Vingt neuf lycées alsaciens ont été touchés par des messages malveilants ce lundi 25 mars au matin. C'est la messagerie interne des enseignants et des élèves qui a été piratée. Les directeurs académiques des deux départements vont porter plainte.
Le lycée Kléber à Strasbourg (Bas-Rhin) ou encore le lycée Bartholdi à Colmar (Haut-Rhin), au total vingt-neuf établissements alsaciens ont été la cible de messages menaçants ce lundi 25 mars. Des messages reçus après le piratage de Mon Bureau numérique, la messagerie interne des enseignants et des élèves.
Des propos très confus et avec des objectifs visiblement très différents, se rejoignant tous sur un point, une volonté de semer le désordre. Parmi ceux que nous avons pu consulter, l'un se réclamait de l'Etat islamique et menaçait de la présence d'une bombe en ciblant les "mécréants", un autre appelait au meurtre contre "les arabes et musulmans dans l'établissement".
Évacuation très tôt le matin
Les différentes structures ont été évacuées par mesure de précaution. C'est ce que raconte un élève hébergé à l'internat du lycée Marc Bloch à Bischheim (Bas-Rhin). Lui n'a pas reçu le message menaçant, mais il a pu le lire et en constater les conséquences. "Vers 4 heures, l'alarme incendie sonne. On descend et on nous dit qu'en fait il s'agit d'une alerte à la bombe. Il y a une équipe avec des chiens qui sont sur les lieux, pour commencer à sécuriser l'ensemble du bâtiment", relate-t-il.
"On ne pouvait pas retourner dans nos chambres, on nous a mis au CDI, où une salle a été sécurisée. On a attendu pendant plus de deux heures, jusqu'à 6h30. Ils ont vérifié les chambres de l'internat, étage par étage. Le chien est entré, chambre par chambre. On s'est donc dit après qu'on va pouvoir enfin rattraper notre sommeil. Sauf que l'alarme a de nouveau sonné, avec un message pour nous dire de nous rendre devant le lycée", ajoute cet interne.
Depuis, les élèves de l'internat disent "ne pas avoir d'autre choix que d'attendre 14 heures". Soit l'heure de reprise estimée des cours. "Là, on va juste se balader, pour aller manger. Il n'y a rien d'autre à faire", conclut-il.
Des plaintes vont être déposées
Sur son compte X, le président de la Région Grand Est, Franck Leroy a exprimé son "soutien aux équipes éducatives, enseignants, personnels administratifs ainsi qu'aux forces de l'ordre du Grand Est mobilisées face à ces actes intolérables". "J'ai une pensée toute particulière pour les enseignants et élèves. Toucher aux lieux de savoir, chercher à faire peur, c'est toucher à la République. J'espère que ces actes seront sévèrement punis", a-t-il souligné.
Depuis cette nuit des appels aux meurtres racistes ont envahi les messageries MBN de certains lycées de notre Région, souvent doublés d'alertes à la bombe.
— Franck LEROY (@Franck_LEROY_) March 25, 2024
Je veux exprimer tout mon soutien aux équipes éducatives, enseignants, personnels administratifs ainsi qu'aux forces de…
De son côté, la préfecture du Bas-Rhin a publié un communiqué dans lequel elle précise que "la préfecture, les forces de sécurité intérieure et le rectorat se sont immédiatement mobilisés dans le cadre des procédures en vigueur. Selon la situation au moment de l’alerte, les élèves ont été évacués, mis en sécurité hors des locaux ou n’ont pas été accueillis afin de permettre la mise en oeuvre des procédures de levée de doute. Les collèges et lycées concernés reprendront leur fonctionnement normal au fur et à mesure de la sécurisation des locaux."
Les deux directeurs académiques des services de l'éducation nationale (DASEN) vont déposer plainte et la messagerie interne est pour l'instant suspendu.
Une vague de menaces qui intervient dans un contexte particulièrement tendu. Après l'attentat à Moscou qui a fait au moins 133 morts, vendredi 22 mars, la France a en effet relevé le plan Vigipirate à son plus haut niveau, celui d'"urgence attentat".
Ce n'est pas la première fois que des établissements scolaires sont visés par des messages inquiétants, au cours de cette année scolaire. Depuis la rentrée de septembre, outre des lycées de notre région, des établissements de Normandie, de Bretagne ou de région parisienne ont reçu des messages menaçants par mail.