La région Grand Est est sanctionnée pour ne pas avoir respecté la loi Sauvadet qui exigeait 30% de femmes en 2016 aux nouveaux postes à responsabilité de la fonction publique. C'est la seule région de l'Hexagone à écoper d'une amende. Explications.
Une amende de 60.000 euros qui commence par une question à un euro : qui est à la tête de la direction générale des services de la région Grand Est? Un homme. On continue. Son adjoint? Un homme aussi comme son genre l’indique. Mais il y a aussi une ajointe. Presque la parité ! Le dir com ? Comme son genre l’indique, il s’agit aussi d’un homme. Dans l’organigramme de la nouvelle région, la plupart des postes clés se conjuguent au masculin. Dans les « directions fonctionnelles » : seulement deux femmes sur six cadres A. Et elles sont quatre sur dix aux directions opérationnelles.
Moins bien que dans les entreprises et à l’Assemblée nationale
La parité non respectée dans la haute fonction publique, ce n’est pas nouveau. 28% des postes à responsabilité sont occupés par des femmes, en France. C’est moins bien que dans les conseils d'administration d’entreprises et à l’Assemblée nationale où elles sont 40% aujourd’hui. "L'administration recèle encore des mécanismes d'éviction des femmes au cours de leur vie professionnelle", souligne la lettre ouverte au président de la République, envoyée par l'association Administration moderne, le 29 décembre 2017.
Le Grand Est, dernier de la classe
Pour favoriser la nomination de femmes, il existe la loi Sauvadet depuis six ans. Objectif 2016 : 30% de femmes pour toute embauche à un premier poste à responsabilité dans la haute fonction publique. Tous les services de l’Etat, toutes les collectivités doivent respecter la parité. Deux ministères sont épinglés, l’Armée (19%) et la Justice (20%), deux villes et une seule région… le Grand Est, dernier de la classe.
60.000 euros d’amende
De Reims à Strasbourg, ils étaient 536 catégories A en 2016. Combien de femmes? Et surtout combien sont-elles aux nouveaux postes ? Moins de 30% des recrutements aux emplois supérieurs de la fonction publique, selon le dernier bilan ministériel. "Nous avons poussé la Région à signer la Charte sur l’égalité, cela pose question aujourd’hui sur la réelle volonté politique de la majorité à la mettre en place. Quand on veut, on peut», commente Joëlle Barat, conseillère régionale socialiste et membre du Comité stratégique de l’égalité. On n’en saura pas plus. Les statistiques par genre ne sont pas communiquées, elles n’existent pas dans le bilan social de la nouvelle collectivité. En revanche, ce que l’on sait, c’est que le Grand Est doit payer 60.000 euros d’amende à l’Etat pour être hors des clous.
Pourquoi le Grand Est ne respecte-t-il pas la parité ? Comment compte-t-il combler son retard ?
Aucune réaction pour l’instant. Alexandre Cassarro, conseiller régional (LR) et délégué à l'égalité hommes femmes était injoignable aujourd’hui. Pour l’opposition il y a urgence. « Nous comptons bien interpeller le président de Région, vendredi, lors de la commission permanente. Ce point n’a jamais été abordé ! », remarque Anne-Pernelle Richardot, conseillère régionale PS.
Les élus auront sans doute beaucoup de questions. En 2017, la loi exigeait désormais 40% de femmes à un premier poste. Tout rattraper serait une sacrée prouesse. A la Wonder Woman.
Bilan des nominations hommes femmes dans la haute fonction publique