Depuis l'automne 2023, la maison du don de sang de Charleville-Mézières (Ardennes) est flambant neuve (elle vient d'être rénovée). Mais sa responsable des prélèvements tire la sonnette d'alarme : il n'y a pas assez de donneurs et de donneuses.

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Une maison du don toute neuve, mais personne ou presque pour venir y verser son sang. C'est le triste constat auquel l'Établissement français du sang (EFS) fait face à Charleville-Mézières (Ardennes).

La rénovation des lieux, "très vieillots", de fond en comble remonte à l'automne 2023, suivie d'une réouverture le 02 octobre. Hélas, elle n'a pas permis de faire remonter le nombre de donneurs et de donneuses, que ce soit de sang ou de plasma.

Une chute des dons qui remonte à la crise du covid. Sollicitée par France 3 Champagne-Ardenne. sa responsable des prélèvements, Catherine Leleu-Delay, regrette cet état de fait et espère susciter un nouvel élan de solidarité au sein de l'hôpital Manchester, où est hébergée cette maison (voir sur la carte ci-dessous).

"Notre maison du don est toute neuve. Les donneurs qui viennent disent tous qu'elle est très lumineuse, vraiment jolie. C'est très agréable" de s'y rendre. Le parking peut ponctuellement poser problème pour se garer, mais il y a aussi de nombreuses places dans les environs. Et le souci se pose peu pendant le week-end. 

Mais elle reste trop peu fréquentée, malgré ses trois places pour du don de sang (dix minutes), et six places pour le don de plasma (45 minutes). "On peut vraiment prendre beaucoup de monde chaque jour pour le don de sang." 

Les projections espérées tablaient sur "en moyenne dix donneurs de plasma par jour, et dix donneurs de sang également. Mais le mardi [05 mars], on a eu un seul donneur de sang..." 

Perte de 3 000 donneurs et donneuses

La communication de l'EFS fait le nécessaire pour rameuter les donneurs et donneuses, mais ce n'est pas la panacée : les pics de fréquentation sont ponctuels; les dons ne sont pas réguliers. "C'est très compliqué. Depuis le covid, on a du mal à remonter. On a perdu 3 000 donneurs dans le Grand Est." Dans les autres grandes régions, le bilan n'est pas meilleur.

"Ils donnaient de façon régulière, avant. Mais ils ne sont plus jamais revenus. Les gens ont eu peur, et ont perdu l'habitude de donner. Dès qu'on perd l'habitude de quelque chose, difficile d'y revenir."

Et cette perte d'habitude peut avoir des conséquences dramatiques. "On a de plus en plus de patients qui ont besoin de sang et de plasma. Pour ce dernier, c'est plus qu'essentiel. Il y a de plus en plus de personnes qui reçoivent des chimiothérapies."

Des malades subissent la pénurie

Ces dernières sont sujettes, après la chimio', "à l'immuno-suppression, c'est à dire qu'on manque d'immunité. Ce sont les immunoglobulines qu'on prélève grâce au plasma qui permettent de faire ces chimio'. Des médecins oncologues ne commencent pas les chimio' si ils n'ont pas les immunoglobulines. Sinon, ils savent très bien qu'ils mettraient les patients en danger. Des chimio' sont dont parfois reculées."

Le problème est le même pour les "gens qui ont des maladies auto-immunes. On en a de plus en plus : scléroses-en-plaques, maladie de Crohn, maladies neurologiques... qui nécessitent d'avoir des immunoglobulines toutes les trois semaines. Parfois, on n'en a pas assez et on recule la cure une première fois de trois semaines, parfois une deuxième fois. Des patients qui avaient une vie à peu près normale voient les signes de leur pathologie réapparaître. C'est pour ça qu'il est essentiel d'avoir de plus en plus de donneurs de plasma." 

Des patients qui avaient une vie à peu près normale voient les signes de leur pathologie réapparaître.

Catherine Leleu-Delay, responsable des prélèvements pour l'Établissement français du sang dans les Ardennes

La France ne produit que 35% du plasma dont elle a besoin. "Et les 65% restants viennent de l'étranger, essentiellement les États-Unis où les donneurs sont rémunérés. L'éthique n'y est pas la même : on peut y donner deux fois par semaine, alors qu'en France, c'est au maximum tous les quinze jours, donc 24 dons par an." Contre 104 outre-Atlantique... "L'état physique de leurs donneurs, après tous ces dons", peut être très préoccupant. Et la France se retrouve forcée de cautionner cela.

"On est parfois tellement à flux tendu, pour ces immunoglobulines, que parfois, il faut suivre une liste établie par le ministère de la Santé. Si votre pathologie ne figure pas dans celles prioritaires qu'on y trouve, vous risquez de sauter une ou deux séries de cure."

Les aiguilles ne font pas si peur

Voilà qui devrait motiver les donneurs et donneuses qui ont choisi de se détourner des maisons du don de sang. Mais pour celles qui n'osent pas sauter le pas ? "Les aiguilles ? Il ne faut pas avoir peur : ça dure une fraction de seconde. Souvent, les gens qui avaient peur s'étonnent que ça ait été si rapide. Si on sent quelque chose, c'est durant une fraction de seconde."

Est-ce que ça fait perdre beaucoup de temps ? Pas tellement, assure Catherine Leleu-Delay. "Il faut être 1h30 chez nous. Mais pendant ce temps-là, vous pouvez prendre votre tablette pour regarder une série. Vous pouvez lire un livre. On a même des professeurs qui corrigent leurs copies pendant le don. Personne ne vous embête, c'est du temps pour vous, des gens en sont bien contents." 

Et si vous vous demandez comment se passe un (premier) don de sang, on l'a testé pour vous. Vous pourrez ainsi découvrir chacune des étapes, et savoir ce qui vous attend... à savoir rien de bien méchant.

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