"On se sent laissé à l'abandon" : entre souris, moisissures et hausse de charges, un collectif de locataires de logements sociaux se mobilise

Plus de 250 Alsaciens se sont réunis en collectif pour dénoncer la société Alsace Habitat. En cause : des immeubles mal entretenus, de l'insalubrité et une absence de réaction du bailleur social, que conteste ce dernier.

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"Aujourd'hui même, un habitant m'a contacté pour me dire que des souris étaient entrées dans l'immeuble et montaient jusqu'au 4ème étage." À la tête de l'Association des locataires d’Alsace Habitat en colère (ALAHEC), Valérie Boucher oscille entre combat et désillusion. "J'avais créé le collectif pensant qu'on allait être 2 ou 3 : finalement on est 250", explique-t-elle.

Elle et six autres locataires ont décidé de créer l'ALAHEC "pour recenser les problèmes et envoyer des réclamations à Alsace Habitat. Dans la majorité des cas, elles restent sans réponse." Alsace Habitat est un bailleur social présent sur le Bas-Rhin, ayant la gestion de près de 17 000 logements répartis dans 162 communes.

Et des problèmes, si l'on en croit la présidente, elle-même locataire d'un logement âgé d'une vingtaine d'années à Brumath, il y en a. "Le parc locatif public n'est pas du tout entretenu : certains logements ont une soixantaine d'années, on repeint les façades pour faire joli mais à l'intérieur rien n'est fait, les espaces verts sont laissés à l'abandon."

De la moisissure même dans les logements neufs

Un des problèmes évoqués est la moisissure, présente y compris dans les logements récents. "Dans les logements inaugurés il y a huit mois à Uberach (Bas-Rhin) il y a déjà de la moisissure, mais aussi des fuites de gaz et des infiltrations d'eau", a-t-elle constaté.

Quand l'association fait remonter le problème, la réponse n'est pas forcément celle attendue. "On nous dit de nettoyer, d'aérer plus longtemps ou d'augmenter le chauffage : c'est inadmissible, on sait que la moisissure a des répercussions sur la santé, si le problème n'est pas traité à la base, fatalement cela va revenir. Pour certains dossiers, nous avons contacté la préfecture qui nous a répondu qu'elle allait saisir l'agence régionale de santé lorsqu'elle le jugerait nécessaire."

Pour Freddy Zimmermann, directeur de l'attractivité et du développement chez Alsace Habitat, "il s’agit de cas isolés dans des logements récemment livrés. Ils sont actuellement en phase de traitement dans le cadre du parfait achèvement." Toutefois, il constate que "dans plus de 50 % des cas de moisissures, et après retour de la visite du logement par notre prestataire, cela est dû à une mauvaise utilisation du logement (manque d’aération, fermeture des bouches d’aération des fenêtres, séchage de linge trop humide dans les pièces, etc.)."

Autre problème évoqué, le bailleur ne fournirait pas le diagnostic de performance énergétique alors que c'est obligatoire. "Depuis mon entrée dans le logement en 2009 à Brumath, je n'ai jamais eu de DPE alors que ça fait trois mois que je le réclame, indique Valérie Boucher. C'est la même chose pour les nouveaux locataires d'Uberach, ils ne l'ont pas eu non plus."

Des informations que conteste Freddy Zimmermann : "Aujourd'hui, le DPE est transmis à chaque signature de bail. Mme Boucher est entrée dans le logement en 2009, date où le DPE n'était pas encore obligatoire. Elle l'a reçu il y a quelques jours, soit trois semaines après sa demande et non pas trois mois comme elle le prétend."

Il faudrait d'abord qu'ils s'occupent des logements existants avant de construire à tout va

Valérie Boucher

présidente de l'ALAHEC

En décembre 2023, certains habitants également ont eu la mauvaise surprise de recevoir leur rappel de charges "avec des montants allant jusqu'à 2 000 !". La fin du bouclier tarifaire et la hausse du prix de l'énergie en seraient les causes. "Un fonds de solidarité de 430 000€ a été réparti sur un certain nombre de foyers, mais on n'a pas su les critères de répartition", s'étonne la présidente de l'association.

"Nous, ce qu'on demande, c'est un meilleur entretien du parc locatif et que les problèmes soient résolus rapidement : qu'ils commencent d'abord par s'occuper des logements existants au lieu de construire à tout-va", conclut Valérie Boucher.

"Alsace Habitat restera toujours à l’écoute des locataires et fera toujours son possible pour répondre aux sollicitations. Cela doit toujours se faire honnêtement et toujours dans un respect réciproque. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas", estime de son côté Freddy Zimmeramnn, ajoutant que "le dialogue n’a jamais été rompu et se poursuivra."

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