Les naissances d'espèces rares, c'est l'une des fiertés du zoo de Mulhouse. Deux otaries de Patagonie et deux bœufs musqués de l'Arctique, nés cet été, ont été présentés au public ce jeudi 19 septembre.
Il y a des bébés plus attendus que d'autres : c'est le cas de deux petites otaries de Patagonie qui ont vu le jour cet été au zoo de Mulhouse. Eden est née le 12 juillet, Ava quatre jours plus tard. Après avoir passé quelques semaines seules avec leur mère respective en loge intérieure, les premiers moments à l'extérieur ont été scrutés attentivement par les soigneurs. L'équipe vétérinaire a procédé à leur identification le 13 août dernier. Les deux petites se portent bien et s'entendent à merveille. Elles ont même décidé de profiter du bassin extérieur avec leurs mamans respectives, pour le plus grand plaisir des visiteurs.
Cette double naissance est exceptionnelle en Europe. Cette année, seules six naissances d'otaries de Patagonie ont été enregistrées dans les parcs zoologiques européens, dont quatre en France. Ces naissances sont très importantes pour la préservation de l'espèce. Dans la nature, l'otarie à crinière réside généralement sur les côtes du Chili, du Pérou, d'Uruguay et d'Argentine, jusqu'en terre de feu et aux Malouines. Si elles ne sont plus inscrites sur la liste rouge de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), elles n'en demeurent pas moins sous vigilance.
Ces otaries sont devenues avec le temps incontournables pour le parc zoologique et botanique de Mulhouse. Elles sont particulièrement appréciées par le public. Excellentes nageuses, elles peuvent plonger à 250 mètres de profondeur. Les petits pèsent déjà 12 kilos à la naissance, après une gestation qui dure 11 mois et demi. " Ces deux petites nouvelles, c'est évidemment du travail en plus mais aussi et surtout beaucoup de plaisir, explique Séverine Beurier, soigneuse du secteur carnivore. Les bébés, ça donne de la vie au bassin. Nous avons une petite femelle de deux ans et demi, pour elle c'est beaucoup mieux car elle commençait à s'ennuyer avec les adultes. Là, on a remarqué qu'elle joue facilement avec les deux bébés. Ça va être sympathique pour le public. "
Mais les naissances remarquables de cet été au sein du zoo ne s'arrêtent pas aux otaries. Deux bébés bœufs musqués ont pointé leur nez les 7 et 26 juin derniers : Einar et Malka. Cette espèce est particulièrement sensible à son alimentation et aux conditions météorologiques. Les deux petits ont été gardés les premiers mois de leur vie dans des loges intérieures, au frais. Leur élevage est délicat. Les vétérinaires et les soigneurs gardent les jeunes sur substrat nu comme ils le seraient sur le sol gelé de la toundra arctique. Cela permet d'éviter aux petits d'ingérer de l'herbe ou de la terre, ce qui les rendrait malades. Cet été, un transpondeur électronique (système de puce de recensement) leur a été posé.
300 kilos à l'âge adulte
Ils sont encore nourris par le lait très nutritif des femelles. Les deux petits bœufs musqués prennent 500 grammes par jour. Ils atteindront 300 kilos à l'âge adulte. Leurs cornes pousseront tout au long de leur vie. Le nom de l'animal vient, lui, de la forte odeur musquée qu'ils produisent quand vient la saison de reproduction à la fin de l'été. Les mâles se livrent alors à des duels impressionnants dont le vainqueur peut conquérir la harde des femelles.
Les bœufs musqués ne sont pas classés "espèce menacée" par l'Union internationale pour la conservation de la nature, en raison de leur nombre encore important dans l'Arctique. Mais ils font l'objet de programmes de conservation. "Ces deux petits sont une bonne nouvelle pour l'ensemble des équipes du parc, relève Benoît Quintard, directeur par intérim. Cela concrétise notre volonté de nous investir dans la préservation de nos espèces. C'est une superbe porte d'entrée pour parler de notre travail de conservation des animaux menacés. En plus, les petits font toujours craquer les visiteurs. Les bœufs musqués, il y en a encore beaucoup dans le milieu naturel, mais ce sont les ambassadeurs du grand Nord. Et comme toutes les espèces du grand Nord elles sont sujettes aux conséquences du réchauffement climatique. Ça nous permet d'ailleurs d'en parler aux visiteurs."
La naissance de trois tourterelles de Socorro, inexistantes à l'état sauvage, cette année, est également une belle victoire.
À noter que le zoo de Mulhouse cherche un nouveau directeur. Brice Lefaux, qui a dirigé le parc pendant quatorze ans, a quitté ses fonctions en mai dernier. Créé en 1868, le parc a fêté ses 156 ans cette année. Il a accueilli près de 300 000 visiteurs en 2023.