VIDEO. "On doit être totalement autonome" : en mission pendant un an en Antarctique, ce médecin raconte son expérience hors du commun

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Stéphane Fraize est confronté à des températures comprises entre -25°C et -70°C en Antarctique
Stéphane Fraize, médecin généraliste, a décidé de partir en mission à bord de la station française Concordia en Antarctique pendant une année. ©France Télévisions

Stéphane Fraize, un médecin généraliste d'origine alsacienne, est parti en janvier 2023 sur la base française de Concordia, au milieu de l'Antarctique. Sa mission : porter secours aux personnes sur place pendant une année. Entre conditions climatiques extrêmes, et isolement, il revient sur son aventure hors du commun.

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C'est un rêve d'enfant hors du commun et fascinant. Stéphane Fraize, un médecin généraliste originaire d'Alsace, participe à une mission sur l'une des bases françaises en Antarctique nommée Concordia. Parti en janvier 2023, il est présent aux côtés de douze autres personnes pour les soigner et intervenir en cas de problèmes sanitaires et médicaux majeurs sur le site.

À plus de 3 200 mètres d'altitude, le docteur de 50 ans savoure une aventure hors du temps dont il a rêvé depuis des années. Avec des conditions météorologiques extrêmes, son quotidien est toutefois bien différent d'un rêve du commun des mortels. Durant la saison hivernale, qui s'étend de juin à septembre, le soleil ne se lève jamais. Une situation qui agit aussi sur le moral des troupes.

La base est aussi en partenariat permanent avec l’Agence spatiale européenne. En effet, les conditions de vie sur place peuvent être similaires à celle d'une base sur la lune ou sur la planète Mars.

Quelle mission remplit le Concordia ? 

"C’est d’acquérir et transmettre des données scientifiques. La station Concordia est l’une des seules bases qui fonctionnent en continu toute l’année, avec les bases américaines et russes. Il y a des études sismologiques, mais aussi sur le climat et l'astronomie grâce à la nuit continue, avec la recherche d’exoplanètes. On est un modèle de ce que pourrait être une base lunaire ou martienne.

L’Agence spatiale européenne est partenaire de la base, et fait des recherches sur nos comportements et notre santé. Avec le manque d’oxygène, les températures et le confinement, c'est utile pour des mises en situation dans l'espace".

En tant que médecin, quel rôle avez-vous sur la base ? 

"J'effectue principalement des petits soins. Récemment, j'ai fait une suture, c'est la deuxième depuis le début que je suis arrivé. Ça peut aussi être des petits problèmes de peau, ou des symptômes assez banals. Je suis aussi présent pour assister psychologiquement les personnes présentes si besoin. Une grosse partie de mon métier, c’est d'être prêt en permanence à toutes les urgences. On doit être totalement autonome, car aucune évacuation n’est possible durant l’hiver. Je dois donc m'assurer que mes machines sont en état de marche et que mes connaissances sont à jour.

En tant que médecin généraliste, j’ai aussi dû me former à la chirurgie, l’anesthésie, l’imagerie et la biologie. On doit pouvoir couvrir presque la totalité des compétences en médecine. Ce ne sera pas de la chirurgie de pointe par exemple, mais c’est utile et important étant donné qu’il y a une chirurgie tous les deux ans sur les cinq bases françaises en Antarctique".

Pourquoi avoir eu envie de faire cette aventure ? 

"J’avais lu des articles, des livres et même des bandes dessinées concernant les Terres australes françaises et en particulier de l’Antarctique. Il y a dix ans, j’avais déjà déposé une candidature pour partir sur l’archipel Crozet, mais des événements familiaux m’en ont empêché quelques mois avant le départ. C’était donc quelque chose que j’avais dans un coin de ma tête. Lorsque j’ai vu l’annonce pour la base de Concordia, j’ai sauté dessus".

À quoi ressemble le climat en Antarctique ? 

"C’est le creux de l’hiver en ce moment en Antarctique. Ça devient compliqué, tout le monde est un peu fatigué et à cran. On appelle cela le phénomène du troisième quart, à ce moment-là, on prend conscience qu’il y a plus vraiment de nouveautés et le retour en France est encore loin. C’est une période un peu plus triste.

Ça s’est réchauffé ces derniers jours, nous sommes à -60°C avec un ressenti à -71°C. Du mois d’avril à septembre, il n’y a aucun effet du soleil, car la nuit est permanente sur cette période. Il y a aussi des moments plus chauds, à -50°C, mais il y a peu de variations".

Qu'est-ce qui est le plus difficile dans cette mission d'un an ? 

"Nous sommes dans des conditions extrêmes. Il y a toujours cette arrière-pensée d’un gros problème qui surviendrait et de savoir si je serai capable de le prendre en charge. C’est une forme de stress permanent.

Sur le plan personnel, la séparation avec la famille et les proches est longue et difficile. Il arrive qu’on puisse se parler par téléphone ou par visioconférence, même si les communications sont relativement limitées. Le retour en France devrait se faire entre fin novembre et fin décembre."

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