Alban Préaubert, Romain Ponsart… les figures carolos du patinage artistique sont unanimes. A l'occasion des championnats de France junior de patinage qui se tiennent à Charleville ce 8 février, ils saluent la démission du président de la Fédération des sports de glace, Didier Gailhaguet. 

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"C'est dommage que la lumière sur le patinage artistique soit faite dans ce contexte." A la patinoire Elena Issatchenko de Charleville-Mézières où se tiennent les championnats de France junior de patinage, bénévoles, parents de patineurs et professionnels partagent le même discours. Tous regrettent un coup de projecteur malheureux sur le sport qui les réunit. Ce samedi 8 février, après dix jours de polémique houleuse, Didier Gailhaguet a présenté sa démission de la présidence de la Fédération française des sports de glace (FFSG). Une décision qui fait suite aux révélations de l'ancienne patineuse Sarah Abitbol, qui accuse son ancien entraîneur de viol et d'agressions sexuelles. 

Là, forcément, ça ne va pas attirer les enfants dans les patinoires et je le comprendrais tout à fait. Personnellement, j'aurais un enfant, je ne le mettrais pas dans une patinoire avec des histoires pareilles.
- Romain Ponsart, patineur international originaire de Charleville-Mézières. 


"Je ne pouvais pas cautionner le maintien de Didier Gailhaguet à la fédération"

A l'annonce de la démission, l'enfant du pays, connu de toute la patinoire, ne peut masquer un sourire franc. Lui qui a connu de nombreux déboires avec la fédération ne pouvait que saluer une telle décision. Tout comme Alban Préaubert, ancien cadre de la FFSG qui a démissionné mardi 4 février. Devant l'entêtement de son patron, l'ancien patineur carolo n'a pas supporté de continuer dans ses fonctions. "Je ne pouvais pas cautionner le maintien de Didier Gailhaguet à la fédération, même si lui, reconnait des erreurs mais pas des fautes", souligne-t-il. Du haut des gradins, celui qui a grandi sur la glace carolo profite désormais du spectacle, sans contraintes professionnelles. Ses anciennes fonctions ne sont jamais très loin. 

Il va falloir très rapidement prendre des mesures et repartir sur des bases plus solides et plus saines, plus bienveillantes.
- Alban Préaubert, ex-patineur international.


"Pour nous, en temps que patineurs, c'est difficile à vivre car on a du mal à croire que ça ait pu se passer dans ce milieu. Ce n'est pas une génération que j'ai connue, mais ça attriste de voir une patineuse comme Sarah, qui a commencé le patinage par passion, par amour du sport et en arriver là, que ça lui détruise sa vie", abonde Romain Ponsart. Et le patineur international d'ajouter : "Je suis vraiment déçu et triste et de voir que le patinage ait cette image-là en France et à l'étranger."

 

Soulagement général à Charleville

Du côté du Charleville Sports de Glace, l'heure est aussi au soulagement. Annick Ancelet, la présidente du club, espère que la démission permettra un nouveau départ pour le sport, dont la fédération comptait plus de 22.000 licences en 2012, selon le ministère des Sports (dont plus de 80% sont des femmes). Durant toute la matinée précédant sa démission, la Carolo "était hésitante sur sa réaction"

Là, je pense qu’il a pris la bonne décision. Sans sa démission le ministère retirait l’agrément à la fédération, et là, cela était dramatique pour les clubs. S’il l’a fait pour le sport, c’est bien !
- Annick Ancelet, présidente du Charleville Sports de Glace.

 

Au stand de gaufres à l'entrée de la patinoire, les bénévoles saluent également la décision du président. Jessica, maman de deux patineuses de 15 et 10 ans, était effarée quand elle a appris les révélations de Sarah Abitbol. "J'étais choquée quand j'ai appris la réaction des parents des patineuses, qui préféraient croire l'entraîneur plutôt que leurs enfants", dit-elle, interloquée. Il faut dire que la mère de famille mise sur le dialogue ouvert et sans tabou. "J'ai fait de la gym et très jeune, ma mère m'a de suite alertée sur le comportement que pouvaient avoir certains entraîneurs. A l'époque, des scandales avaient éclaté en Russie et elle m'avait demandé de faire très attention." 
 

Des règles strictes à Charleville

L'Ardennaise choisit alors de reproduire les mêmes comportements avec ses filles quand elles s'inscrivent au club carolo. "Depuis qu’elles sont dans le sport je leur ai expliqué qu'il y a des règles, explique-t-elle. Par exemple, en compétition si un parent ne peut pas venir, il est hors de question de prendre un enfant dans la chambre. Il n'y a pas d’entraînement quand ils sont trop peu nombreux et les entraîneurs, deux femmes, n'ont pas le droit de rentrer dans les vestiaires." Des règles strictes qui n'empêchent pas les jeunes filles d'adorer leurs coachs. "Nous avons une entière confiance", souligne Jessica.

Didier Lucine, l'entraîneur influent d'Annecy, a pris de gros risques. C'est l'un des premiers à s'être prononcé contre Didier Gailhaguet. Ce samedi 8 février, il est heureux d'apprendre la nouvelle. "Je pense que c’est une bonne chose on va pouvoir se concentrer sur le sport. C’était difficile à vivre pour tout le monde. C’est le début de la fin de l’omerta", analyse-t-il, lisant des SMS de soutien. "Beaucoup me disent : 'On sait les risques que tu as pris en t'exposant. Mais il fallait parler.' Il faut maintenant une restructuration de la fédération. J'espère que des jeunes talents arriveront."
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