Avec sa voiture transformée en loge d'artiste, Anita le clown, Delphine Heck de son vrai nom, parcourt les Ardennes depuis 20 ans et partage ses rêves et ses rires. Une belle leçon de joie de vivre.
Elle est connue comme le loup blanc et avec ses chaussettes jaunes, son nez rouge et ses couettes orange, Anita le clown est devenue un personnage en couleurs dans la vallée verte des Ardennes. Pourtant, tout avait commencé comme une mauvaise farce. En 1983, alors qu’elle était en vacances dans les Landes avec son père, prof de maths et clown à ses heures, ils se font voler l’argent et les affaires de plage.
Il ne reste que les costumes de clown du père qui avait prévu une animation pendant son séjour. Delphine (Anita) arrive à convaincre alors son clown de papa qu’ils peuvent proposer néanmoins à deux, des spectacles dans les environs pour (re)gagner l’argent perdu, et rester en vacances dans le sud.
A treize ans, ce sera ses premiers pas sur les planches de la rigolade avec le duo « Anita et Abélard », une passion qui ne s’arrêtera jamais pour Delphine.
"Ma loge à roulettes"
Toute sa vie d’artiste tient dans sa voiture, qui est déjà, à elle seule, un spectacle quand elle traverse les villages.Assise sur le coffre arrière, au milieu des malles de costumes, des accessoires en plastique et des cotillons de couleurs, Delphine devient Anita à chaque coup de pinceau sur le visage.A trente ans j’ai vraiment attaqué une vie d’intermittent du spectacle, et depuis c’est non-stop, c’est mon métier, je m’occupe de ma comptabilité, de la promotion, de la communication, de la création, dans les écoles, les comités d’entreprises et chaque endroit devient une scène de spectacle.
- Delphine Heck, artiste clown dans les Ardennes
Les gestes sont précis, le regard s’éclaircit, la transformation est facile avec quelques artifices. Avec son visage d’enfant et son allure de lutin, Anita veut être un clown gentil et bienveillant pour les enfants. Ses centaines de spectacles aux quatre coins de la région lui ont appris que c’est cette image que les spectateurs recherchent, entre rêveries et bonne humeur.
Moi je les aime bien les Ardennais, ils rient facilement, les marnais avaient du mal à rire mais ils se décoincent maintenant.
- Anita le clown, artiste
"Mon carburant, c’est le regard des enfants dans mes spectacles"
Tout est dans l’interactivité avec le public pour Anita. Les sketches sont rarement écrits et tout est dans l’improvisation avec les spectateurs. Une valise oubliée sur scène, une poubelle remplie de costumes et l’histoire peut commencer.Elle fait souvent monter une dizaine d’enfants à ses côtés pour développer ses scénarios et jouer avec eux. «J’ai une feuille, j’écris cinq mots qui deviennent cinq phrases et après je brode autour de ces cinq phrases et le spectacle se construit ainsi».
"Ma voisine est un clown et j’aime ça"
Dans le petit village de Laifour dans les Ardennes, au milieu des collines verdoyantes, des éclats de rires résonnent dans la rue principale.Quand Anita traverse le hameau, les mains se tendent et les salutations vont bon train entre cette locataire bien singulière et les habitants. Ici, tout le monde l’adore et chacune de ses apparitions, avec ou sans costume, déclenche la bonne discussion.
Le métier de clown ne s’arrête jamais: encore une foire ou deux, un anniversaire ici, une soirée dans une maison de retraite, un évènement joyeux à animer, Anita remet son nez rouge et ses grandes chaussures pour tenter de donner de la joie dans ses collines et bien au-delà du département.Moi, je la connais depuis le collège, elle est pleine d’énergie et de bonne humeur. Aujourd’hui, on a besoin de mettre un peu de baume au cœur. Pour que les Ardennes vivent, il nous faut des gens comme Anita sinon c’est triste.
-Noël Boenard, voisin d’un clown tueur de morosité.