Afin de venir en aide rapidement aux victimes du grand tremblement de terre survenu en Turquie ce lundi 6 février 2023, des communes, associations et particuliers se mobilisent du nord au sud de l’Alsace.
Le séisme de magnitude 7,8, survenu à Kahramanmaras dans le sud de la Turquie, dans la nuit du 5 au 6 janvier 2023, fait partie des plus violents enregistrés depuis l'utilisation de l'échelle de Richter, en 1935. La force des secousses a déjà fait plus de 5000 morts et des milliers de blessés. Comme le monde entier, l'Alsace se mobilise et organise de l'aide alimentaire et médicale.
Du nord au sud de l'Alsace, des communes, des associations turques, franco-turques, syriennes, franco-syriennes, mais aussi des entreprises, des restaurateurs et des particuliers, organisent des collectes vestimentaires, médicales, alimentaires, financières, à destination de la Turquie et de la Syrie.
Ces deux pays sont ébranlés par le drame issu du tremblement de terre survenu dans la nuit de dimanche à lundi, alors que la population dormait. Vingt-trois millions de personnes sont "potentiellement exposées" aux conséquences de ce séisme, a averti l'Organisation mondiale de la santé.
Des opérations démarrées dès lundi
Dans le secteur d'Obernai, Barr et Molsheim, la communauté turque représente 12 à 13 % de la population. "C'est une solidarité énorme qui se manifeste depuis hier" dit Yetis Somuncu, président de l'association culturelle turque d'Obernai ACTO.
"Nous collectons des vêtements, de la nourriture, des appareils de chauffage, des médicaments, mais aussi de l'argent. Le consulat de Turquie supervisera les transferts d'argent, mais aussi les biens transportés, parce qu'il faut des autorisations pour accéder au Pays et aux bons endroits." Une mobilisation forte de tous les habitants, mais aussi des infirmiers, pharmaciens qui ont déjà apporté ou proposé des médicaments. "Nous avons même déjà réceptionné le chargement d'un camion venu de Sélestat et un autre de Saint-Dié dans les Vosges." La collecte sera expédiée sur place en fin de semaine.
"Cette mobilisation nous fait très chaud au cœur ! On remercie tous les habitants du secteur d'Obernai, mais aussi plus largement le peuple et le gouvernement français."
Yetis Somuncu, Pdt Association culturelle turque d'Obernai
A Valff, c'est un couple de restaurateurs qui a lancé une collecte de vêtements. "Nous avons besoin en urgence de couvertures, polaires, vestes, gants, chaussettes… tout ce qui peut tenir chaud", mais aussi de "lingettes humides et de couches bébé" ont-ils écrit sur leur page Facebook.
"Ça pourrait aussi nous arriver, et là on aurait aussi besoin d'être aidés" explique le restaurateur, Soner Saraydemir. "Il faut que chacun y mette du sien." Quoique originaires du Nord de la Turquie, lui et sa femme ont des amis dans les villes sinistrées.
Et depuis lundi 6 dans la soirée, les dons affluent, et sont déposés, comme demandé, dans la cour du restaurant le ValVa, situé 141 rue principale. "Les gens sont solidaires, c'est magnifique" se réjouit Soner Saraydemir. Un ami lui prête une camionnette, qu'il espère pouvoir remplir à ras bord, afin de pouvoir acheminer son chargement mercredi 8 février à 22h jusqu'à Weil am Rhein (Allemagne), d'où un camion partira vers la Turquie, "vers une autre destination que la collecte d'Obernai."
A Hoerdt, une autre collecte est organisée par le gérant d'une société de transport routier. "Ça aurait pu être nous" confit Gökhan Selik à nos confrères de France 2. Il n'a pas de nouvelle d'une partie de sa famille qui vit sur place. Autour de lui, dans un hangar de son entreprise à Hoerdt, les dons s'accumulent, couvertures, vêtements, couches pour enfants, matériel médical...
"Si on peut faire un minimum pour les aider, c'est avec grand plaisir"
Une habitante de Hoerdt
Trois camions remplis de la société de transports routiers partent ce mardi après-midi pour la Turquie.
À Bischwiller, plus de 200 femmes de l'association franco-turque de Bischwiller se sont retrouvées autour d'un petit-déjeuner caritatif. "D'habitude, quand on vient, l'argent qu'on donne est pour la mosquée" explique une participante régulière. Mais cette fois, les dons iront aux victimes du séisme. "Il faut qu'on les aide, on aurait pu être à leur place. On est tous frères et sœurs" ajoute la jeune femme.
Même si la plupart des participantes ne sont pas originaires des dix villes sinistrées, toutes se sentent concernées. "C'est vraiment triste pour tout le monde" affirme l'une d'elles. "Hier, on a passé une journée très dure. Je suis maman de quatre enfants, et quand on voit une enfant sortir (des décombres) qui dit ''sauvez ma maman"' ou "mon frère est dedans", c'est dur, très dur."
La jeune femme qui tient la caisse fait les comptes. "Dans une matinée normale, on fait à peu près mille euros" précise-t-elle. "Mais là, on a facilement récolté 3 ou 4.000 euros." Ce qui n'étonne pas Meriem, l'une des organisatrices : "La communauté turque est généreuse, réactive" rappelle-t-elle. "Vendredi prochain, quand on se réunira à la mosquée pour la prière, il y aura encore une collecte."
Elle se réjouit aussi qu'à Bischwiller, dont un tiers de la population est turque, beaucoup de non turcs se sentent également concernés. "Pas mal de gens nous ont appelés, des proviseurs d'école, des associations, pour demander comment faire pour aider la Turquie. Ça fait plaisir de voir que chacun essaie à sa manière de chercher des solutions. Ça fait chaud au cœur." Même si elle sait bien que tous ces soutiens financiers ou matériels ne seront qu'une goutte d'eau face à l'ampleur de la catastrophe. "On se sent impuissant" reconnaît-elle. "On ne peut rien y faire. Même si on les aide financièrement, ce n'est pas suffisant."
À Wissembourg, c'est le Foyer culturel turc de la ville qui organise une collecte pour venir en aide aux sinistrés du tremblement de terre. Il assure la collecte et l'expédition de dons alimentaires et vestimentaires. Les températures descendent en dessous de zéro à cette période de l'année, et pour les personnes qui se retrouvent sans toit ni abri, il faut notamment des vêtements chauds, des gants, des couvertures, mais aussi de la nourriture et des produits d'hygiène.
La population se mobilise aussi pour la Syrie, malheureusement déjà dévasté par la guerre. Ce mercredi, des pompiers alsaciens de l'ONG (organisation non gouvernementale) Fire pompiers humanitaire et expert partiront également pour rejoindre les sauveteurs sur les lieux du drame.