Ardennes : le département parie sur le rosier G’Ardenne pour sa promotion, et le succès est au rendez-vous pour cette manière de voir la vie en roses

Il est rustique, et c’est le moment de le planter. Le rosier G’Ardenne fleurira dans les prochains mois, dans les villages et jardins ardennais. C’est la volonté notamment du Conseil Départemental qui veut en finir avec une image qui ne lui est pas toujours favorable. Voir la vie en roses, c’est le projet. Et cela va bien au-delà des frontières du département.

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Quand on vient de Châlons-en-Champagne, dans la Marne, le village d’Attigny, c’est en quelque sorte, l’entrée des Crêtes, la porte d’entrée du département des Ardennes. Sur le rond-point, face au collège, une dizaine de rosiers seront prochainement plantés. C’est la volonté de la maire de la commune, Chantal Henriet et de son conseil municipal. "Le Conseil départemental nous avait offert un rosier, mais un seul, ça ne donne pas grand-chose. J’ai proposé au conseil municipal d’en commander une dizaine pour faire un parterre", dit-elle. "Ils ont tout de suite dit oui. La proposition a fait l’unanimité. C’est une manière d’accueillir dans notre département".

Dans tous les villages des Ardennes labellisés villes et villages fleuris, cette création végétale donnera dès le printemps des couleurs au paysage. Ce rosier G’Ardenne est né dans les roseraies Félix installées, à Le Grand-Lemps, dans le département de l’Isère, au pied des Alpes. C’est Hubert Fontaine plus connu sous le nom d"Hubert le Jardinier", à l'origine de cette initiative, qui est allé le dénicher chez son ami François Félix, obtenteur de roses.  

Un coup de coeur

"C’était le plus beau de tous", raconte Hubert Fontaine. Son ami lui a proposé de lui donner son nom, mais en grand défenseur de son département des Ardennes, "un peu chauvin", reconnaît-il, « Hubert le jardinier » a choisi G’Ardenne comme nom de baptême de cette création originale. "Moi je disparaîtrai, mais pas les Ardennes", dit-il.

 Et si le nom ne porte pas de « s », c’est parce que ce rosier est présenté comme transfrontalier. C’est du massif de l’Ardenne qu’il doit faire la promotion. La volonté est qu’il soit planté en Belgique comme au Luxembourg. Certains ont trouvé étonnant qu’on utilise le mot garden (jardin, en anglais). « Qu’est-ce-que tu vas nous mettre un nom anglais ? », lui a -t-on dit. Hubert le jardinier assume le jeu de mots. Il entend se projeter vers le futur.

Huit à neuf ans, c'est normal, nécessaire pour choisir une nouvelle rose... Il y a une sélection à faire.

François Félix, obtenteur du rosier G'Ardenne

Déjà plus de 1.000  rosiers vendus

Le créateur, l’obtenteur de roses, François Félix est fier de ce rosier vigoureux, résistant. "Je l’ai créé en hybridation, en 2011, mais il n’est sorti qu’en 2020. Huit à neuf ans, c’est le temps normal, nécessaire pour choisir une nouvelle rose", explique-t-il. "Après pollinisation d’une fleur femelle, on récolte des graines. On recherche les rosiers les plus beaux mais aussi les plus résistants, alors pendant quatre à cinq ans, avec des greffes, on observe, été comme hiver. Il faut qu’il soit résistant à la pluie, à la chaleur, au gel.  Il y a un travail de sélection à faire. C’est long depuis la fécondation".

"Hubert Fontaine cherchait un rosier vigoureux, résistant, à l’image de son département. Celui qu’il a choisi est original, spectaculaire toute l’année. Il a des couleurs de feu jusqu’aux premières gelées, c’est un très joli arbuste qui s’intègre bien dans le paysage". Dès la première saison, un millier de rosiers G’Ardenne se sont vendus.  

Un symbole fleuri

C’est à Saint-Lambert- et-Mont-de-Jeux, près d’Attigny que sont produits les rosiers, par Anthony Forgeard, aux pépinières Saint-Lambert spécialisées dans la production de végétaux d’extérieur et d’espaces verts. Anthony Forgeard qui a repris ces pépinières qui existent depuis le début du 20ème siècle, ne tarit pas d’éloges sur ce rosier, légèrement parfumé. "Si la première année, on a fourni un millier de rosiers, cette année on va dépasser les chiffres. C’est une des plus belles ventes. Il y a plus de demandes que ce qu’on produit, en racines ou en pot".

Prés de Charleville-Mézières, un village en a achetés une quarantaine. C'est bon pour l'activité économique et ça attire davantage de touristes.

Dominique Arnould, Présidente de l'Agence de Développement Touristique des Ardennes

 « Ce rosier reproduit  par greffage sur écusson est vigoureux. Rosier remontant, il possède un feuillage qui résiste aux maladies, et il est très décoratif », vante le pépiniériste.

Un plus économique

Dominique Arnould est conseillère départementale du canton d’Attigny. Elle préside le jury départemental des villes et villages fleuris, et elle est présidente de l’Agence de Développement Touristique des Ardennes. Avec ces trois casquettes, l’idée d’Hubert Fontaine de promouvoir le département à travers un rosier, l’a immédiatement séduite. "On essaie de montrer une image plus jolie que celle du sanglier", dit-elle. "Ca donne un coup d’œil festif au département. Chaque commune labellisée ville et village fleuri a reçu un rosier. Dans la foulée, elles en ont commandés plusieurs. Près de Charleville-Mézières, un village en a achetés une quarantaine. C’est bon pour l’activité économique, et ça attire d’avantage les touristes".

Dominique Arnould fait aussi la promotion de ce rosier de l’autre côté de la frontière. En septembre dernier, elle a offert un rosier à une députée belge, à Bouillon, lors d’une réunion du Groupement Européen d’Intérêt Economique. Un geste qui a beaucoup plu.  Pour promouvoir les Ardennes, la Conseillère départementale confie réfléchir, avec Hubert Fontaine, à une autre production végétale qui comme le rosier, ferait voir la vie en roses, dans le nord de la Région.    

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