Michel Fourniret est mort à 79 ans, emportant ses macabres secrets

Michel Fourniret est mort ce lundi 10 mai à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris. Un protocole de fin de vie avait été engagé. A 79 ans, il restera comme un tueur en série hors normes dans l'histoire de la criminalité et emporte avec lui encore beaucoup de ses macabres secrets. 

Michel Fourniret, "l'ogre des Ardennes" comme on le surnomme, est mort ce lundi 10 mai. Il avait été hospitalisé en urgence ce samedi 8 mai à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris. Agé de 79 ans, le tueur en série se trouvait dans un coma que les médecins jugaient irréversible. Souffrant de problèmes cardiaques et de dégénérescence mentale, un protocole de fin de vie avait été engagé. 

Né en 1942, à Sedan, Michel Fourniret avait reconnu dix meurtres. La plus jeune de ses victimes avait 9 ans, la plus âgée 21. Cette quête macabre a pris fin avec l'enlèvement raté de la petite Marie, le 26 juin 2003, à Ciney en Belgique. Sa mort a été confirmée à nos confrères de l'AFP. 

 

Un couple meurtrier avec Monique Olivier

La liste macabre du tueur en série n'aurait sans doute pas été aussi longue sans sa femme et complice, Monique Olivier. Michel Fourniret fait sa connaissance par correspondance en 1984. Il purge alors une peine de prison pour plusieurs agressions sexuelles. C'est là qu'ils forgent un pacte criminel. Elle promet de lui obéir et de l'aider à piéger ses victimes. Un pacte qui se retournera contre Fourniret. 

En 2004, Monique Olivier craque après plus d'une centaine d'interrogatoires et une année d'incarcération. Elle finit par avouer les crimes de son mari. 
 

Combien a-t-il réellement fait de victimes ? 

"Je partais à la chasse sans savoir si j'allais ramener un lapin ou un faisan." Un chasseur, voilà l'image que Michel Fourniret voulait bien se donner. L'image d'un homme obnubilé par la virginité des jeunes filles qu'il violait puis tuait. 

Michel Fourniret a été déclaré coupable en 2008 des meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001 et condamné à une peine rarissime, la perpétuité incompressible, avant d'être à nouveau condamné en 2018 pour un assassinat crapuleux. Son ex-femme et complice, Monique Olivier, elle, écope d'une peine de perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 28 ans. 

L'histoire aurait pu s'arrêter là sans l'intervention de la juge Sabine Kheris en 2019. A force de preuve et de patience, elle pousse Fourniret a avouer les meurtres de Marie Angèle Domece, de Joanna Parrish puis celui d'Estelle Mouzin, en mars 2020. Une juge qui aura tout fait pour percer les derniers mystères du tueur en série et parvenir à retrouver le corps de la petite Estelle, disparue à l'âge de neuf ans à Guermantes, en Seine-et-Marne, le 9 janvier 2003. Dix-huit années d'enquête au cours desquelles la justice ne s'est pas tout de suite intéressée à la piste Fourniret. En janvier 2018, le père d'Estelle annonce qu'il va déposer plainte contre l’Etat pour faute lourde dénonçant des "errements dans l'instruction du dossier de façon incontestable".

Des meurtres pour lesquels Michel Fourniret pourrait donc ne jamais être jugé. "Cela fait plusieurs mois que son état et sa mémoire sont dégradés et que l’on se doute qu’il ne sera jamais jugé, réagit Didier Seban, l’avocat des familles de ces victimes. Cette situation est évidemment dure à vivre pour les familles qui seront privées du principal accusé en cas de procès." Un avocat par ailleurs convaincu "qu’il a fait d’autres victimes".


