Ardennes. L'hommage d'un fils à son père ouvrier grâce à un tour à mobylette

Le 1er juin, l'Ardennais Denis Perrette prendra sa vieille mobylette 103 Peugeot, héritée de son père, pour s'élancer dans un tour du passé ouvrier du département. Sur son trajet, le site où son père a été chauffeur sur four pendant trente ans.

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"J'espère qu'elle va démarrer, tu imagines le sketch sinon ?" s'amuse l'Ardennais Denis Perrette, en scrutant sa vieille 103 Peugeot. Le doute est permis, alors que la mobylette a déjà soufflé ses cinquante bougies et que le compteur s'est arrêté à 25 500 kilomètres.


Mais qu'importe son âge et qu'importe les discrètes griffures qui ont strié la peinture de la belle au fil des ans : Denis l'aime, sa mobylette. Lorsque le moteur finit par démarrer, c'est avec un grand cri sonore et un sourire de gosse que Denis s'élance sur les routes. 

Cette 103 Peugeot est un héritage de son père, chauffeur sur four pendant trente ans, dans un département alors en plein âge d'or de l'industrie.

Un hommage aux ouvriers des Ardennes

"Pendant toutes ces années, mon père a pris cette mobylette pour aller travailler, raconte Denis Perrette, il se levait tous les matins à quatre heures pour aller à Villers-Semeuse depuis Boulzicourt.

Dès le 1er juin, le fils roulera dans le sillage de son père défunt, pour rendre hommage aux anciens ouvriers des Ardennes.


Avec sa 103 Peugeot pour compagnon de route, il arpentera les routes ardennaises, avec sa tente, depuis La Macérienne à la vallée de la Semoy, en passant par Nouzonville ou encore la vallée de la Meuse. Des lieux encore hantés par les fantômes du passé ouvrier du département, avec ses friches et ses souvenirs, parfois douloureux mais souvent heureux.

Denis Perrette, lui, a encore dans les yeux l'étincelle admirative d'un fils pour son père.

Quand je vois les aléas du temps, en hiver, je me dis "la vache, ils avaient du courage à aller travailler en mobylette" ! En plus, ils n'étaient pas équipés comme nous, ils n'avaient pas de casque ni même d'anorak. Juste une canadienne qui prenait la flotte, et ça sentait fort !

Denis Perrette

Les souvenirs d'un fils

La première étape de ce périple est particulièrement importante pour Denis Perrette. A bord de sa 103 Peugeot, qu'il surnomme affectueusement "le monstre" ou "ma harley", il prendra le même chemin que son père, des années plus tôt, pour rejoindre la friche Demangel Vence à Villers-Semeuse.

Sa combinaison claquant dans le vent, il se remémore les récits de son père, comme cette matinée d'hiver où il avait failli glisser sur une plaque de verglas, ou ce trajet aux premières lueurs de l'été au cours duquel il avait croisé un chevreuil et un lapin. "La vie, ça commence à 4 ou 5 heures du matin, et lui, il était là", sourit le fils.

Devant l'ancienne usine Demengel Vence à Villers-Semeuse, Denis Perrette a toutefois une pointe d'amertume dans la voix.

Je me dis que c'est dommage que tout cela s'arrête. Les usines n'ont pas su s'adapter. Mon père l'a subi de plein fouet et il y a une grande souffrance de partout

Denis Perrette

Plus qu'un simple hommage, le périple de Denis Perrette a pour vocation de raviver le lointain souvenir d'un département à l'industrie florissante et le courage de ces ouvriers, pour le faire redécouvrir aux habitants. Il conclut, avec un sourire : "on imagine pas toute la richesse qu'il y a chez nous".

Il y a un an, le 1er juin 2021, cet Ardennais était parti avec son scooter bleu depuis la salle des fêtes de Villers-Semeuse, dans les Ardennes, pour faire un tour du Grand Est. Nous l'avions suivi à cette occasion juste avant le départ. (Vidéo ci-dessous)

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