Après la mort par arme blanche d'une femme de 23 ans à Charleville-Mézières (Ardennes) le 31 décembre 2022, le procureur de la République de Reims a tenu une conférence de presse ce 2 janvier pour faire le point sur l'affaire. Le compagnon de la victime a été mis en examen.
Une femme de 23 ans est morte suite à de graves blessures à l'arme blanche le 31 décembre 2022 à Charleville-Mézières, dans les Ardennes. Son compagnon, âgé de 25 ans, s'est rendu aux forces de l'ordre le même jour. Il est soupçonné d'être à l'origine du décès de la jeune femme.
Le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, a tenu une conférence de presse ce lundi 2 janvier 2023. Il a notamment indiqué qu'il avait réclamé le placement en détention provisoire du suspect. Il a également donné plus de précisions sur le contexte qui entoure les faits.
Une plainte déposée en octobre
Le couple avait emménagé ensemble en juillet 2022, rue de Verdun. La victime, prénommée Émilie, s'était rapidement plainte auprès de ses proches de la jalousie de son compagnon, Keyshawn. Ils se connaissaient de longue date, elle était née en Guyane française, lui au Guyana, pays situé comme la Guyane française au nord du Brésil. Mais ils s'étaient retrouvés en métropole au printemps 2022.
En octobre 2022, elle avait porté plainte contre lui pour violences conjugales, indiquant à cette occasion qu'elle avait déjà été victime de sa colère dès l'été 2022. La famille de la victime avait alors fait pression pour qu'il quitte l'appartement commun, ce qu'il avait fait.
Suite à sa plainte, Émilie devait aller à l'unité médico-judiciaire fin octobre, mais ne s'y était pas rendue. Quelques semaines plus tard, au mois de novembre 2022, le couple avait choisi de reprendre une vie commune. La jeune femme était retournée au commissariat le 6 décembre pour retirer sa plainte.
Des enfants présents lors du drame
La veille des faits, quatre enfants étaient présents dans l'appartement avec eux : deux enfants d'Émilie, nés d'une précédente relation, et deux neveux de la jeune femme, selon le récit fait par le frère d'Émilie. C'est le seul qui a pu être entendu pour l'instant, les autres membres de la famille étant trop choqués pour témoigner.
Dans la nuit du 30 au 31 décembre 2022, une violente dispute a éclaté entre eux. Toujours selon le récit du frère, le plus grand des enfants a alors prévenu par SMS la mère de la victime. Lors d'un appel vidéo dans la nuit, Émilie lui a alors assuré qu'il n'y avait pas de danger et qu'il s'agissait d'une dispute verbale.
Mais vers 6h du matin, sa mère - inquiète - s'est rendue sur place. Elle a pu échanger, non sans difficultés, avec le couple avant de quitter l'immeuble. Quelques instants plus tard, entendant des cris, elle a repris la direction de l'appartement. Avec l'aide d'un de ses fils, elle a pu rentrer dans le logement, où elle a découvert sa fille ensanglantée. Son compagnon était alors introuvable.
Une heure plus tard, il s'est rendu aux forces de l'ordre. Le décès d'Émilie a été constaté vers 9h à l'hôpital.
30 plaies par armes blanches
Une autopsie a été pratiquée le 1er janvier sur le corps de la victime. Elle a permis de mettre en évidence 30 plaies par armes blanches. Selon le rapport médico-légal, elles proviendraient de deux armes différentes. La jeune femme a notamment été victime d'une performation du poumon et d'une "hémorragie sanguine massive". Deux couteaux à la lame pliée ont été découverts dans l'appartement.
Le compagnon de la victime, placé en garde à vue, a reconnu les faits. Il a expliqué aux enquêteurs avoir appris une semaine avant les faits qu'il avait une maladie sexuellement transmissible, vraisemblablement inoculée par l'intermédiaire de sa compagne. Ce sujet a été à l'origine de plusieurs disputes.
Le 31 décembre au matin, après la visite de la mère de la victime, Émilie se serait, selon les dires du suspect, munie d'un couteau et fait un geste en sa direction. Il l'aurait alors désarmée et aurait paniqué avant de la frapper avec le couteau, la faisant tomber au sol.
Il aurait alors été "enragé", selon ses propres mots utilisés en garde à vue, et porté plusieurs coups à la jeune femme, notamment au cou et au thorax, si bien que la lame du couteau se serait pliée. Il ne s'est arrêté que quand Émilie lui aurait indiqué que son fils était témoin de la scène. Il aurait alors pris la fuite.
Le procureur a indiqué avoir sollicité l'association d'aide aux victimes pour apporter tout le soutien psychologique nécessaire aux enfants et à la famille de la défunte.
Déjà condamné à plusieurs reprises
Le suspect a déjà été condamné par la justice pour des faits de diverse nature : complicité de meurtre, violences avec usage ou menace d'une arme, trafic de stupéfiants. Mais il avait purgé l'ensemble de ses condamnations.
Le mis en cause, qui bénéficie de la présomption d'innocence, a été mis en examen pour meurtre par conjoint en récidive et placé en détention provisoire, conformément au souhait du procureur. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.