1995, l'année où les Ardennais ont vécu "l'inondation du siècle"

Suite aux inondations dans le nord de la France, 205 communes du Nord et du Pas-de-Calais ont été reconnues en état de catastrophe naturelle ce mercredi 15 novembre. De quoi rappeler de mauvais souvenirs aux Ardennais, qui vivaient en janvier 1995 la plus grosse inondation de l'histoire du département.

Les inondations du siècle. Voilà comment résumer en quatre mots l’impressionnant épisode de crues qu’a traversé le département des Ardennes en janvier 1995. À son plus haut niveau historique, la crue de la Meuse atteint les 6,15 mètres, plongeant (une nouvelle fois) les habitants dans le chaos et le ralenti.

Déjà deux ans auparavant, le 23 décembre 1993, une inondation avait causé de nombreux dégâts et profondément marqué les Ardennais. Avec une crue de 5,78 mètres, accéder au centre de Charleville-Mézières était presque devenu mission impossible. Deux ans plus tard, alors que le département se remet à peine de la catastrophe, le record est battu de 37 centimètres.

Habitants et secours avec de l’eau jusqu’aux hanches, personnes âgées évacuées sur brancards, évacuations sur barques avec gilets de sauvetage, panneaux de signalisation noyés… Les images impressionnent et font remonter de mauvais souvenirs, même 28 ans après.

Un lourd bilan

Sur l’ensemble du département, le bilan est lourd : 3 morts (une personne âgée et deux gendarmes), 5 000 habitations inondées, 12 000 personnes évacuées, 10 125 personnes au chômage technique, une cinquantaine d'entreprises industrielles et près de 600 commerces abandonnés. Certaines communes sont plus touchées que d’autres, à l’instar de la ville de Givet, contrainte d’évacuer 2 500 de ses 8 000 habitants.

Le récit d'un épisode cauchemardesque, qui a notamment provoqué la venue d’Edouard Balladur, alors Premier ministre, dans les rues de Charleville-Mézières, sans grand succès. Au micro de France 3, de nombreux Ardennais se plaignent à l’époque de la gestion du fleuve : “ces inondations ne sont qu’une conséquence inéluctable de décennies où rien n’a été fait pour dompter le fleuve”, assène un habitant désolé. À côté de lui, le discours est similaire : “les responsables, c’est tous les gouvernements que nous avons eus depuis la guerre”.

Dès 1996, comme une réponse aux critiques et au danger, l'Etablissement public d'aménagement de la Meuse et des affluents (EPAMA) est créé. Ses missions : lutter contre les inondations, préserver, gérer et restaurer la biodiversité des écosystèmes aquatiques et des zones humides.

Si les Ardennes n'ont pas connu d'aussi grosses crues depuis, il est toujours impossible d'affirmer que le problème appartient au passé. En témoignent les nombreuses récidives depuis, notamment celles de juillet 2021, où le niveau de l'eau a presque atteint les 3,50 mètres.