C'est en regardant la météo sur France 3 que Denis Perrette a eu l'idée de faire découvrir et aimer le Grand Est, à Vespa. Ancien disquaire, artiste, poète, celui qui se présente comme un doux rêveur, n'en n'est pas à son premier défi. Il a déjà fait le tour des Ardennes, à pied.
Denis Perrette est ardennais. Il vit à Boulzicourt dans une cabane en bois, à une dizaine de kilomètres de Charleville-Mézières. Faire aimer et connaître son département d'origine est un idéal qu'il a transformé en réalité, en 2017, quand il a parcouru les Ardennes, à pied. L'aventure ne lui fait pas peur, puisqu'il a traversé le Maghreb et l'Afrique Noire en auto-stop, dans les années 80. Mais cette fois, c'est à travers toute la Région Grand Est que ses pas vont le conduire, ou plutôt, sa Vespa. C'est un rêve de gosse.
La maman de Denis Perrette est d'origine italienne. "En feuilletant un album de photos de famille", raconte-t-il, "j'ai découvert un tonton, de la région de Venise. Il posait avec sa Vespa, et j'ai tout de suite craqué. J'ai dit à ma mère que j'en voulais une pour Noël. En fait, j'ai attendu quelques années, et dès que j'ai gagné un peu d'argent, je m'en suis acheté une". Celle avec laquelle il va sillonner la Région Grand Est est son septième engin, depuis 1986.
En route pour dix départements
C'est le 1er juin, depuis la salle des fêtes de Villers-Semeuse, dans les Ardennes, que Denis Perrette prendra le départ de sa nouvelle aventure. La municipalité, dans le respect des gestes barrière, a décidé d'organiser pour le lancement de ce défi, un "café-croissant", une initiative qui fait chaud au cœur de l'inconditionnel des Vespa, bien connu dans le département.
Nombreux sont en effet les Ardennais qui ont sûrement, un jour, croisé Denis Perrette, et pas seulement grâce à sa page Facebook. Pendant 23 ans, il a été disquaire à la Librairie Rimbaud de Charleville-Mézières. Artiste, chanteur, fan de Brel et de Nougaro, poète, il a aussi interprété des textes de l'écrivain ardennais Franz Bartelt, et publié un journal de bord de l'une de ses expériences. Pour pouvoir s'élancer sur les départementales du Grand Est, Denis Perrette a ouvert une cagnotte, sur la plate-forme HelloAsso. Il y a déjà recueilli 755 euros.
Un Don Quichotte sur un scooter
"Comme un grand-père", dit-il, "je regarde France 3 tous les jours. Devant la carte de la météo, j'ai eu l'idée de faire découvrir et aimer cette région. J'adore la politique, et j'avais suivi tous les débats, qui avaient accompagné la création de la Région Grand Est. Mais l'adhésion n'est pas totale, alors, je me suis dit que ma démarche pourrait peut-être aider à ce que se construise une identité".
J'ai découvert un tonton de la région de Venise. Il posait avec sa Vespa, et j'ai tout de suite craqué. J'ai dit à ma mère que j'en voulais une à Noël.
Denis Perrette aime parler aux gens. C'est d'ailleurs pour cela qu'il avait choisi de voyager dans des pays d'Afrique francophones, pour pouvoir échanger, sur son parcours, notamment sur la musique, car il pratique les percussions africaines. Cette fois, à travers le Grand Est, il entend s'arrêter, pour faire découvrir ses coups de cœur architecturaux ou gastronomiques.
Il est déjà invité à une dégustation par la confrérie du fromage de Langres, il pense à une photo de boudin blanc de Rethel, sur la selle de sa Vespa, imagine comment parler de l'andouillette de Troyes et se prépare à sillonner les routes des vins d'Alsace et de Champagne. A cet effet, il a prévu d'emporter avec lui verre, couverts et une jolie assiette.
L'itinéraire est prêt
Denis Perrette a prévu de s'arrêter dans les cafés, les boulangeries, et il dormira sous sa toile de tente. Sur sa machine, il emporte 70 kilos de matériels. Alors dans les côtes, il pourra difficilement dépasser les 50 kilomètres à l'heure. Mais il prévoit, en moyenne de faire une centaine de kilomètres chaque jour. Denis Perrette emporte avec lui de quoi prendre des photos, des vidéos et des notes, en prévision d'articles mais aussi d'en faire un livre.
J'adore la politique, et j'avais suivi tous les débats qui avaient accompagné la création de la Région Grand Est. Mais l'adhésion n'est pas totale, alors je me suis dit que ma démarche pourrait, peut-être, aider à ce que se construise une identité.
Notre Ardennais entend faire partager ses coups de cœur. "Je veux faire découvrir la Vallée de la Fensch, où des hauts-fourneaux ont été convertis en lieu de culture, l'écomusée de Langres, le site archéologique de Sarreguemines, ou encore l'école de lutherie de Mirecourt". Pour réaliser son projet, Denis Perrette a envoyé, comme des bouteilles à la mer, 50 versions de courriers à des offices de tourisme, ou des entreprises locales, afin qu'elles soient ses sponsors. D'ailleurs, certaines lui ont adressé des bons d'achat.
Faire face à la météo
Partir sur les routes départementales, au printemps, ne devrait pas réserver de mauvaises surprises à cet Ardennais enthousiaste. Il a prévu chaussures, casque intégrale et tenue de pluie, pour le cas où surviendrait une averse. "Il y a quatre ans, lors d'une précédente expédition, j'ai dû me protéger une heure sous le pont de Lumes, dans les Ardennes, ou m'abriter sous l'auvent d'un bar pendant deux heures". Bref, il a l'habitude d'affronter les éléments.
En 2017, pour son tour des Ardennes, à pied, Denis Perrette, connaissait bien le terrain. "Cette fois ", dit-il, " je vais en zone inconnue". Mais pas de quoi inquiéter celui qui a bien préparé son sympathique défi. A son actif, il a tout de même des virées pendant trois mois à travers la France à vélo. Il a également fait le tour de Corse. Celui qui fut moniteur de ski de fond, quand il faisait les saisons en Savoie et en Haute-Savoie, est prêt à partir.
Pendant son voyage, il aura probablement, dans la tête l'une de ses chansons favorites, "Il voyage en solitaire" de Gérard Manset.