Filmé en février 2021 à Strasbourg à l'opéra national du Rhin et rarement représenté, l'opéra "La Mort à Venise" de Benjamin Britten est à (re)voir en replay sur notre site internet France 3 Grand Est.
La Mort à Venise, c'est d'abord un roman de Thomas Mann qui dépeint l’avancée de l’épidémie du choléra asiatique à Venise en 1911. Comme un écho à la crise sanitaire actuelle du covid-19.
Le roman adapté à l'opéra par Benjamin Britten raconte l'histoire de Gustav von Aschenbach, un célèbre écrivain, reconnu et primé. Installé confortablement dans sa carrière, il se retrouve en panne d'inspiration. Aschenbach se noie dans l'alcool, les drogues et les médicaments. Il décide de partir à Venise qui a toujours été pour lui une source intarissable de matières littéraires. C’est là-bas qu’il se fascine pour un jeune adolescent qui représente pour lui la perfection esthétique à travers sa littérature.
Cette mise en abyme de l'actualité n'a pas aidé Toby Spence (ténor et interprète de Gustav von Aschenbach) pour ses répétitions :"C’est un rôle très difficile à apprendre. J’ai commencé à l’apprendre au début du confinement en mars 2021, lentement. Et bien sûr, avec le confinement, je n’ai eu aucune aide car je ne pouvais pas me rendre chez un pianiste pour l’apprendre."
Le ténor, malgré la pandémie, a décidé se de rendre à Venise alors qu'il donnait un concert. Il a réussi à se faufiler à l'intérieur de l'Hôtel des Bains, fermé au public. Le fameux hôtel qui a inspiré Thomas Mann en 1911 pour son roman. "J’ai vu l’étrangeté un peu kitsch, baroque et vaguement américaine de l’Hôtel des Bains. Cela a été une très bonne base pour commencer à réfléchir sur le sens de cette histoire."
Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil, les metteurs en scène et scénographes de La mort à Venise abordent cette œuvre comme un voyage intérieur. "Très vite est arrivée l’idée que ce qu’on allait essayer de faire, c’est un Gustav von Aschenbach qui se revoit lui-même dans son enfance et dans son adolescence. Ce qu’on essaie de raconter c’est notre histoire à nous tous. C’est comment et quand on rentre dans la maturité. On redécouvre l’adolescent qui a été aussi important en nous", explique Jean-Philippe Clarac.
Les scénographes ont divisé l'espace scénique en plusieurs cellules aux décors mouvants, tous reliés par des passerelles ou des escaliers. Les décors sont petit à petit révélés par des écrans et des éclairages très travaillés. "Une autre idée, c’était que le décor voyage. A défaut d’un voyage pour Aschenbach, un voyage un petit peu comme une vague sur la plage du Lido, donc le décor se déplace de cour à jardin, de jardin à cour. Comme une vague qui vient mourir plusieurs fois sur la plage", raconte Olivier Deloeuil.
Venise en Alsace
Pour les metteurs en scène, inutile d'envoyer Aschenbach à Venise pour faire comprendre qu'il fantasme sur Venise. Les vidéos qui parsèment la représentation ont été tournées dans la région. Jean-Philippe Clarac :"il suffit d’un bord d’eau avec du sable, d’un monsieur sur une barque en bois avec un bâton et d’un petit garçon avec une gondole en bois, pour qu’on soit à Venise. Pour qu’on entame le voyage."
La première représentation à Strasbourg, l'opéra testament La mort à Venise, de Benjamin Britten n'a pas pu être jouée devant un public en raison de la pandémie de covid-19. Ozango Productions et France Télévisions ont réalisé la captation de cet opéra à l'Opéra national du Rhin en février 2021.
Mise en scène menée par Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil. Avec Jacques Lacombe à la direction musicale, Toby Spence, Scott Hendricks et Jake Arditti, le Chœur de l’Opéra National du Rhin (chef de cœur : Alessandro Zuppardo) et l'Orchestre symphonique de Mulhouse.