat".

Thomas Lincker a également déjà acheté plusieurs voitures d'occasion. "C'est très intéressant au niveau du prix", explique-t-il. Mais avec la demande croissante et le marché actuel, cette donnée est de moins en moins vraie. "Forcément, les prix augmentent. On peut effectivement se retrouver avec des véhicules d'occasion aussi chers que des voitures neuves", constate Loïc Jud. Une situation complètement inédite, qu'il n'a jamais connue de toute sa carrière.

En effet, 4 voitures sur 5 vendues en 2021 étaient des occasions. En Alsace, on totalise 176.279 voitures d'occasion vendues l'année dernière, contre 160.547 en 2020, ce qui représente une augmentation de 9,8%.

Les voitures d'occasion deviennent même une denrée rare dans beaucoup de garages, qui peinent à trouver des véhicules à vendre. Au garage Ichterz à Souffelweyersheim, l'entrée et parking n'ont jamais été aussi vides. Seules quelques voitures sont exposées - et déjà vendues. Christian Meier, conseiller après-vente, explique : "nous n'avons même pas la moitié du nombre de voitures d'occasion que l'on propose d'habitude"

Alors les quelques voitures encore disponibles partent comme des petits pains. "Là, les voitures sont vendues dans un délai de dix, quinze jours", poursuit Christian Meier. D'autant plus que les professionnels ne peuvent pas compter sur le roulement habituel des véhicules dans leurs concessions. "Généralement, on reprenait les voitures des clients qui en achetaient une neuve et que l'on proposait donc à la vente d'occasion. Comme nous ne vendons presque plus de voitures neuves, forcément, nous n'en récupérons pas d'occasions", explique Frédéric Singer, vendeur de véhicules d'occasion.

Son métier a complètement été transformé en seulement quelques mois, en raison de la situation. "Avant, j'étais vendeur. Maintenant, je suis acheteur", ironise-t-il. A présent, il passe ses journées sur Leboncoin, à éplucher les annonces de voitures d'occasion. "Nous n'avons plus d'autre choix que de démarcher les particuliers, si nous souhaitons continuer de proposer et vendre des véhicules, même si c'est peu en nombre". Ses critères : "l'âge - il faut que la voiture soit assez récente, c'est ce qui est recherché par les personnes qui ne veulent pas attendre pour une voiture neuve mais souhaitent quand même un véhicule récent". Ensuite, le nombre de kilomètres au compteur ainsi que le prix. Si tout concorde, Frédéric Singer fait une offre au particulier pour pouvoir vendre ensuite le véhicule dans le garage.

Une situation laborieuse - le travail est chronophage pour un résultat plutôt faible, avec environ une voiture trouvée par semaine - que les professionnels espèrent bientôt derrière eux. Christian Meier, dans le métier depuis 1975, n'aurais jamais imaginé vivre cette situation un jour. "C'est complètement improbable", confie-t-il. Tous essayent de satisfaire au mieux leurs clients malgré les conditions actuelles. Ils espèrent un retour à la normale en 2023.

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