Ardennes : la musique adoucit le confinement, de nouveaux passionnés se découvrent un talent et se lancent

La musique semble être le médicament du moment pour des dizaines de confinés à la recherche d'évasion. Les professionnels de la vente d'instruments de musique constatent un vif intérêt pour des expériences musicales, à la maison.

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En ce mercredi 14 avril de l'an Covid, les rues du centre-ville de Charleville-Mézières (Ardennes) sont plutôt calmes. Le périmètre des 10 km de confinement, ne réserve qu'aux habitants proches de la cité, le privilège de s'y promener. Le tumulte et l'agitation des grands jours a laissé place à une forme de quiétude qui n'est pas du goût des commerçants.

Il y a bien pourtant quelques notes de musique qui s'échappent du 31 de la rue Dubois Crancé, chez BJL Music. Jean Luc, le vendeur de guitares est dans son magasin. Il est fermé au public, mais, si un client vient pour un entretien ou une réparation d'instrument, il peut l'accueillir. Au milieu des guitares électriques et des claviers de concert, c'est étrangement de la musique classique qui résonne en ambiance dans le magasin. Jean Luc Buonsanti y est ici le chef d'orchestre, en quelques sortes, depuis 36 ans.

 

Depuis les premières restrictions de mars 2020 avec la pandémie de Covid sur le territoire, il constate, lui aussi, que les personnes cherchent à s'évader, à se vider l'esprit et à se tourner vers des plaisirs simples pour oublier cette actualité. Il confirme cette attente dès ses premiers mots : "La musique, c'est la vie ! Ça devrait être obligatoire. Si les gens ont envie de se mettre à la musique, c'est une très bonne chose. Après, il ne faut pas que ça soit éphémère mais durable plutôt. On ne sait pas jouer d'un instrument en cinq minutes."

 

 

Quand on lui demande ce qui a changé depuis le confinement, Jean-Luc ajoute : "Il y a des têtes que je n'avais jamais vues, effectivement, de nouveaux clients presque tous les jours. Deux dames d'un certain âge à la retraite sont venues dernièrement pour pratiquer la guitare basse. Ç'est peu commun, mais bon, elles se sont dit "on essaie, c'est le moment ou jamais ! ". Ça m'a interpellé, car c'est hyper rare. Bien souvent, c'est le piano, la batterie ou la guitare, mais la basse, c'est vraiment un instrument à part. Il faut se faire plaisir quand on en a envie tout simplement et partager.

Il faut se faire plaisir quand on en a envie tout simplement et partager.

Jean-Luc Buonsanti, directeur BJL Music, Charleville-Mézières

" J'ai la guitare qui me démange, alors ..."


Pour Jean Luc, le produit phare des ventes en ce moment, c'est la guitare d'entrée de gamme, et les claviers. Des dizaines sont exposées sur les grands murs du magasin, autant de couleurs, de formes, de techniques différentes pour trouver sa voie. Les ukulélés, également, se vendent bien. Le matériel de sonorisation, par contre, reste dans les cartons pour l'instant : les concerts sont annulés et les fêtes sont déprogrammées.

Petits conseil du professionnel Jean Luc : "L'idéal après l'achat de l'instrument, c'est de prendre des cours dans un premier temps, histoire d'avoir les bonnes habitudes. Avec les tutos de démonstrations qu'il y a sur le net, les gens pensent que c'est facile, mais ça demande du travail. On peut trouver des guitares à partir d'une centaine d'euros, des claviers entre 200 et 600 euros, et de bons professeurs en ville". 

 

 

Piano, mais fortissimo !

De l'autre côté de la rue, face à la place Nevers, c'est Le palais de la musique qui accueille les musiciens en herbe. Dans cet univers feutré, c'est Mathias Aufschneider le roi du piano. Depuis 1965, sa famille et lui-même sont dans la musique. Ici, on trouve de tout, pour tous les instruments classiques, mais surtout de magnifiques pianos. Mathias est un pianiste confirmé.

La visite des lieux se termine devant un superbe quart de queue haut de gamme sur lequel le maître des lieux prend plaisir à jouer de grands classiques envoûtants. Un accordéon rutilant posé sur le côté rappelle que le papa était un grand musicien également. Avec le magasin fermé pour l'instant, Mathias a retravaillé et rafraîchi son site de vente par internet, Mathias Music Store, un nouvel outil mis à disposition du public depuis le confinement de mars 2020.

 

Quand le rideau est tiré, le site offre de bons avantages. Le directeur des lieux l'explique : "Ça sert beaucoup de vitrine, les personnes sont passées au magasin après avoir consulté le site et ça m'a permis de conclure des ventes, et sur la France entière désormais. Les clients aiment appeler directement le magasin après avoir consulté le site, ils apprécient d'avoir quelqu'un au bout du fil, il y a une âme". 


Le professionnel rajoute, entre deux envolées sur le clavier de son piano :"Le confinement, c'est dommageable pour tout le monde. On se retrouve mis sur la touche du jour au lendemain. On perd ses repères professionnels. Moi, c'est à la réouverture, après le déconfinement, que j'ai eu un afflux de monde. On sentait que les gens avaient besoin de refaire du réassort en accessoires ou de racheter une bonne guitare pour ceux qui s'étaient ennuyés. La musique est une thérapie, on va au-delà de soi-même".

La musique est une thérapie, on va au-delà de soi-même.

Mathias Aufschneider, directeur du Palais de la musique à Charleville-Mézières

 

 

Un petit extrait  vidéo, quelques notes jouées par Mathias Aufschneider :

 

Les professionnels de magasins de musique classés " non-essentiels" en cette période de restrictions attendent avec impatience la douce musique du retour de leurs clients. Pour l'instant, quelques ventes finalisées sur internet peuvent être retirées dans certains de ces commerces spécialisés, dans la mesure du possible. Les prochaines annonces gouvernementales devraient clarifier cette situation inédite.

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