Isabelle Kremser a 45 ans et a combattu le cancer du sein durant 20 mois. Cette habitante de Rosheim est la marraine de l'édition 2020, qui célèbre les 10 ans de La Strasbourgeoise.
Evidemment, cette édition de La Strasbourgeoise aura une couleur particulière. Les filles seront toujours en rose bien sûr, mais il n'y aura plus de course à pied, elles marcheront, mesures sanitaires obligent.
Pour Isabelle Kremser, peu importe. Elle sera là avec ses copines, engagée à fond : canoé, flash mob, et les 5 km de marche. Elle s'y prépare depuis plusieurs semaines et surtout prend son rôle de marraine très à cœur.
Dépistage, recherche médicale, espoir
Héritière des marraines précédentes, Isabelle veut transmettre trois idées fortes : le dépistage, le soutien à la recherche médicale et les messages plein d'espoir à celles qui luttent actuellement contre le cancer du sein.Comment est-elle devenue marraine ? C'est une de ses amies qui travaille dans la même entreprise qu'elle et qui fait partie du comité d'organisation de La Strasbourgeoise, qui l'a approchée pour lui proposer cette fonction.
"J'ai d'abord été surprise, puis j'en ai parlé avec ma famille, on a même tenu une sorte de conseil de famille (petit rire), j'ai beaucoup réfléchi et je me suis lancée !"
Ce rôle de marraine, une thérapie
Désormais enthousiaste, elle a réorganisé son emploi du temps pour se rendre très disponible durant ces deux semaines. "Le fait d'être encore en télétravail me facilite un peu la tâche", précise-t-elle.Mais il a fallu surmonter les réticences, les questionnements. "Je me suis rendue compte que j'allais m'exposer, parler de mon intimité. Il y a encore un an, je n'aurai pas pu, c'était trop douloureux. Cela doit faire partie de ma thérapie, je progresse de jour en jour dans l'acceptation de mon parcours."
Isabelle Kremser est tombée malade il y a cinq ans, en 2015, "c'était le semaine de mes 40 ans, j'avais bien senti une boule au sein, qui ne partait pas. J'ai fait les examens nécessaires, mais quand le diagnostic est tombé, ce fut le coup de massue, ma vie s'est arrêtée. Autant dire que je n'ai pas fêté mon anniversaire".
Après ce fut l'engrenage, la spirale médicale : opération, chimiothérapie, radiothérapie, immunothérapie. 21 mois de traitement et d'arrêt maladie.
"Je voulais absolument protéger mes enfants ; Lilou avait 11 ans, Lola 5, je voulais qu'elles puissent avoir une vie la plus normale possible, dans leur scolarité et leurs activités". Très rapidement, ses parents sont arrivés de Bourgogne pour aider son mari Sébastien dans la logistique de la maison.
"J'ai pu entièrement me consacrer à mes soins et cela a été indispensable car j'ai eu de très lourdes chimios qui m'ont énormément fatigué", précise-t-elle.
Le soutien de sa famille et aussi de ses amies
Très présentes, les amies de 20 ans, ne l'ont jamais lâchée. "Pour nous, c'était important de prendre le relais de la famille et de permettre à Isabelle de se changer aussi les idées. On organisait des soirées, on l'accompagnait chez le médecin", raconte Alexia Hoeffler, émue, amie de toujours.Attablées autour d'assiettes de mets libanais, les amies se retrouvent régulièrement. Crises de fous rires irrépressibles mais quand revient le sujet du cancer, les yeux se mettent à briller d'émotion, et quelques larmes coulent. Le passé douloureux n'est pas loin, les mots se font plus rares. "J'ai toujours une épée de Damoclès au-dessus de moi. Cela fait cinq ans, je ne peux pas oublier. Il faut que je vive avec", explique Isabelle.
Le soleil brille à nouveau dans la vie d'Isabelle. Sa vie normale a repris, mais plus forte qu'avant "chaque petit moment de bonheur, je le savoure pleinement. Après un parcours comme le mien, on revient à l'essentiel".
Le sport, indispensable à la reconstruction physique et morale
Le sport a été essentiel pour Isabelle. Elle a toujours eu une pratique sportive et a continué durant les traitements, grâce notamment à Sport Santé, du sport adapté à la pathologie."J'ai fait de l'aviron avec Sport Santé, ensuite quand ça s'est terminé, j'ai eu envie de me mettre au tennis". Maintenant chaque jeudi soir, Isabelle se rend au club de Rosheim. "Reprendre possession de son corps, sentir qu'il se renforce, c'est merveilleux et ça fait tellement de bien au moral", nous dit Isabelle.
De son vécu, Isabelle veut absolument transmettre de l'énergie et de la positivité à toutes les femmes qui sont dans la maladie : "J'espère vraiment que je vais être à la hauteur, mais c'est du fond du cœur que je le ferai en tant que marraine".
La vidéo du reportage de Marie Heidmann et Emmanuelle Gamette, diffusé jeudi 1er octobre 2020 :