Nombreux sont ceux qui à l’heure de la retraite peuvent réaliser un rêve de jeunesse. C’est le cas de l’ancien secrétaire départemental de la CGT Ardennes, Pascal Lattuada. Après des années de syndicalisme, il est aujourd’hui artiste peintre.
Le 7 mars 2019, une page de l’histoire du syndicalisme ardennais s’est tournée. À l’occasion du 52ème congrès de l’Union Départementale de la CGT, une cheminote, Mélanie Martinet a été élue à la tête du syndicat dans les Ardennes. Elle succédait à Pascal Lattuada, fier de passer la main à une femme au moment de prendre sa retraite.
"J’aurais au moins l’honneur d’avoir proposé une femme pour me succéder", déclarait-il. "Dans ma vie, j’aurais fait ça !"
Aujourd’hui Pascal Lattuada est toujours engagé auprès de la CGT. Il est présent dans les manifestations, notamment celle qui sont organisées pour la défense des retraités.
Mais s’il n’a pas lâché les banderoles, la retraite lui a permis de prendre les pinceaux. À la CGT, son camarade Alain Janvre n’est pas surpris par la reconversion de celui qui fut éducateur à l’Institut Médico-Educatif de Montcy-Notre-Dame, près de Charleville-Mézières. "Il m’avait confié qu’il avait voulu être artiste quand il était jeune, et qu’il s’y mettrait à la retraite. Il l’a fait", raconte-t-il.
Alain Janvre évoque aussi son"look" : "Dans les manifestations, il détonnait. Il avait toujours un chapeau et de belles chaussures bicolores. Il n’avait pas l’image du militant CGT que l’on imagine". Ce camarade souligne également que la sensibilité artistique de Pascal Lattuada l’a conduit à porter sur les fonts baptismaux le off du off du festival des marionnettes de Charleville-Mézières qui se déroule à la Bourse du Travail.
Peindre en direct
Tout au long de son parcours de syndicaliste, Pascal Lattuada a eu à cœur de défendre des convictions. Il était dans le partage à travers la lutte. Sa volonté de continuer à se battre pour des idées, se concrétise encore aujourd’hui par sa présence dans les manifestations. Mais l’artiste qu’il est devenu a conservé le goût du partage. Sur sa page Facebook il propose des vidéos où on le voit peindre en direct.
Je peins depuis toujours. Gamin, je reproduisais les tableaux des impressionnistes.
Pascal Lattuada, plasticien.
"Les réseaux sont importants", dit-il. "Peindre ainsi constitue un challenge et je trouve intéressant de raconter en même temps le parcours de celui dont je réalise le portrait".
L’une de ses dernières œuvres est une aquarelle représentant Albert Camus. Le peintre ardennais reconnaît volontiers qu’il choisit ses modèles plutôt à gauche.
"Je peins depuis toujours", confie Pascal Lattuada. "Gamin je reproduisais les tableaux des impressionnistes. Puis à un moment, j’ai eu envie d’inventer mon propre style". Le plasticien le définit comme du "triangulisme", le triangle étant une des bases de son travail. "Ces figures géométriques me permettent de symboliser le mouvement que je recherche en permanence".
Le goût de la culture
La culture et le mouvement ont toujours été au cœur de la vie de pascal Lattuada. "En tant qu’éducateur j’ai participé à l’action d’une association qui proposait des spectacles de marionnettes" se souvient-il. "Educateur c’était déjà être un peu militant. J’étais sympathisant, mais quand les 39 heures sont arrivées, les conditions de travail ont changé. C’est à ce moment que je me suis engagé dans le syndicalisme. À la CGT, je m’occupais de la santé et de l’action sociale au niveau régionale". Le syndicalisme a occupé sa vie, mais à l’âge de la retraite le goût de la culture a ressurgi. Pascal Lattuada s’est souvenu de la formation de trois ans qu’il avait suivie, en tant qu’éducateur en art-thérapie. Un des intervenants venait des Beaux-Arts de Londres. Il lui avait dit : "Arrête de faire du beau, fais du vrai !"
Aujourd’hui le plasticien ardennais s’exerce à suivre ce conseil. Il a en projet un tableau de 2,70 mètres par 2,10. Il entend revisiter le célèbre radeau de la méduse de Géricault.
S’il a "levé le pied avec le syndicat", il est engagé au PCF. Il annonce un concert pour la paix. Il aura lieu les 4 et 5 novembre au Forum de Charleville-Mézières. À 66 ans, Pascal Lattuada ne manque pas de projets.