Stigmatisés, fatigués et en manque de reconnaissance, les syndicats de police ont été reçus par le ministre de l'Intérieur ce vendredi 18 décembre pour évoquer, à quelques jours du Nouvel An, les difficultés rencontrées par les forces de l'ordre ces derniers mois.
Manque d'effectif, manque de formations, manifestations qui dérapent, stigmatisation permanente mais aussi violences policières, les forces de l'ordre ont le moral à zéro. Les syndicats ont été reçus ce vendredi 18 décembre, par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour exprimer leur "ras-le-bol". Voici les points qui posent problème.
Comme ailleurs, la police nationale manque d'effectif en Alsace
"Il n'y a pas assez de forces en présence, nos missions sont irréalisables" estime Sylvain André, délégué d'Alternative Police CFDT du Bas-Rhin qui cite les interventions de nuit trop souvent réalisées à deux, alors qu'il faudrait être six. Pour Michel Corriaux, secrétaire régional Grand-Est du syndicat Alliance Police nationale "il manque 200 policiers" en Alsace (l'Alsace compte près de 2.300 agents, ndlr). Même constat lors des nombreuses manifestations du samedi qui se terminent trop souvent mal : "Lors des manifestations, les forces de l'ordre mobiles ne sont pas assez nombreuses, donc ce sont les agents de la police générale qui prennent le relais et eux ne sont pas formés au maintien de l'ordre." Un manque d'effectifs qui fait donc apparaître un autre souci, celui d'un manque criant de formations. "Et puis notre région n'est pas attractive, nous sommes en manque d'encadrement".
Pour Nouvel An, la préfète a demandé sept à dix unités mobiles pour Strasbourg
Se pose bien entendu la question du Nouvel An. L'arrêté interdisant la vente d'artifices et celui interdisant la vente d'alcool après 22 heures sont vus d'un bon oeil de la part des syndicats. Pour autant, le couvre-feu de cette année ne changera pas fondamentalement la donne. "La préfète a demandé sept à dix unités mobiles pour Strasbourg, il y en avait cinq l'an passé(...) ce qui représente entre 500 et 1000 fonctionnaires". A voir, si cette demande sera honorée par l'Etat. L'an passé, 200 voitures ont été brûlées.
Stop à la stigmatisation
S'ajoute à ces problèmes de moyens, la stigmatisation constante dont souffrent les forces de l'ordre, en Alsace comme ailleurs. "Imaginez les slogans - Police violente/Police raciste - présents lors de toutes les manifestations, ils sont répétés en boucle" Sylvain André et ses collègues n'en peuvent plus "notre police est républicaine" martèle-t-il. Il rappelle que "tous les 4h15, un policier est sanctionné" et que l'IGPN ainsi que les commissions de disciplines font leur travail, quand celui-ci est nécessaire. Lui comme Michel Corriaux ne commentera pas l'agression du producteur de musique Michel Zegler survenue à Paris, le 21 novembre. Ils laissent faire la justice.
Que répond l'Etat ?
A tous ces points, le ministre de l'Interieur a répondu par la mise en place de réunions qui accompagneront le "Beauvau de la sécurité" lancé fin janvier. Il durera jusqu'à mai et prendra la forme d'un "grand débat". Les réunions auront pour thèmes les sept péchés capitaux que sont : la formation, l'encadrement, les moyens matériels, les moyens humains, le sous-dimensionnement des effectifs de maintien de l'ordre et le lien avec la population. L'objectif étant d'aboutir à une loi d'orientation et de programmation, pour 2022.
"Nous avons été entendu" dit Michel Corriaux qui salue également la mise en place, le 1er juillet 2021, d'un observatoire des réponses pénales aux atteintes contre les forces de l'ordre. Cet organisme doit mettre fin au "laxisme dans certaines peines prononcées lors d'agressions de policiers".