La Lolita est la toute première association d'improvisation théâtrale en Alsace. Mais pour les algorithmes de la multinationale américaine Meta, Lolita évoque avant tout un personnage de roman : une enfant victime d'un prédateur sexuel. Pour Meta, ce nom est donc à bannir, sans discussion possible.
Ne cherchez pas la Lolita sur les réseaux sociaux appartenant à Meta (Facebook et Instagram). Vous tomberez systématiquement sur un message en Anglais : "We think that your search might be associated with child sexual abuse. Child sexual abuse or viewing sexual imagery of children can lead to imprisonment (etc....)" dont voici la traduction : "Nous pensons que votre recherche peut être associée à des abus sexuels d'enfants. Abuser sexuellement des enfants, où regarder des images pédopornographiques est passible d'emprisonnement (etc...)".
L'algorithme de Meta ne connait pas la Lolita strasbourgeoise qui signifie "Ligue Ouverte et Libre d’Improvisation Théâtrale Amateur". Sa seule référence est la Lolita issue de l'oeuvre polémique de Vladimir Nabokov, ou une enfant de 12 ans est victime de son beau-père, prédateur sexuel. L'auteur s'est défendu d'avoir fait l'apologie de la pédophilie, mais rien n'y fait. Son roman est controversé, et Meta a tranché, surtout pas de vague!
"On s'est rendu compte du problème en début de saison dernière" raconte Marine Charles, en charge de la communication de l'association. On nous a signalé qu'il n'était plus possible d'accéder à notre page. Pourtant, nous ne sommes pas bannis, mais les algorithmes de recherche refusent les requêtes, donc nous sommes devenus invisibles". Le résultat ne s'est pas fait attendre : le taux de remplissage des salles ets passé de 90% à 60% pour la saison 2023/2024.
Seule solution : accéder directement à la page via un lien. "Il faut court-circuiter tout ce qui est recherche via les réseaux" explique Marine Charles. C'est pourquoi nous avons mis en avant le lien sur notre page internet. Nous réfléchissons également à un QR code qui pourrait figurer sur nos supports Mais nous sommes une association de bénévoles, et nos moyens sont limités."
Pourtant, pas question de changer d'appellation. L'association existe depuis 1993, elle a été la première à promouvoir l'improvisation théatrale en Alsace. Son nom fait donc partie de l'histoire et de l'identité de la formation.
Comment se passer des réseaux?
Les bénévoles de l'association ont bien tenté de joindre des responsables de Meta, en France ou au Royaume Uni, mais peine perdue. Les messages restent sans réponse, et rentrer en contact avec un interlocuteur qui ne serait pas une machine mais un humain se révèle être mission impossible.
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Pourtant, les réseaux développés par Meta restent indispendables, selon l'association. "Facebook correspond totalement à la génération de spectateurs qui s'intéressent à nos spectacles, les 20/40 ans" reconnait Marine Charles. Nous y avons 4000 abonnés. C'est un moyen qui nous permet de communiquer à grande échelle et qui est gratuit" Difficile, donc de s'en passer.
La situation est complètement bloquée, et l'association se dirige vers une perte financière pour cette saison. Car malgré le bénévolat des équipes, il faut louer les salles, payer le matériel, les transports... Des dépenses très concrètes qu'aucun algorithme ne peut effacer.
