ENTRETIEN. Pays, la revue qui consacre 168 pages aux Ardennes en cinq questions

Un "guide journalistique" de 168 pages sur les Ardennes. C'est ainsi que se présente le dernier numéro de la revue Pays, fruit de six mois de travail sur le territoire. Entretien avec Manon Boquen, rédactrice en chef de la revue.

La revue indépendante "Pays" consacre, en ce mois de décembre 2023, une revue entièrement dédiée aux Ardennes. "Publiée deux fois par an, Pays est une revue faite et imprimée en France. À chaque numéro, Pays se consacre à un seul et unique territoire. Qu’il s’agisse d’une ville, d’une région ou d’un quartier, Pays ajuste la focale pour traiter des problématiques globales par l’angle du local".

Après Saint-MaloLe VercorsParis-Belleville, et Mayotte, voici donc Pays spécial Ardennes. Un guide journalistique réalisé en six mois. "Les Ardennes et les épaisses forêts qui les recouvrent ont rejoint depuis de longues années le triste palmarès des départements à perdre des habitants. De la métallurgie au CS Sedan. Le temps de l’abondance n’aura pas duré pour Charleville-Mézières, Rethel, Givet et ses voisines".

Dans le « pays » d’origine d’Arthur Rimbaud "foisonne la vie culturelle, à commencer par le festival mondial des théâtres de marionnettes et le festival musical du Cabaret vert. La contrée des sangliers cherche aussi à valoriser ses richesses naturelles, fleuves, forêts et même ses nombreuses légendes. De là à lui donner une nouvelle vitalité ? Enquêtes, reportages, portraits, cartes et infographies, Pays passe par un territoire pour mieux appréhender notre société", explique le comité de rédaction.

Comment est née la revue Pays, et quelle est l’ambition de ce projet ?

Pays, c'est un projet qu'on a lancé à quatre en 2020 pendant qu'on était confinés tous ensemble en Bretagne. Il y a Christelle Perrin qui est graphiste, Benoît Michaëly, qui est photographe, Baptiste Thevelein, chef d'entreprise spécialiste du marketing et la communication dans les médias et moi qui suis journaliste aussi pigiste pour la presse nationale. On est partis d’un constat qu'on avait ensemble, qui était qu'il manquait peut-être une place pour de l'information locale qui peut aussi avoir une résonance nationale. Une information qui pourrait être traitée plus en largeur que dans la presse locale, puisqu’en presse locale, on n’a parfois pas suffisamment de temps pour le faire.

On se disait que ça pouvait être l'occasion de porter un œil très précis sur un territoire. Même si on se focalise sur les Ardennes par exemple, il y a peut-être des choses qui vont raisonner en d’autres personnes qui ne connaissent pas ce département. Puis, avec le fait d'avoir ces quatre casquettes complémentaires entre nous, on s'est tout de suite dit que ce serait une revue papier. Tout est parti de ce constat-là, et aussi de la volonté de faire une revue indépendante. On ne voulait pas avoir de publicité pour pouvoir traiter le plus de sujets possibles sans avoir de frein, vis-à-vis d'acteurs locaux notamment. Une fois le territoire choisi, on contacte des journalistes pigistes sur place avec qui on travaille sur une période de six mois.

Vous avez donc travaillé six mois sur le département, comment avez-vous choisi les Ardennes ?

En fait après le premier numéro sur Saint-Malo où on avait choisi le territoire tout seuls. On s'est dit que ça serait sympa de faire voter les personnes qui nous suivaient et nos abonnés. On a refait la même chose pour les numéros suivants, que ce soit le Vercors, Paris-Belleville, Mayotte ou maintenant les Ardennes. À chaque fois, on présélectionne trois idées qui nous intéressent, en essayant d'avoir des lieux un peu différents à chaque fois et puis aussi d'avoir des thématiques qui peuvent être différentes sur chaque territoire.

Après Mayotte, on n’était pas encore allés dans le nord ou dans l'est de la France et on avait aussi envie de parler aussi des questions de désindustrialisations, etc. C'était des sujets qu'on n'avait pas encore eu l'occasion de traiter donc on a ciblé plutôt nos trois idées de territoire sur cette partie géographique de France et ce sont les Ardennes qui l’ont emporté haut la main.

On était très contents et aussi surpris parce qu'on a reçu pas mal de commentaires de personnes qui disaient qu’elles ne savaient pas vraiment placer les Ardennes sur une carte. Du coup, ça nous intéressait d’en savoir plus et de faire connaître ce territoire un peu partout.

En six mois de travail sur le département, quels souvenirs marquants retenez-vous des Ardennes ?

On n'était jamais venus, donc on a découvert beaucoup de choses. Comme le feront les lecteurs aussi avec la revue je pense ! Ce qui m’a marqué, c’est que malgré les problématiques qu'il peut y avoir, à l’image des industries qui sont parties, etc. On a senti dans différents sujets une forte envie de se débrouiller malgré tout, même si les institutions ne sont pas toujours présentes ou ont du mal à suivre. Je pense que c'est quelque chose qui est assez révélateur des Ardennes. Et puis, on a vu aussi une grande fierté d'être Ardennais, mine de rien ! Les Ardennais sont fiers de l'être, et ça, c'était chouette à découvrir.

Je retiens aussi les points de vue. On a découvert le Tchar Scaille avec Philippe Bodart, par exemple. C’est un restaurant au milieu de la forêt avec une vue surplombante sur la forêt. Ça, c'était vraiment marquant. Et puis, même si ce n’est pas très original, la Vallée de la Meuse. Ce sont des paysages vraiment magnifiques.

Que peut-on s’attendre à retrouver dans cette revue ?

De longs articles ! Il y a des interviews, des reportages, des portraits... Les genres sont assez différents, et il y a aussi tout le côté photographie. Vu que la revue est carrée, les photos sont en pleine page, donc l'image aussi est importante dans Pays. On aime aussi utiliser la cartographie. Donc des cartes ou des infographies des fois… Mettre en infographie des données chiffrées, ça fait tout de suite plus envie. On essaie de mélanger un petit peu tout ça pour que ça ne soit pas indigeste, mais qu’on ait au contraire envie de rentrer dans les sujets de diverses manières et découvrir ce portrait des Ardennes. Même si en 168 pages, on ne peut pas tout évoquer, on essaie d'en faire le maximum.

Au niveau des sujets, on essaie de faire au plus varié. Me viennent en tête des sujets sur la pollution industrielle, le football avec le CS Sedan évidemment, ou encore un qui nous a marqués sur la jeunesse ardennaise. Celui-ci traite de comment s'occuper dans les Ardennes quand ce n’est pas toujours facile de se déplacer, etc. On suit une bande de jeunes adolescents un peu partout, qui nous racontent leurs étés, ou montrent comment profiter des vacances malgré tout…

Où peut-on se procurer le numéro spécial Ardennes ?

Elle est disponible sur notre site internet et en librairie. On était dans le département ce week-end pour faire des rencontres en librairie, et on reviendra en février pour faire un quiz sur les Ardennes à Charleville-Mézières. J'en profite pour dire que la revue ne vit que grâce à nos lecteurs étant donné qu'il n'y a aucune publicité, donc leur soutien est important pour nous.

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