Une première réunion publique se tient ce lundi 14 octobre à Fessenheim au sujet du technocentre: un projet de 450 millions d'euros porté par EDF, qui vise à recycler des métaux faiblement radioactifs. Implanté sur le site de l'ancienne centrale nucléaire, il ne fait pas que des heureux.
D'abord une manifestation, qui a rassemblé une cinquantaine de personnes, puis une première réunion publique ce lundi 14 octobre : le projet de technocentre porté par EDF est au cœur de toutes les discussions en ce moment à Fessenheim. Un projet à hauteur de 450 millions d'euros : ce site industriel est destiné à traiter les métaux faiblement radioactifs issus d'usines nucléaires démantelées, qui seront fusionnés en lingots de fonte ou d'acier.
"C'est un projet important pour notre territoire, assure Claude Brender, le maire de Fessenheim. Après la fermeture de la centrale nucléaire, cela représente un rebond économique, des emplois, des finances pour la commune. Je considère que c'est une chance pour nous. " Selon EDF, le projet devrait être la source de 180 emplois dès 2031, date de la mise en service. Quant au chantier proprement dit, il pourrait apporter entre 150 et 180 emplois. La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim en 2020 avait entraîné la perte d'environ 2000 emplois directs et indirects dans ce territoire situé entre Colmar et Mulhouse.
"C'est un projet qui rentre dans le cadre de l'économie circulaire, poursuit le maire de Fessenheim. Je ne vois pas pourquoi on s'en priverait. Je ne comprends pas les arguments des opposants. Il n'y a aucune raison d'être inquiet. Il n'y aura aucune incidence sur la santé humaine."
Leur but est de refondre des déchets métalliques radioactifs, de les revendre sur le marché sans aucune traçabilité.
André Hatz, président de Stop Fessenheim
Du côté de l'association "Stop Fessenheim", qui a appelé à manifester ce lundi après-midi, ce n'est évidemment pas le même son de cloche. "Ce qui m'interpelle, réagit Anrdé Hatz, président de l'association, c'est qu'EDF est en train d'organiser une dissémination de la radioactivité. Leur but est de refondre des déchets métalliques radioactifs, de les revendre sur le marché sans aucune traçabilité."
André Hatz ne mâche pas ses mots : "En clair, il s'agit d'un système organisé qui aura pour conséquence la dilution de la radioactivité dans les futurs objets métalliques que nous utiliserons dans la vie courante. Le véritable problème, c'est cet acier qui sera mis sur le marché public et sera présent dans les objets de la vie courante. Demain, vous pourrez très bien utiliser une fourchette radioactive et ça c'est inacceptable !"
Les opposants au projet estiment également qu'une telle installation pourrait dissuader l'installation d'entreprises aux alentours. La parcelle sur laquelle le technocentre devrait être construit est un terrain de 15 hectares, situé à proximité de celui qui était occupé par les deux réacteurs mis à l'arrêt en 2020. "Cette installation va se trouver à 8 mètres 50 en dessous du niveau d'eau du grand canal d'Alsace dont elle ne sera séparée que par une digue, argumente le président de Stop Fessenheim. Je vous rappelle que nous sommes en zone sismique. Vous imaginez ce qui peut se passer en cas de tremblement de terre? Ce projet, c'est de l'inconséquence. "
L'enquête publique va durer jusqu'au 7 février 2025. À l’issue du débat, le porteur de projet obtiendra - ou pas - une autorisation environnementale et une dérogation au code de la santé publique afin que les lingots produits dans l'usine d'EDF puissent être utilisés.