Meurtre de la Ronde-Couture. Le résumé des trois premiers jours du procès à Charleville

Quatre personnes sont jugées pour le meurtre de Jaouel Rondeau, résidant au quartier de la Ronde-Couture à Charleville-Mézières. Le 23 juin 2014, l'homme de 28 ans avait trouvé la mort dans une fusillade dans un salon de thé.

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Quatre personnes comparaissent depuis le 15 décembre au tribunal de grand instance de Charleville-Mézières pour le meurtre d'un jeune résidant du quartier de la Ronde-Couture. Le 23 juin 2014, un salon de thé a été ciblé par un tireur. La fusillade a entraîné la mort de Jaouel Rondeau, 28 ans, et causé au propriétaire des lieux des blessures graves.

Le témoignage des enquêteurs, vendredi 15 décembre, permet de comprendre que la fusillade est consécutive d'une bagarre entre deux "clans" familiaux du quartier carolomacérien. Le soir du crime, alors que l'équipe d'Algérie vient de remporter la victoire face à la Corée du Sud en Coupe du monde de football, un homme circule en quad avec grand bruit. Il est aux alentours de minuit et Oswaldo, soucieux du sommeil de ses enfants et énervé, descend de chez lui et désarçonne le conducteur, un dénommé Aurélien Noizet.


La réunion du Bois Portant

Madjid et Abdelaziz Abbad viennent alors à la rescousse du jeune homme. Les deux frères ont été condamnés en février 2017 à cinq ans de prison pour trafic de stupéfiants, au même titre qu'Aurélien Noizet. Tous trois se trouvent dans le box des accusés. Une animosité ancienne anime les Rondeau-Esteves et les Abbad dans leurs relations de voisins.




La bagarre qui s'en suit est violente. Blessée par les membres de la famille Rondeau - dont Oswaldo fait partie -  la fratrie Abbad se réunit un peu plus tard pour parler vengeance au Bois Portant, non loin de là. Au cours des trois premiers jours, la cour tente de déterminer si cette réunion nocturne a été le point de départ de la tuerie, perpétrée quelques minutes plus tard.

Le 23 juin 2014 vers 2h du matin, deux rafales arrosent le salon de thé situé du 1 rue des Pivoines. Walid Moussaoui, le gérant, discutait alors avec Jaouel Rondeau, le demi-frère d'Oswaldo, qui a pris part à la bagarre contre les frères Abbad. "Je me rappelle du corps de Jaouel qui tombe vers moi, que je plonge entre les canapés, du sang et des résidus du canapés qui volent sur moi," a raconté avec émotion l'entrepreneur, porté partie civile. Gravement blessé, il s'estime vivant grâce à Jaouel Rondeau, touché par une trentaine de balles.




La cour cherche aussi à déterminer le rôle précis de Ludovic Rochette, personnage clé de cette réunion du Bois Portant. Le quatrième accusé, le seul qui comparaisse libre actuellement, a gardé un sac de sport pendant plusieurs mois pour Abdelaziz et Madjid Abbad. L'homme, qui a auparavant joué la "nourrice" dans le trafic des Abbad, pense le sac rempli de cannabis.




Le sac de sport et le uzi

Lors de la réunion du Bois Portant, "Aziz a demandé "où est le truc?" et Madjid m'a montré du doigt, j'ai compris qu'il parlait du sac", raconte Ludovic Rochette. A la barre, l'homme de 42 ans, vêtu de vestes de clubs de football, raconte qu'à la demande de Madjid Abbad, il est parti chercher ce sac pour le donner à Aurélien Noizet, connu dans le quartier sous le nom de "Séquelles". "Je pensais qu'il allait le remettre à son propriétaire, Madjid Abbad," raconte l'accusé sous contrôle judiciaire.

Sauf que le sac contenait en réalité un pistolet mitrailleur de type uzi, l'arme du crime. "J'ai jamais ouvert le sac, je voulais pas avoir mes empreintes dessus," assure Ludovic Rochette.



Abdelaziz et Madjid Abbad, de leur coté, nient avoir demandé à M. Rochette d'apporter un sac cette nuit-là. Dans le box, les deux frères étonnent par leur calme et leur impertinence. Alors qu'un témoin affirme que Madjid Abbad lui a déjà montré un sac contenant des explosifs, celui-ci explique que dans la famille, "on n'est pas du tout "armes"".

Depuis le début du procès, les deux accusés ont pris leurs distances avec Aurélien Noizet, qu'on présente comme leur homme de main, à la fois dans le box et dans leurs témoignages. Ils le décrivent uniquement comme un simple voisin.



La poudre incrimine "Séquelles"

Aurélien Noizet est présenté comme le tireur présumé. "C'est "Séquelles" qui a tiré, et ce sont les Abbad qui ont commandité le meurtre. Je le dirai toute ma vie," a répété un témoin à la barre. Parti précipitamment "en vacances vers le sud" vers 4 heures du matin, Aurélien Noizet est arrêté le lendemain matin sur une aire d'autoroute dans les Vosges, avec près de 2800 euros en liquide dans son véhicule.

Le uzi est retrouvé, dans le fameux sac, par les autorités belges à Bouillon près de 10 mois après, le 17 février 2015. L'arme, déteriorée, est rapidement identifiée comme étant celle ayant servi à la Ronde-Couture en 2014. "Je suis sûr à 120%," certifie l'expert lillois auditionné.




Lors de son interpellation le 23 juin 2014, le short bleu d'Aurélien Noizet est maculé de poudre. "De mes analyses, je tire trois hypothèses. Soit le short a soit été en contact avec la victime, soit en contact avec les tirs, soit il a été porté par le tireur, a énuméré avec logique une experte en résidus de poudre, lundi 18 décembre.

Mais l'accusé nie en bloc. Son détachement étonne. Il réfute même toute relation étroite avec Abdelaziz et Madjid Abbad. "Avec tout ça, les résidus sur votre short... Vous êtes au courant que vous allez être condamnés à une lourde peine?" lui demande Me Blocquaux, conseil de la famille Rondeau. Ce à quoi l'accusé répond : "ça, c'est vous qui le dites. Je n'ai rien à me reprocher." Il encoure, avec les trois autres accusés, la réclusion criminelle à perpétuité.



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