Patrimoine : une maison alsacienne du 16e siècle promise à la démolition, sauvée en trois semaines par des passionnés

Hugo et son ami Jérémie ont refusé d'assister à la démolition d'une maison alsacienne du 16e siècle. Et grâce à leur mobilisation, ils ont trouvé des fonds et des bras pour la démonter et la reconstruire ailleurs.

Hugo Di Giano est passionné d'architecture, de maisons alsaciennes en particuliers. Le jeune homme de 23 ans habite à Oltingue, dans le Sundgau et il est membre de l'association pour la sauvegarde de la maison alsacienne (ASMA) depuis ses 15 ans. Il y a quelques semaines, il remarque des panneaux de chantier dans une rue de Buschwiller, un village proche du sien. Un lotissement doit y voir le jour sur 25 ares.

En regardant l'une des maisons vouées à la destruction, Hugo a un doute. "Malgré le crépi récent qui recouvrait tout, j'ai vu une vieille fenêtre, et j'ai tilté". Pour pouvoir la visiter, il demande au promoteur s'il peut récupérer les vieilles tuiles.

Le 2 novembre 2022, il visite la maison avec son ami Jérémie Viron. "On rentre dans la maison, et on se regarde. Il s'agit de colombages du 16e siècle, ça se voit tout de suite ! La largeur des poteaux et surtout l'assemblage en mi-bois contrefiche : c'est une technique de construction qui a disparu à partir du 17e siècle."

On rentre dans la maison, et on se regarde. Il s'agit de colombages du 16e siècle, ça se voit tout de suite.

Hugo Di Giano

à l'origine du sauvetage d'une maison du 16e siècle à Buschwiller

Hugo et son ami s'enflamment. "C'est l'une des dernières dans le coin encore debout, tellement de vieilles maisons ont été détruites ! Impossible de faire comme si on n'a rien vu, quand on est passionné de patrimoine".

Ils contactent alors Marc Grodwohl, fondateur de l'Ecomusée d'Alsace, qui se rend sur place le jour-même et confirme la datation de la maison. "C'est un bijou, le poteau sculpté à la cave est superbe, cette maison est exceptionnelle", dit-il aux deux jeunes hommes.

Hugo et Jérémie reviennent alors "taper les miroirs" (comprendre : enlever les torchis entre les colombages) pour faire des photos. Une date de destruction est d'ores et déjà prévue, le 28 novembre, il faut faire vite.

Contacté, le promoteur justifie la destruction par la vétusté de l'édifice. Il finit par les autoriser à récupérer les matériaux. "Bien sûr, nous aurions préférer la garder ici entière. Mais devant l'urgence, nous avons d'abord essayé de sauver tout ce qu'il était possible de démonter", Hugo et Jérémie n'ont pas le temps de regretter, il faut agir vite.

Les deux amis lancent une cagnotte pour récolter l'argent nécessaire à la déconstruction de la maison, pour la sauver et la reconstruire ailleurs.

Très vite, la somme de départ de 10 000 euros est dépassée. "Nous voulions sauver au moins un tiers de la maison au départ, maintenant que nous avons récolté 15 000 euros, nous pouvons la sauver entièrement, c'est un soulagement !"

Maintenant que nous avons récolté 15 000 euros, nous pouvons la sauver entièrement, c'est un soulagement.

Hugo Di Giano

passionné de maisons alsaciennes

Avec l'aide d'un charpentier de Ferrette, qui cesse son activité pour opérer le sauvetage, Hugo et Jérémie, aidés de bénévoles s'attèlent au déblayage. Puis le démontage commence, les poutres récentes sont tronçonnées pour libérer la charpente d'origine.

Les vieilles poutres sont méticuleusement numérotées par la femme du charpentier. Peu à peu, la maison d'origine est mise au jour, et tout ce qui est remarquable est démonté.

Le charpentier et les bénévoles travaillent d'arrache-pied. Hugo et Jérémie pensent que la maison sera entièrement démontée entre le 20 et le 25 novembre, juste à temps donc.

La structure sera ensuite stockée sur un terrain prêté par la mairie, en attendant sa reconstruction. Mais ça, c'est une autre histoire.

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