Accident de train à Rumigny : un rapport pointe "l'organisation, la préparation et la réalisation déficientes" du convoi exceptionnel

La collision entre un train de marchandises et un convoi exceptionnel avait fait deux blessés et occasionné d'importants dégâts, le 16 juin 2021 à Rumigny, dans les Ardennes. Le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre vient de rendre un rapport sur cet accident. Un procès doit avoir lieu en 2024.

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Le 16 juin 2021, un convoi exceptionnel transportant un bateau s'était retrouvé bloqué sur un passage à niveau à Rumigny, dans les Ardennes, en plein milieu de la nuit. Un train de marchandises, qui transportait des citernes d'acide phosphorique, avait percuté le poids lourd peu après 3h du matin.

Dans l'accident, le conducteur du train, appartenant à la société Europorte, avait été blessé. Un agent de SNCF Réseau, dépêché sur place après l'accident, avait aussi été blessé plus légèrement. D'importants dégâts étaient à déplorer. En effet, en raison de la violence du choc, la motrice et huit des douze wagons avaient déraillé. De l'acide s'était échappé de certains d'entre eux. La semi-remorque et le bateau avaient été détruits. 

La circulation des trains sur cette ligne qui relie Hirson (Aisne) à Liart (Ardennes) avait dû être interrompue pendant plusieurs semaines en raison des dommages causés à l'infrastructure ferroviaire dans le secteur.

Sur la carte ci-dessous figure l'emplacement du passage à niveau n°17, où a eu lieu l'accident. Celui-ci n'est pas répertorié sur la liste du programme national de sécurisation des passages à niveau.

Dans un rapport d'enquête publié le 9 août 2023, le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) revient sur les circonstances de cet accident. Comme le précise le BEA-TT en préambule de son rapport très détaillé, son travail "a pour seul objet de prévenir de futurs accidents" et "ne vise pas à déterminer des responsabilités".

Les enquêteurs de l'agence publique précisent que la cause directe de l'accident est bien "l'immobilisation du poids lourd comportant une semi-remorque surbaissée sur les voies ferrées peu de temps avant l’arrivée du train". Celle-ci "s'est bloquée en frottant la chaussée".

"Aucun élément dans la conduite du train n’est apparu comme une cause ou un facteur contributif de l’accident", indique le rapport. Par ailleurs, les installations du passage à niveau ont correctement fonctionné la nuit de l'accident.

Plusieurs manquements du transporteur mis en avant

Le travail du BEA-TT a mis en évidence que les conducteurs du convoi exceptionnel n'avaient pas respecté les conditions fixées pour leur déplacement. Les autorisations obtenues précisaient en effet que le convoi devait notamment cheminer de jour dans l'Aisne et dans les Ardennes. Le chargement était également légèrement plus large que celui autorisé (4,66 m contre 4,5 m).

Le transporteur n'avait désigné aucun chef de convoi et n'a pas mené de reconnaissance préalable avec les véhicules. Il explique, en réponse aux questions du BEA-TT, qu'un autre convoi ayant circulé en mars 2021 avait franchi sans encombre ce passage à niveau. Mais le rapport précise que la semi-remorque était alors différente et le bateau transporté de moindres dimensions.

L’organisation, la préparation et la réalisation de ce transport exceptionnel par l’entreprise de transport ont été déficientes vis-à-vis du respect de l’arrêté d’autorisation de circulation.

Rapport du BEA-TT

Par ailleurs, le transporteur n'a pas pris contact avec SNCF Réseau. Le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire avait pourtant réclamé "que cette traversée soit réalisée de jour, en présence d’un agent SNCF, sous couvert d’une interdiction de circulation ferroviaire, et d’une consignation électrique de la caténaire."

Le BEA-TT émet plusieurs recommandations pour éviter que d'autres accidents du même type se reproduisent. Celles-ci concernent notamment "l'évolution de la réglementation sur la circulation des convois exceptionnels au sujet de la désignation du chef de convoi", "la clarification des prescriptions inscrites dans l’arrêté d’autorisation" ou encore "la mise à disposition des données relatives au profil en long de la route aux abords et au droit des PN pour faciliter la préparation des voyages par les convois routiers".

Un procès doit toujours avoir lieu dans cette affaire, à Charleville-Mézières. Il a déjà été renvoyé à deux reprises. Il doit désormais s'ouvrir le 18 mars 2024.

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