Charleville-Mézières : un policier témoigne, "nous ne voulons plus subir les affres de cette hiérarchie !"

Ce vendredi 8 novembre 2019, un policier des services de police d’investigations du commissariat de Charleville-Mézières dans les Ardennes s’est confié sur le "malaise" qui règnerait actuellement dans le service, où 80 % de l’effectif est en arrêt maladie.

"C’est une pression constante quotidienne. Les collègues vont travailler dans un état d’esprit où il faut faire attention à ce qu’on dit à ce qu’on fait. Si vous êtes faibles, vous craquez très simplement. On a plusieurs personnes qui ont tenté de mettre fin à leurs jours dans ce service. Des enquêtes ont été menées, des gens n’osent pas parler par crainte, par peur de subir ensuite des représailles. Et ça devient trop compliqué pour eux de se rendre au service et de travailler librement, pour eux, c’est juste plus possible", confie un policier des services investigations du commissariat de Charleville-Mézières, qui a souhaité garder l’anonymat. 

Actuellement, quinze policiers de ce service sont en arrêt maladie suite "management de la hiérarchie intermédiaire", ce qui représente 80 % de l’effectif. Plusieurs tentatives de suicide ont eu lieu au sein de ce service, la dernière remonte à il y a deux ans et depuis, il n’y aurait pas eu d’enquête menée d’après ce policier.

Les policiers "à bout" auraient fait part de leurs craintes et du "malaise" qui régnerait dans ce service au directeur départemental et responsable du commissariat de Charleville-Mézières : "c’est quelqu’un avec qui ont peut dialoguer très facilement, on lui a exprimé notre mal-être, mais aucune mesure n’a été prise pour autant. On dénombre 55 suicides aujourd’hui dans la police au niveau national depuis le début de l’année, mais on laisse les collègues de Charleville dans cette situation. Jusqu’à quand ? Est-ce-qu’on attend un drame ? On a atteint un point de non-retour.  Bien sûr il y a eu des recadrages mais ils n’ont pas été suivis des faits. Il faut donc prendre des mesures concrètes."

Un mal-être qui dépasse le cadre du travail

La pression au travail rejaillirait sur la vie personnelle des policiers : "Quand ils rentrent chez eux, les collègues ne sont pas sereins, certains sont devenus insomniaques, ils vont donc au travail fatigué et quand on est fatigués, on est irritables, ça joue sur la vie de famille."

Nous voulons pouvoir travailler sereinement
- Un policier de Charleville

Les policiers de ce service ne souhaitent qu’une chose : "des mesures concrètes, puisque les recadrages multiples n’ont rien donné. Ce qui fait tenir les collègues au quotidien, c’est leur besoin de servir, leur besoin d’être proche des victimes, c’est aussi pour ça qu’on choisit de s’orienter vers des carrière dans l’investigation, pour pouvoir se sentir utile, atténuer la peine des gens et aujourd’hui on ne peut plus le faire correctement. Nous voulons pouvoir travailler sereinement, librement, pouvoir nous rendre au service chaque matin sans avoir à subir cette pression, et nous mettre au service du citoyen et de l’état sans avoir à subir les affres de cette hiérarchie." 

La préfecture des Ardennes a été saisie de ce dossier. La hiérarchie que nous avons contactée n'a pas souhaité répondre à nos questions. 
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