Lors de la disparition d'un proche, l'inhumation classique est encore l'acte funéraire le plus choisi en France, mais une tendance se détache avec la crémation du défunt, et l'urne personnalisée. Un choix qui progresse dans les Ardennes.
 

On ne choisit pas grand-chose au jour du grand voyage. Ni la date, ni le lieu, ni la manière de s'y rendre.
En revanche, on peut laisser des consignes, fixer ses dernières volontés et prévoir son ultime demeure, en choisissant l'inhumation ou la crémation de son corps.

C'est toujours compliqué de dire "c'est tendance" quand on parle du choix de la crémation pour de nombreuses personnes aujourd'hui. Pourtant les chiffres sont là : en 2017, sur les 603.000 personnes décédées en France, 36,67% avaient choisi d'être incinérées, 7.937 de plus qu'en 2016 par exemple.
 

"La crémation : c'est exponentiel dans les Ardennes"

J'ai bien choisi mon jour, ce mardi 28 janvier de grisaille à Charleville-Mézières, où même le ciel pleure, pour évoquer le choix des urnes funéraires. C'est dans le bureau d'une grande maison de pompes funèbres et marbrerie de la cité que j'ai rendez-vous ce matin. Sur la table en chêne, un distributeur de mouchoirs est à disposition. Pas de doutes, je suis au bon endroit. L'équipe de professionnels me fait bon accueil et les mots sont précis.
 

Pas de tristes mines dans cet horizon funeste, la grande vitrine pleine de lumière vous fait oublier la finalité des lieux. L'homme qui nous guide dans les coulisses du dernier jour s'appelle Eric Dureux, il est ordonnateur funéraire. "C'est exponentiel dans les Ardennes!" dit-il. " C'est un mode de sépulture  qui faisait peur à une certaine époque, mais qui est rentré dans les mœurs aujourd'hui. On a des semaines où on ne fait que des crémations, et d'autres où ne fait que des inhumations. Il n'y a pas de règles, mais on constate que les personnes souhaitent de plus en plus se faire incinérer".
 


Inhumation ou crémation, la même rigueur, le même respect

Pour son dernier rendez-vous avec la famille, le défunt a droit à tous les égards. Sa présentation doit être parfaite. Eric Dureux rappelle toutefois les subtilités du choix final de la crémation : "le corps est préparé au même titre que pour une inhumation : il y a l'habillage, l'installation en chambre funéraire, la mise en bière et la fermeture du cercueil. C'est commun aux deux choix".

Ce qui va changer avec la crémation, ce sont les scellés qui vont être apposés par la police nationale pour le transport du corps au crématorium de Prix les Mézières.
- Eric Dureux, ordonnateur funéraire Pompes funèbres Tavernier Charleville-Mézières

"A ce stade, les familles ont déjà choisi l'urne pour récupérer les cendres de leur proche," ajoute-t-il, "l'urne part avec le cercueil au crématorium. Il y a une étiquette de traçabilité sur chacune d'elle avec le nom, le prénom, la date de naissance et de décès." 


Une pierre volcanique posée sur son cercueil

Etrange mais tellement important. Dans un souci de rigueur et de traçabilité, une pierre volcanique, une sorte de médaille frappée avec le numéro unique fourni par le service de crémation, est posée sur le cercueil avant la crémation. "C'est pour ensuite retrouver et identifier les personnes incinérées," explique Eric Dureux. "Il y a la date, l'année et donc un numéro pour chaque corps. Cette pierre est mise sur le cercueil. Elle part dans le four et elle est retrouvée dans les cendres au final et mise dans l'urne également".

Le jour où il y a une réquisition judiciaire, on retourne les cendres dans un tamis et on retrouve cette pierre numérotée. Un corps égal une pierre.
-Eric Dureux, maître de cérémonie, maison Tavernier Charleville-Mézières


"L'urne de maman, on pourra la toucher"

Dans un coin de la pièce, une famille est prise en charge pour une prochaine cérémonie. Les yeux hagards, le pas est hésitant au milieu des allées d'exposition d'objets funéraires. Ici, c'est une maman qui s'en est allée. Eric doit trouver les mots justes. Mais la personne a laissé des consignes précises et Jérôme, le fils, va tout faire pour les respecter.

En parcourant du regard les messages en lettres d'or des plaques de marbre, il nous vide son cœur : "notre mère est décédée à l'âge de 63 ans. Elle avait tout prévu. La crémation, c'est sa volonté. Nous, on a choisi l'urne, on l'a personnalisée avec une plaque, une photo." Comme elle voulait être sur le monument familial avec ses parents au cimetière de Montcy Saint-Pierre, son urne sera scellée, collée sur le marbre de la tombe.

Comme ça on pourra toucher l'urne, il y a plus de proximité.
Jérôme Gremy, fils de la défunte


Fini les cendres dans l'urne du salon

Il existe deux sortes d'urnes pour la récupération des cendres ou des calcites osseux (selon les termes exactes de la crémation d'un corps) : 
1) L'urne classique, qui sera scellée, son couvercle collée après l'incinération du défunt 
2) l'urne de dispersion qui sert uniquement pour éparpiller les cendres dans un cadre bien précis.

L'urne classique peut être en plastique, pour les premiers prix autour de 40 Euros, en fer, en marbre ou en granit. Elle est destinée à être installée dans un columbarium, de grandes étagères de marbre construites en général en forme de monument.
 


On peut également enterrer son urne sur une concession, la mettre dans un caveau familial, la coller sur le dessus d'une tombe ou dans un cavurne, un mini-caveau avec une plaque de marbre.
Dans tous les cas, depuis la loi du député Jean-Pierre Sueur en 2008, on ne peut plus prendre les cendres d'un proche, son urne, chez soi. C'est interdit.

Selon cette loi, " Le résultat de la décomposition d'un corps suite à la crémation est assimilé à un corps humain, c'est un défunt au même titre qu'une personne inhumée." Ainsi, "tout comme on n'aurait pas l'idée de couper un membre sur un corps pour le conserver chez soi, les cendres d'une urne funéraire ne peuvent être divisées, dissociées ou mélangées à un autre corps," explique-t-on.

De plus, une fois installée dans son endroit, l'urne ne peut pas être bougée, ni extraite de son logement ou remplacée par une autre sans autorisation. Toutes démarches dans ce sens revient à faire une exhumation.

Où peut-on disperser les cendres d'un proche selon sa volonté?

Dans les dernières volontés de certaines personnes, il est peu courant, mais pas rare, d'apprendre que les cendres devront être dispersées dans des endroits isolés. Pour cela, c'est un type d'urne bien spécifique avec un opercule sur le dessus, qui sera utilisé pour respecter le choix du défunt. Les cendres emprisonnées dans le contenant en matière légère ne pourront être libérées qu'en perçant l'urne au moment de la cérémonie.

Mais, là encore, on ne peut pas disperser à tout va. "Les cendres ne doivent pas retomber sur la voie public," prévient Eric Durieux. Et d'ajouter : "Tous les lieux publics sont également interdits. On peut disperser dans les airs uniquement en surplomb d'espaces naturels dépourvus de voies publics. En mer, il faut s'éloigner de 300 mètres des côtes."

Pour les plus terre à terre, reste le jardin du souvenir, un carré d'herbe bien agencé en général dans un coin du cimetière. L'endroit est obligatoire dans les communes de plus de 2000 habitants. Les cendres y sont déverssées et rendues à la nature, selon le souhait de la personne. 
 
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