Les engins de déplacements personnels (EDP), comprenez trottinettes électriques et autres gyropodes font de plus en plus d'adeptes. Pas de législation claire les concernant, du coup, le partage de la route et de l'espace public devient un véritable casse-tête pour les autorités publiques.
La page blanche. Le vide intersidéral. Dans la législation française, point d'article sur le bon usage des trottinettes électriques et autres monoroues, rebaptisés "engins de déplacements personnels" (DEP). Une législation à la ramasse donc, car ces engins électriques fleurissent sur les trottoirs et les pistes cyclables. A Strasbourg, une boutique spécialisée dans la vente de trottinettes, skates et monoroues électriques a même vu le jour il y a trois mois.
Valentin Servet, originaire de Colmar, a choisi de tenter sa chance dans ce domaine en pleine expansion. "Ma clientèle a entre 30 et 60 ans, ce sont des actifs qui achètent une trottinette surtout pour les déplacements maison/travail. Le port du casque n'est pas obligatoire mais je le recommande vivement voire je l'offre dans certains cas. Sinon les modèles sont équipés de lumière à l'avant et à l'arrière."
Voilà pour le produit en lui même, mais alors quid de la réglementation? "Il n'y en a pas pour l'instant, explique Valentin Servet, les règles d'usage sont de rouler maximum à 6 km/h sur les trottoirs et à 25 km/h sur les pistes cyclables". Sachant que certains de ces bolides peuvent aller jusqu'à 80 voire 90 km/h et qu'au-delà de 25 km/h, les véhicules doivent être immatriculés. Des règles d'usage rappelées par la gendarmerie sur Twitter.
#MardiConseil Pratique, ludique, rapide et écolo... Les #Trottinettes électriques ou « à jambes » séduisent de plus en plus de citadins… mais attention à ne pas faire n'importe quoi avec vos bolides ! pic.twitter.com/oxjmL6yHyt
— Gendarmerie nationale (@Gendarmerie) 15 mai 2018
Sachant que les infractions au code de la route relatives à la circulation des piétons relèvent de la contravention de la 1ère classe pouvant justifier une amende de 4 à 7 euros. (article R. 412-43 du code de la route, articles R. 49 et R. 49-7 du code de procédure pénale). Donc, les usagers en trottinettes, tolérés et circulant sur les trottoirs ont l'obligation de respecter ce code de la route.
Le trottoir doit être rendu aux piétons, il faut y interdire l'usage des engins électriques, c'est la priorité absolue
Le maire peut toutefois interdire l'usage de ces engins en fonction des circonstances. A San Francisco par exemple aux Etats-Unis, il a fallu légiférer au niveau de la ville. Surfant sur le flou réglementaire, des sociétés de partage de trottinettes électriques se sont implantées sans demander d'autorisation. Succès fulgurant, des milliers d'engins dans les rues de la ville. Problème : les habitants ont été ulcérés par cet envahissement de leur espace et ont décidé de prendre des mesures quelque peu radicales.
Pretty sure this is not the intended use...not safe or useful! Electric scooter problems continue in SF! #Spin #Lime #Bird #electricscooter pic.twitter.com/5FDDpBKKqC
— Kate Larsen (@KateABC7) 18 avril 2018
Current state of affairs in San Francisco’s SOMA district. pic.twitter.com/9j7qP9qaLr
— Chris Hinkle (@lilhinx) 24 avril 2018
Du coup, la mairie a décidé de limiter le nombre d'entreprises qui commercialisent ces trottinettes. Elles devront pour cela obtenir une licence, le nombre de ces engins mis à disposition sera limité et enfin la circulation ne pourra se faire que sur les pistes cyclables.
"Mais qu'attend-on en France pour légiférer? Jean-Baptiste Gerdet, adjoint à la ville de Strasbourg aux mobilités alternatives ne décolère pas. "Bien sûr, toute alternative à la voiture est la bienvenue, mais nous privilégions quand même pour des raisons de santé publique les moyens de transport qui requièrent la force musculaire. Et de toute façon, le trottoir doit être rendu aux piétons, il faut y interdire l'usage des engins électriques, c'est la priorité absolue. La loi d'orientation des mobilités est actuellement à l'étude au gouvernement mais elle n'est visiblement pas prête d'être votée".
Pourtant la ministre des transports, Elisabeth Borne assurait fin septembre qu'une réglementation concernant les trottinettes électriques serait mise en place dans la loi d'orientation des mobilités présentée fin octobre. En attendant, pour l'instant, c'est le bon sens qui s'applique. Jusqu'à saturation?