Le Parlement Européen a tranché : la vente de véhicules neufs à moteur thermique sera interdite à compter de 2035. Les salariés de l’usine ardennaise Stellantis (ex-PSA) redoutent une baisse d’activité.
Pour les 1650 salariés de l’usine Stellantis dans les Ardennes, le vote des eurodéputés a été reçu comme un coup de massue. A Strasbourg mercredi 8 juin, les parlementaires européens ont pris une décision radicale. Fini les moteurs diesel, essence ou hybride, en 2035 toutes les voitures vendues sur le sol européen devront fonctionner à l’électricité. L’objectif des européens est de réduire de 100% les émissions en CO2 des voitures et des camionnettes sur le continent à cette date.
« Cette réglementation européenne s’ajoute à un contexte compliqué pour l’industrie automobile fortement impactée par la crise des semi-conducteurs et les conséquences de la guerre en Ukraine. », s’inquiète Renaud Maguin, opérateur à Stellantis. Pour l’heure, la plus importante fonderie en Europe fabrique essentiellement des culasses pour les moteurs thermiques. De quoi craindre une diminution progressive du nombre d’employés sur le site ardennais. « On redoute 30 à 40 % de réduction d’effectifs. J’approche la cinquantaine alors si je perds mon emploi, il sera difficile d’en trouver un autre. », s’alarme François Cazeaux, secrétaire syndical CGT à Stellantis.
Je crains que cette usine ne devienne une PME
Fabien Bujon, opérateur à Stellantis
Seule une infime partie de la production s’oriente vers l’électrique ou des pièces utilisables sur n’importe quel type de voitures. « Ce n’est qu’un début et ce n’est pas sûr que la quantité de la production suffise à maintenir l’intégralité des emplois. », redoute pessimiste Renaud Maguin. « Je crains que cette usine ne devienne une PME », ajoute Fabien Bujon, lui aussi opérateur dans la fonderie. « Les voitures citadines du groupe comme la C0, la 208, la 2008 ou l’Opel corsa existe déjà en électrique mais on ne les fabrique pas à Charleville. Je ne vois pas pourquoi cela changerait du jour au lendemain.»
La réforme européenne doit désormais être ratifiée par tous les Etats membres à la fin du mois de juin. Si le suspense n’est pas grand quant à cette formalité, cette ultime étape institutionnelle n’est pas le seul obstacle à la mise en place effective de ce nouveau règlement. « Est-ce qu’on sera capable de passer de 60000 à un million de bornes de rechargement électrique dans les délais imparti ? Est-ce qu’on sera capable de fournir l’électricité pour alimenter tant de véhicules ? Est-ce qu’on sera capable de fabriquer assez de batteries, de les recycler et dans quelles conditions écologiques ? », interroge Sébastien Guenet, délégué général adjoint de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) en Champagne-Ardenne.
Développer la formation
Sébastien Guenet veut tout de même croire que l’usine ardennaise saura se réinventer. A Charleville-Mézières, l’entreprise Hanon Systems fabrique déjà des pièces de refroidissement électrique. « La transition énergétique représente des opportunités », assure-t-il. « Il faut maintenant progresser dans la formation pour apporter les compétences aux salariés que nécessite cette nouvelle industrie. »