Selon un classement publié par deux bureaux d’études, le secteur Austerlitz de Strasbourg se classe 6ème parmi les quartiers les plus fréquentés de France. 10 ans après les travaux de réaménagement de la place d’Austerlitz, voici l'avis des usagers.
Quand le soleil brille à Strasbourg, il y a toujours un endroit où s’installer, place d’Austerlitz, pour en profiter. Au sud de l’ellipse insulaire, au pied des immeubles de 4, 5 ou 6 étages, les terrasses s’étalent en fin de matinée. Lunettes de soleil sur le nez, les clients plongent la tête dans leur journal, ou la lèvent vers le ciel. Le brouhaha de leurs conversations se mêle aux pépiements des oiseaux.
"C’est beaucoup mieux qu’avant" assure Alain, qui habite le quartier depuis 1970. Avec Jean-Claude, installé sur un banc, ils discutent tranquillement. Les deux amis ont connu la place d’Austerlitz avant sa transformation en 2012. "Moi, quand j’ai emménagé en 1972, la RN 83 passait par là" se souvient le second retraité. "C’était la galère avec les toutes les voitures, et les bus".
Car de fait, la place d’Austerlitz était alors utilisée comme lieu de dépose des cars de tourisme. A l’époque, c’étaient les vapeurs d’essence qui s’élevaient le long des façades. Des nuisances qui atteignaient leur paroxysme au moment du marché de Noël. En décembre 2003 par exemple, selon nos reporters de l’époque, quelque 350 bus déversaient leurs flots de visiteurs quotidiennement.
Les riverains se sont longtemps battus, avec l’association Ahbak (association des habitants Bourse, Austerlitz, Krutenau) pour la piétonisation de la place. Combat gagné il y a dix ans. Après 12 mois de travaux, les bus sont allés déposer leurs passagers un peu plus loin (place de la Bourse) et ils ont laissé place à des arbres, des buissons, des jeux pour enfants, une fontaine (actuellement pas en service).
Depuis la rue de la Brigade d’Alsace-Lorraine, passants et touristes affluent désormais à pied. « Le monde entier passe place d’Austerlitz » sourie Mustapha. C’est pour ça qu’il a étalé divers livres et bibelots (« pas cher ! ») à même le sol, sur le trajet des promeneurs. Assis à ses côtés, Arnaud rejoint la conversation : « Il y plein d’événements ici, de manifestations, de fêtes. C’est même ici que j’ai embrassé la mère de mon fils ».
Du monde il y en a depuis que la place est devenue entièrement piétonne. Le soir, à la sortie de l’école, les enfants en prennent possession. Ils s’amusent sur les petites structures installées au sol, tandis que leurs parents les surveillent depuis les terrasses voisines. Et il y en a une bonne dizaine désormais. L’ex "A la Ville de Bâle" a laissé place au "Café Bâle", le Molly Malone est toujours là, mais les nouvelles enseignes se succèdent tout autour de la place. Et il faut arriver tôt, ou patienter pour trouver de la place en soirée le week-end.
C’est le Notting Hill de Strasbourg
Umut SariPatron du Café Berlin, place d'Austerlitz
Le café Berlin a été parmi les premiers à ouvrir après les aménagements, en 2013. Son patron habite le quartier depuis les années 70. "Ici, c’est un ilot central où tout est à proximité : vous êtes à 200 mètres de l’autoroute, à 50 mètres de la ville, il a la Sécu pas loin." A la question de savoir si le quartier est devenu bobo, Umut Sari est catégorique : "Extrêmement bobo. Dans les années 80, le quartier de la Krutenau en général avait une image cool, avec des gens plutôt bohèmes, des étudiants." Peu à peu, cette réputation a été connue et une population plus bourgeoise s’est installée. "C’est le Notting Hill de Strasbourg" s’amuse le cafetier.