Depuis la mi-juillet, les principaux abribus de l'agglomération de Charleville-Mézières (Ardennes) ont disparu du jour au lendemain. Ils doivent être remplacés sous quinzaine par des équipements plus modernes et esthétiques.
Un abribus permet d'attendre le bus, parfois en s'asseyant ou en se protégeant de la pluie. Mais que faire quand l'abribus n'est plus ?
Une partie de la population de Charleville-Mézières (Ardennes) et des communes de son agglomération se pose la question. En effet, les abribus situés sur les secteurs névralgiques de la métropole ont disparu vers la mi-juillet (c'était déjà arrivé il y a quelques mois).
Il ne s'agit pas d'une farce ou d'un méfait. Mais d'une intervention nécessaire pour renouveler la flotte d'abribus (300 au total), qui devait être modernisée (voir la carte ci-dessous).
Jérémy Dupuy, vice-président d'Ardenne Métropole en charge des transports, a fourni des explications à France 3 Champagne-Ardenne.
Que s'est-il passé avec ces abribus ?
"Quand on a renouvelé le marché public des abribus, cette année, on a mis en place un plan pour démonter les anciens abribus, et monter les nouveaux. Le souci qu'on a eu, c'est qu'on voulait que l'entreprise qui a perdu le marché, Girod, et celle qui l'a remporté, Védiaud, travaillent de concert. Mais celle qui a perdu a choisi d'enlever rapidement l'ensemble de ses anciens abribus... La nouvelle entreprise a été prise de court, d'autant qu'elle a des perturbations dans la livraison de matériaux comme l'aluminium ou le verre [dues au dérèglement des chaînes de production mondiales à cause du covid, puis la guerre en Ukraine; ndlr], utilisés pour la fabrication des abribus en flux tendus par l'entreprise Arcomat, dans les Ardennes."
Quelle est la chronologie des faits ?
"On retire maintenant car on est passé en horaires d'été, beaucoup de gens sont partis, il y a les vacances, les bus scolaires n'ont plus à passer. On s'est dit que ça impacterait moins le service que pour la reprise du Cabaret vert ou la rentrée. C'est entre le 15 juillet et le 1er août qu'on a la période la plus creuse, même si des gens continuent évidemment de prendre le bus."
"Ce qu'on avait fait il y a quelques mois, c'est mettre des abris provisoires pour remplacer tous les anciens qui avaient été retirés d'un coup : on a demandé à Védiaud d'utiliser ses stocks et de les mettre dans des endroits stratégiques de Charleville en particulier. En attendant la livraison des nouveaux. Aujourd'hui, ces nouveaux sont en cours de déploiement : on a fait en sorte que ça soit les principaux dans chacune des communes d'Ardennes Métropole. L'objectif est de 50% d'abribus changés dans chaque commune, y compris à Charleville car c'est la plus grande ville et qu'elle a le plus d'abribus. D'ici quinze jours-trois semaines, on espère le retour des abribus des points névralgiques, et d'ici septembre-octobre pour la totalité des abris."
Pas le choix d'attendre
Pourquoi faut-il attendre entre le retrait de l'ancien abribus et l'arrivée du nouveau ?
"Il faut bien enlever ces abribus pour pouvoir remettre des nouveaux. Il y a toute une procédure : boucher les anciens trous, refaire d'autres trous au sol, repositionner le nouvel abri, puis reboucher les nouveaux trous pour que ce soit opérationnel. Et ça prend quelques jours, d'autant plus en période caniculaire. Des usagers du Central à Charleville, ou du Cora de Villers-Semeuse - ma commune - ont donc vu les abris provisoires disparaître depuis lundi [11 juillet], mais on les a laissés le plus longtemps possible. L'objectif, c'est que chacune des entreprises sous-traitantes agissent : l'une a enlevé l'abribus, l'une va gérer les trous, Védiaud va repositionner son nouvel abri, et il faut encore reboucher après. Tout ça prend quinze jours, ça se planifie. On n'a malheureusement pas de solution pour que les usagers - notamment âgés ou handicapés - s'assoient ou s'abritent même si on y a réfléchi. Et il est impossible pour nous de faire le changement d'abri sur une seule journée, entre matin et soir."
Quels sont les retours du public ?
"J'ai été interpelé à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux par des usagers. J'entends qu'il s'agit d'endroits importants de Charleville-Mézières, mais toutes les communes d'Ardennes métropole ont connu le même phénomène. Dans ma commune, Villers-Semeuse, on est resté deux à trois semaines sans abri sur la place de la mairie. Les gens ont donc dû rester debout ou s'asseoir sur des murs un peu à côté. Je comprends bien que tout le monde veut que les travaux soient finis d'avant d'avoir commencé, mais on n'a pas le choix. On parle de délégations de marchés publics, de contrats qui sont partis pour dix à douze ans. On sera tranquilles pendant tout ce temps."
Je comprends bien que tout le monde veut que les travaux soient finis d'avant d'avoir commencé, mais on n'a pas le choix.
Jérémy Dupuy, vice-président d'Ardennes Métropole en charge des transports
Comment avez-vous matérialisé les arrêts dont l'abribus a été retiré ?
"Sur chaque abri qui a été démonté, les services de l'agglomération ont fait faire des grands panneaux d'un mètre, sur des barrières fournies par la ville de Charleville. Avec les horaires."
À quoi vont ressembler les nouveaux abribus ?
"Ils seront plus beaux esthétiquement... plus glamour. Les autres étaient là depuis dix ans, ils avaient un peu vieilli. Le grand changement, c'est qu'ils seront éclairés par des spots Led [diodes électroluminescentes; ndlr] à l'intérieur le soir et pendant l'hiver et ce sera écolo. Le design a aussi compté : chaque commune - il y en a 58 - pourra choisir la couleur de ses abribus, personnalisés. Des totems électroniques seront aussi placés pour permettre de donner des informations. Il sera aussi possible de [personnaliser] les abribus lors d'évènements comme le Cabaret vert ou le Festival international de la marionnette : c'était plus sympa en terme de communication. L'ancienne entreprise ne nous proposait pas tout ça. On savait donc que ça pourrait poser souci de repartir de zéro."
Combien ça va coûter ?
"Cela ne nécessite pas d'investissement de notre part. L'entreprise gagne de l'argent sur la publicité présente dans l'abribus. Plus la ville est attractive, plus il y a d'investisseurs. Védiaud a décidé de relever ce défi. En échange de l'installation et de l'entretien des abribus, ils ont l'ensemble des recettes des publicités. En démarchant assez d'annonceurs, c'est rentable pour elle."