La décision a été rendue publique dans la soirée du 26 avril. Le processus de création d'une Ligue d'Alsace de Football en dehors du Grand Est ne sera pas inscrit à l'ordre du jour de l'assemblée fédérale qui doit se tenir en juin prochain.
Circulez, il n'y a plus rien à voir. C'est le message que tente de faire passer la fédération française de football depuis sa réunion du 18 avril dernier, dont le contenu a été rendu public officiellement une semaine plus tard.
Les quatorze membres du Comité Exécutif (Comex) estiment que le processus qui permettrait à l'Alsace de sortir du giron du Grand Est ne peut pas continuer. Il ne sera donc pas inscrit à l'ordre du jour de la prochaine assemblée fédérale, car il ne fait pas l'unanimité. Un mois auparavant en effet, la Ligue du Grand Est avait massivement voté contre la sortie de l'Alsace de son périmètre (seuls 38% d'avis favorables). Une position aux antipodes de celle promue par le district d'Alsace qui s'est prononcé à 96% pour la création d'une ligue en dehors du Grand Est.
"Nous le prenons véritablement comme une gifle" fulmine Michel Aucourt, le Président du district d'Alsace de football. "Après un processus qui aura duré deux ans, où on nous aura fait croire qu'une issue favorable était possible - on avait eu un vote du comité directeur de la Ligue qui nous disait que personne ne s'opposerait à la sortie de l'Alsace - Or on se retrouve avec une campagne de haine contre nous, qui fait qu'on aboutit à un vote où chacun reste sur ses positions. Aujourd'hui la ligue et le district sont complètement fracassés, fracturés, et ce sera difficile de recoller les morceaux."
Des paroles qui vont se traduire en acte dès lundi, promet-il, avec une collaboration a minima entre le district et la ligue. Il ne s'agit pas de faire la politique de la chaise vide, explique-t-il, mais chacun prendra ses décisions de son côté.
Football et politique
Michel Aucourt n'hésite pas non plus à déplacer le débat sur un terrain exclusivement politique. Il espère un soutien du député Renaissance Eric Woerth, chargé d'une mission sur la décentralisation, et très attendu sur la question d'une relative "autonomie" de l'Alsace, dans le Grand Est. Le parallèle avec le monde du football est tout trouvé. Si la compétence en matière de sport est dévolue à la Collectivité européenne d'Alsace (CEA), alors tout redevient possible, dit-il en substance.
La bataille est donc loin d'être terminée. Mais Mourad Oualit, président du club bas-rhinois du FCOSK06, se désole de la tournure des événements. "À trois ou quatre matchs de la fin du championnat, on se soucie davantage des résultats sportifs de nos équipes. Les enjeux sont importants et il faut que nos instances comprennent qu'il ne faut pas que le sportif passe en second plan" dit-il. Les clubs souffrent, les ressources s'amenuisent observe-t-il, et pour lui, c'est peut-être l'une des explications de cette insistance de l'Alsace à faire son chemin en dehors du grand Est.
La ligue voulait refermer le chapitre. Pas sûr qu'elle y soit parvenue.