Tout juste entré en vigueur au retour des vacances, le nouveau protocole sanitaire dans les écoles sème "le chaos". Les directeurs d’établissement fustigent un protocole "ingérable et non protecteur".
A peine arrivée à l’école ce matin, Mariane Brosse, directrice d’une école maternelle à Widensolen (Haut-Rhin), doit renvoyer deux de ses trois classes à la maison. En cause, deux élèves testés positifs. Dans ce cas de figure, comme l’indique le nouveau protocole, tous les enfants sont renvoyés chez eux et doivent se faire tester à J+2 et J+4. Un nouveau protocole " ingérable et non protecteur", selon la directrice.
" Nous sommes vraiment exaspérés, nous avons la sensation d’être méprisés, là, avec ce nouveau protocole, on se retrouve à faire le travail de la CPAM" nous explique Mariane Brosse.
En effet, depuis le 3 janvier, les règles ont changé. Lorsqu’un enfant est testé positif, tous les élèves sont considérés comme cas contacts, ils doivent donc tous quitter l'école et se faire tester plusieurs fois dans la semaine.
Quant aux directeurs, ils doivent vérifier les tests mais ce n'est pas tout: "Ce matin j’ai dû prévenir tous les parents, les enfants qui faisaient la sieste ensemble, prévenir aussi ceux qui ont pris les transports ensemble, on doit faire du tracing et gérer les parents en colère, franchement nous n’arrivons plus à suivre", se désespère Mariane Brosse.
Pas de masques FFP2, pas de capteurs de CO2
Tous les directeurs d’école se mettent d’accord sur la situation chaotique qu’engendre ce nouveau protocole. "Nous avons un flux incessant d’enfants qui viennent et qui repartent, nous sommes dans un bouillon perpétuel de contamination, on ne protège ni les enfants, ni les enseignants", explique François Schill, directeur d’une école de 430 élèves à Strasbourg.
"Il y a un grand ras-le-bol, une vraie lassitude. Cela fait un an que l’on attend les capteurs de CO2, nous n’avons pas non plus de masques FFP2. Ce nouveau protocole c’est comme si le ministère avait envoyé des blindés mais qu’ils n’étaient pas approvisionnés en essence", ajoute le directeur membre du bureau de SNUipp-FSU 67.
Aucune leçon n’a été tirée des deux ans de crise sanitaire dans l’Education nationale
François SchillDirecteur d'école
A cela s’ajoute le manque de personnel. Dans la circonscription d’Andolsheim (Haut-Rhin), au moins 40 enseignants sont absents et deux sur trois ne sont pas remplacés. Comment jongler avec des élèves positifs, des cas contacts et des professeurs absents ? C’est la question qui incombe en ce moment les directeurs d’école alors que la vague Omicron bat son plein.
" Après 2 ans de crise sanitaire on se dit qu’aucune leçon n’a été tirée dans l’éducation nationale", se désole François Schill.
Appel à la grève le jeudi 13 janvier
#Covid19 Protocole sanitaire ingérable = écoles non sécurisées. Face au déni du ministre, le @SNUipp_FSU appelle les personnels à la grève le 13 janvier. #EnGreveLe13 #StopMepris #ProtocoleTousInfectes #SecurisezNosEcoles https://t.co/e6veOtzasi
— SNUipp-FSU (@SNUipp_FSU) January 7, 2022
Face à ce chaos ambiant c’en est trop. Directeurs et enseignants ont décidé de se mobiliser. Un appel à la grève a été lancé ce jeudi 13 janvier. Un appel qui s’annonce d’ores et déjà très suivi. Dans le Haut-Rhin plus de 50% des enseignants du premier degré seront grévistes, même chose pour le Bas-Rhin.
Le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire dans les écoles maternelles et élémentaires, a lancé l'appel à la grève ce jeudi 13 janvier pour dénoncer le protocole sanitaire "ingérable" mis en place par le gouvernement.
"Le ministre ne prend pas la mesure de la situation et se félicite de garder les écoles ouvertes coûte que coûte", écrit l'organisation qui propose aux autres organisations syndicales de se joindre à cette grève. Le SE-Unsa pour les écoles mais aussi les collèges et les lycées a déjà répondu positivement.