Pour la première fois en France, ce vendredi 26 juillet, à l'aérodrome Etienne Riché de Charleville-Mézières, des personnes en situation de handicap mental, ont pu sauter en parachute. Une journée organisée avec l'aide de la Fédération Française de Parachutisme et une entreprise de parachutisme.
À 4.000 mètres d'altitude, le petit avion file entre les nuages au-dessus des Ardennes. A son bord, ses sept passagers se serrent dans la carlingue. La porte va bientôt s'ouvrir. Arnaché à un moniteur, pour la première fois de sa vie, Pierre va bientôt sauter dans le vide. Ce vendredi 26 juillet, il est l'un des six pensionnaires du foyer de vie Jean Lombard d'Avesnelles dans le Nord, à participer à une journée exceptionnelle de découverte du parachutisme, destinée aux personnes en situation de handicap mental.
Plus de de 40 secondes de chute libre, et plusieurs minutes portés par le parachute déployé. Aux côtés de son moniteur, en tandem, le jeune homme ne s'est pas dégonflé. Il a même pensé à réaliser la chorégraphie, à la spiderman, qu'il avait préparée pour l'occasion. Après l'atterrissage, et quelques secondes pour se remettre de ces émotions fortes, quand on lui demande "comment c'était?", il n'hésite pas une seconde avant de répondre "bien !".
Ça s'est super bien passé ! Il n'a pas eu de stress du tout à la montée, il a bien assimilé les consignes, et à la porte il a eu la position parfaite ! À la chute, nickel, il a fait un saut impectable !
- Cyril Lancry, moniteur de parachutisme
Ouvrir le parachutisme
Sans cette journée, organisée avec l'aide de la Fédération Française de Parachutisme, et de l'entreprise "Sauter en parachute", Pierre n'aurait probablement jamais connu les sensations fortes du vol en tandem. En France, cette activité n'est pas accessible aux personnes en situation de handicap mental. À l'origine de cette première, Lise Leduc, monitrice de parachutisme et fille de deux éducateurs spécialisés, l'a constaté très tôt : "je suis entrée en formation de moniteur, et je me suis rendue compte que ce public n'avait jamais accès à ce milieu". Avant même la fin des cours, elle se lance "je me suis mise à créer une journée exprès pour leur faire découvrir."C'est une forme d'injustice que certains puissent avoir accès au parachutisme, et qu'à d'autres, on ne propose pas du tout l'idée
- Lise Leduc, monitrice de parachutisme
Pour mener ce projet à bien, elle s'est rendue deux fois dans le foyer de vie Jean Lombard, de l'APAJH Nord. "Je leur ai montré des vidéos de parachutisme, pour leur amener l'idée", raconte-t-elle. "Je me suis rendue compte qu'il y avait pas mal de motivés". La monitrice leur a expliqué en quoi allait consister le saut, comment il se déroulerait. Une sortie sur l'aérodrome de Charleville-Mézières a également été organisée, pour que les volontaires puissent voir les lieux, l'avion et le matériel. Au final, six candidats au saut étaient présents ce vendredi.
Pour les accompagner, un éducateur du foyer était présent dans chaque vol de l'avion, avec un seul bénéficiaire de la journée par trajet. Comme lors des baptêmes classiques de parachutisme, les candidats pouvaient renoncer jusqu'au dernier moment. Deux d'entre eux l'ont fait, et ont simplement profité du tour en avion. Quant aux autres, l'expérience leur a visiblement plu : "ils ont même envie de refaire un saut !", confie Lise Leduc, le sourire aux lèvres.