Course contre la montre dans l'affaire Mouzin

La course contre la montre était par ailleurs engagée depuis quelques mois dans l'affaire de la petite Estelle Mouzin, dont le corps reste introuvable.  En juin et octobre 2020, des recherches et reconstitutions sont menées en présence de Michel Fourniret, 78 ans, et de Monique Olivier. "A certains moments, il est absent, à d'autres, il est lucide. Il donne parfois l'impression d'être en dehors du temps, comme une personne âgée. On le traite comme tel, mais en étant conscient qu'il peut manipuler. Il faut être vigilant avec lui", confiait ainsi un enquêteur à franceinfo. Muni d'une carte, le septuagénaire pointe plusieurs endroits mais sans succès. Le 30 octobre, les recherches s'achèvent au château du Sautou que Michel Fourniret pointe comme l'endroit où serait caché le corps.

De nouvelles fouilles sont alors programmées le 7 décembre au Sautou. Quelques jours plus tôt, l'ogre des Ardennes est retrouvé au sol après avoir fait un malaise dans sa cellule de la prison de Fresnes et conduit au service de réanimation du centre hospitalier Henri Mondor de Créteil. Il quitte l'hôpital le 4 décembre pour être transféré à l'unité hospitalière sécurisée interrégionale (UHSI) de Paris mais n'est pas en mesure d'assister aux fouilles.

La dernière série de fouilles en date, en mars et avril 2021, ne repose d'ailleurs plus que sur les indications de Monique Olivier, Michel Fourniret n'étant plus en mesure de répondre. Et ses révélations sont pour le moins fracassantes, remettant encore un peu plus la lumière sur cette affaire. Elle révèle avoir participé au transport du corps de la fillette dans les Ardennes, aux côtés du tueur en série dans un secteur plus précis, boisé et escarpé. Mais après près d'un mois de recherches et le déboisement du secteur, rien ne sera trouvé.


Le nom du tueur en série est toujours cité dans des affaires non élucidées, comme la disparition de Lydie Logé, une jeune femme de 29 ans, en 1993. Une affaire pour laquelle il avait été mis en examen le 22 décembre 2020 pour "enlèvement et séquestration suivis de mort".
 

Pas de remords et une très haute idée de lui-même

Pierre Blocquaux était l'avocat de Michel Fourniret lors de son procès en 2008. "Un avocat commis d'office avec deux autres confrères puisque monsieur Fourniret ne souhaitait pas être défendu. Autant dire que ça ne reste pas un grand moment dans ma carrière. Nous avons surtout servi d'intermédiaire entre Fourniret et le monde extérieur", raconte-t-il. Et quand on évoque le tueur en série, l'avocat a bien du mal a caché son agacement. "On a beaucoup parlé de Michel Fourniret. Comme tous les pervers, il avait une forme d'intelligence mais il ne m'a jamais ébloui par son intelligence, loin de là ! Quand on le rencontrait, il nous parlait de tout et de rien. Il faisait du Fourniret, s'embarquant parfois dans des discours abscons."

Et visiblement, pas de trace de remords chez le tueur en série. "Pendant le procès, il me faisait passer des petits papiers. Je les ai gardés d'ailleurs. Dessus, il pouvait y avoir des remarques sur mes confrères, des commentaires sur Monique Olivier où bien des demandes comme celle de lui faire parvenir un jeu d'échecs électronique qui corresponde à son talent!"

Et maintenant ?

C'est maintenant la question des suites judiciaires des différentes affaires qui se pose. Notamment concernant sa complice, Monique Olivier. "C'est une page judiciaire qui risque de se tourner parce qu'il ne pourra plus ni infirmer ni confirmer les propos de Monique Olivier, relève de son côté Richard Delgenès, l'avocat de l'ex-femme du tueur en série. Est-ce qu'elle va continuer à participer aux enquêtes en cours et aux enquêtes à venir? Est-ce qu'elle va avoir peur d'être toute seule dans le box à répondre de l'intégralité des faits ? Parce que si Michel Fourniret n'est plus dans le box des accusés elle va assumer toute seule toutes les responsabilités et cristalliser toutes les accusations."

Michel Fourniret qui aimait jouer et manipuler ses proies ainsi que les enquêteurs partira donc avec ses secrets et sans répondre à l'ultime question : combien a-t-il réellement fait de victimes ? 

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