Laurent Gonzales vient de décrocher une médaille d’argent aux championnats du monde de bodybuilding. Une belle revanche pour l’ardennais, longtemps privé de sport à cause d’un asthme sévère.
S’exhiber presque nu, devant un jury, pour afficher une musculature plus qu’excessive. Chez certains, le bodybuilding prête à sourire. Mais pour Laurent Gonzales, c’est un mode de vie à part entière.
Habitant de Bogny-sur-Meuse, dans les Ardennes, Laurent Gonzales vient d’être sacré vice-champion du monde de bodybuilding ce 4 novembre 2021 à Santa Susanna, en Espagne. Il termine deuxième dans la catégorie des moins de 90 kilos, face à des adeptes du culturisme venus du monde entier.
“En fait, c’est un peu comme les miss, explique Laurent Gonzales. On monte sur scène, on congestionne nos muscles, puis on est scrutés par un jury de 6 personnes. Au départ, on est plusieurs dizaines, puis quinze, puis cinq, et ils désignent finalement un vainqueur. Tout est uniquement basé sur le visuel, il n’y a aucun concours de force. Ce qu’ils regardent, c’est la définition des muscles. Il faut avoir le moins de graisse possible entre le tissu musculaire et la peau. Il faut aussi que tout soit bien proportionné, que la musculature du haut du corps soit harmonieuse avec le bas du corps.”
Du poulet et du poisson au petit-déjeuner
Pour obtenir de tels résultats, Laurent Gonzales doit se plier à des règles strictes : “Le point le plus important, c’est la nutrition, affirme-t-il. Je privilégie les protéines et j'exclue presque totalement les glucides. Mon astuce, c’est de faire 1h30 de musculation et de cardio le matin, à jeun, pour déstocker la graisse. Puis je prends un petit déjeuner qui peut surprendre : du poulet ou du poisson. Pour entretenir la masse musculaire, je dois ensuite manger toutes les 3 heures. A chaque fois, c’est 250 grammes de poulet ou de poisson, avec un peu de légumes parfois, mais pas de féculents. Au total, je ne dois pas dépasser 1200 calories par jour avant une compétition. En temps normal, j’en consomme plus de 3000.”
Laurent Gonzales fait partie de l’équipe de France de bodybuilding, composée d’une trentaine d’hommes et de femmes aux corps taillés pour la compétition. ”C’est beaucoup de sacrifices, beaucoup de restrictions, reconnaît le bodybuilder ardennais. Une fois notre passage terminé, on craque, c’est obligé. Juste après mon titre, j’ai filé au restaurant pour engloutir une bonne paëlla espagnole !”
“Petit, je n’avais pas le droit de faire du sport”
Laurent Gonzales n’a pas toujours été Monsieur muscle. Enfant, il avait même l’interdiction de faire le moindre effort physique. “Quand j’étais petit, j’étais très asthmatique, raconte-il, au point de vivre constamment avec de l’oxygène à portée de main. Évidemment, les médecins m’interdisaient de faire du sport. Je regardais mes copains jouer dans la cour d’école, mon grand frère faire de la musculation, mais impossible pour moi de faire pareil. Et puis en grandissant, mon asthme s’est atténué. Alors j’ai voulu rattraper le temps perdu.”
Le jeune Laurent Gonzales se lance d’abord dans les concours de force athlétique. Il enchaîne les flexions de jambes et les développés couchés, développant sa musculature en hissant des poids au-dessus de sa tête. “Pendant 15 ans, j’ai grimpé les échelons de la discipline pour terminer champion du monde dans ma catégorie à deux reprises” se souvient Laurent Gonzales avec fierté.
Mais alors qu’il est au sommet, il se blesse gravement au tendon brachial, situé dans l’épaule. Impossible pour lui de continuer à soulever des poids. “C’est à ce moment-là, en 2014, que je me lance dans le bodybuilding. J’avais déjà un corps musclé. C’était l’occasion de le développer encore plus, simplement pour l’esthétique, sans avoir la pression de la performance sportive.”
En 7 ans, le sportif ardennais sera sacré champion de France, vice-champion d’Europe, puis tout dernièrement vice-champion du monde.
“Certains se moquent, d’autres sont admiratifs”
Être bodybuilder, c’est aussi subir le regard des autres. Même caché sous des vêtements, le corps de Laurent Gonzales ne passe pas inaperçu. “Ça arrive qu’on me regarde dans la rue, raconte-il. Je sais très bien que certains se moquent. Mais d’autres me complimentent, sont admiratifs. Personnellement, ça me passe au dessus. Je fais ça pour moi, par pour les autres.”
La passion de Laurent Gonzales pour le culturisme n’a pas toujours fait l’unanimité auprès de ses proches : “Au départ, ma mère avait peur pour ma santé. On enchaîne les régimes, les restrictions, les exercices physiques. Mais finalement, elle me soutient, et elle est heureuse quand je décroche un titre.”
En temps normal, je pèse environ 103 kilos pour 1m70. En quelques mois, j’arrive à tomber en dessous des 90 kilos.
Laurent Gonzales
“Le problème dans le bodybuilding, c’est que notre poids et notre morphologie varient beaucoup entre les compétitions et les moments de pause. En temps normal, je pèse environ 103 kilos pour 1m70. En quelques mois, j’arrive à tomber en dessous des 90 kilos, en ne gardant que du muscle. J’ai donc en permanence deux garde-robes différentes chez moi. Et je fais faire de nombreux vêtements sur mesure, car je n’ai pas vraiment des mensurations classiques.”
Dans la vie de tous les jours, Laurent Gonzales est gérant de la salle de sport de Bogny-sur-Meuse, dans les Ardennes. Il est aussi coach en transformation physique : “J’aide les gens qui le souhaitent à perdre du poids, à dessiner leur musculature, à retrouver une bonne alimentation. Quand je gagne un titre en bodybuilding, c’est toujours une bonne pub pour mon activité”.
Bientôt l'heure de la retraite
Pour Laurent Gonzales, il est impensable d’être bodybuilder toute sa vie. Il envisage d’ailleurs de stopper les compétitions dans un avenir proche. “Vice-champion du monde, c’est déjà un joli titre, admet-il. Je pense qu’il est temps de mettre fin à ma carrière. Je vais continuer encore un an, puis j’arrêterai. C’est une discipline qui demande beaucoup d’investissement, et j’ai envie de me focaliser davantage sur ma vie personnelle et professionnelle."