Rund um. C'est un métier d'art. Naturaliser des animaux et faire en sorte qu'ils aient l'air vivants. C'est surtout un savoir-faire, et la profession de Paul Barthly depuis quarante ans. Mais faute de repreneur, il est l'un des deux derniers taxidermistes en Alsace.
C’est un métier d’art. Paul Barthly, taxidermiste, aime à le rappeler. Sous ses doigts, lapins, paons, poissons reprennent des airs d’animaux vivants. Ils sont remplis de fibre de bois, de coton, tenus par une tige de fer, et ornés d'yeux de verre, spécialement conçus à cet effet. "Il existe une paire pour chaque espèce, car le regard, c’est ce qu’il y a de plus important", nous explique le Sundgauvien.
Un métier en manque de repreneur
Paul Barthly a démarré son activité comme un hobby. "Lorsque j’étais jeune, j’élevais des oiseaux, et lorsqu’ils mouraient, je ne voulais pas simplement les jeter… alors j’ai acheté des manuels et appris à les naturaliser". A l’époque, les taxidermistes ne manquaient pas. Il s'est installé voilà plus de quarante ans. Les choses ont bien changé - ils ne sont plus que deux à exercer cette profession dans toute l’Alsace.
La faute, notamment, à une réglementation de plus en plus stricte. "Il y a des espèces qu’on a le droit de tirer, mais pas d’empailler, comme les cormorans par exemple. D’autres, qu’on ne peut pas ramasser lorsqu’on les trouve déjà morts, y compris au bord des routes, pour les naturaliser." A cela s’ajoute l’image du métier, souvent écornée. Résultat : aucun repreneur à l’horizon pour l'atelier de Balschwiller.
La passion du métier
Pourtant, les clients ne manquent pas. Ce sont, en majeure partie, des chasseurs, désireux de conserver une belle prise. A l’instar de cette gérante d’armurerie à Dannemarie, que le taxidermiste va livrer. Elle a commandé une tête de chevreuil, trophée d'une récente chasse. "Je le connais depuis longtemps, il travaille très bien", nous dit-elle. Mais il y a aussi des propriétaires de beaux espaces désireux de se constituer une vitrine, des coiffeurs, et simplement des amateurs. Pour ce qui est des animaux domestiques, par contre, le taxidermiste prend très rarement les commandes, "car il y a trop d'affect".
La clientèle de Paul Barthly vient parfois du Territoire de Belfort, et même de Suisse - "je suis moins cher, alors c'est sûr, ça attire", nous explique l'artisan. Et même s'il a déjà l'âge de la retraite, il continue son activité, véritable passion pour lui. Dans son atelier, il expose quelques-unes de ses pièces, pour les montrer à ses clients potentiels. Certains spécimens d'espèces devenues rares, empaillées il y quelques décennies, peuvent aussi servir à l'éducation d'enfants. La naturalisation leur confère, sans doute, un morceau d'éternité.