Le printemps et le début d’été pluvieux n’annonçaient pas une récolte de pommes fabuleuse dans les vergers ardennais. Mais le soleil du mois d’août a permis de rééquilibrer les teneurs en sucre et la fermeté des fruits. Les Gala sont d’ores et déjà bonnes à être croquées.
Des jaunes, des vertes, des rouges et jaunes et des toutes rouges. Dans le Verger de Saint-Pierre, à Tagnon, dans les Ardennes, les pommes semblent prêtes à être cueillies. Mais le maître des lieux, Antoine Grasser, qui exploite ces sept hectares de verger avec sa sœur Marie depuis deux petites années seulement, reste prudent.
Pénétromètre à la main, il arpente les allées bordées de ses 25 000 pommiers pour vérifier si oui ou non, ces dames peuvent partir dans les paniers des consommateurs.
C’est ainsi qu’il finit par planter son petit instrument muni d’un tube et d’un cadran dans une Gala fraîchement cueillie : "Je suis en train de voir la résistance de la pomme, pour voir, quand on la croquera, si c’est une pomme qui est bonne à être consommée". Et le résultat est là : un croquant parfait, reste à connaître le taux de sucre.
Là encore, autre instrument, mais même constat : la pomme est prête à être dégustée. "On analyse aussi le taux d’amidon, complète Antoine Grasser, pour avoir une pomme qui sera, pour nos clients, quelque chose qui ne soit pas farineux".
Une pollinisation qui n'a pas abouti
Bien rouges en cette fin du mois d’août, les Gala, comme les dix autres variétés de pommes cultivées au verger, ont bien failli ne jamais atteindre la couleur espérée, et avec elle le niveau de mûrissement nécessaire.
En cause, le printemps et le début d’été très pluvieux, malgré un début de saison qui semblait prometteur, avec beaucoup de fleurs : "Il fallait venir voir les vergers au mois d’avril, s’enthousiasme Antoine Grasser, c’était magnifique !"
Mais la pluie n’a pas permis la pollinisation nécessaire, "on a donc eu moins de fruits qu’on ne le pensait au départ, se souvient-il. Ensuite, comme il y avait beaucoup d’eau, la tige, que l’on appelle aussi le pédoncule, tenait mal à l’arbre".
On a donc eu pas mal de fruits qui sont tombés au sol. Ça a vraiment été assez problématique
Antoine Grasser, producteur de pommes
En revanche, l’exploitant parle d’une "finition superbe en cette fin août" grâce à des températures assez fraîches la nuit et plutôt chaudes la journée, "qui permettent d’avoir une bonne coloration du fruit".
Pour le moment, tous les indicateurs sont donc au vert, et dès la première semaine de septembre, les saisonniers viendront prêter main-forte pour la récolte et la fabrication des premiers jus de pommes. Puis viendra le temps de la cueillette libre sur l’exploitation, chaque week-end du mois, avant "la plus grosse partie de la cueillette, que l’on revend à un metteur en marché, pour les grandes surfaces".
Une récolte stable par rapport à l'année passée
Jonagold, Gala, Boskop, Reine des Reinettes, Granny Smith : les pommes d’Antoine et Marie Grasser devraient donc arriver dans les supermarchés à la mi-septembre, comme les autres pommes des très nombreux vergers ardennais, qui s’étendent du nord au sud du département. En France, la récolte 2024 devrait même produire 1 463 tonne de fruits, un chiffre stable par rapport à l’année précédente.
Mais pour goûter à la Mazarine ou la Dartagnon, les deux créations d’Antoine et Marie Grasser, peut-être vaudra-t-il mieux aller les cueillir directement sur l’arbre dans le verger. Elles y auront un goût sucré, une chair ferme, avec une petite note de passion, celle que partagent le frère et la sœur pour la pomme et le travail bien fait.