Coronavirus : dans les Ardennes, les taxis pratiquement à l'arrêt

En France, l'économie entière tourne au ralenti depuis les mesures strictes de confinement. Plus de six-cent-mille entreprises sont concernées dans les secteurs non-essentiels à la vie du pays. Les artisans taxis, eux, ne roulent pratiquement plus, leur compteur affiche zéro client certains jours.

" Hep, taxi, s'il vous plaît ! ", voilà bien une interpellation anodine du quotidien qui semble avoir perdu tout son sens. On l'entendait souvent devant la gare de Charleville-Mézières, sur l'aire d'attente de ces professionnels. Mais ce mardi 24 mars, en pleine guerre contre le Coronavirus, le parvis SNCF est désespérément vide.

Pas un voyageur, pas une valise à l'horizon, pas de clients, pas de taxis. L'injonction de rester chez soi fonctionne au mieux au huitième jour de confinement, mais du coup, les demandes de déplacements se font rares pour les artisans taxis.



En traversant la ville endormie, les rues sont vides, les voitures peu nombreuses à 10h du matin et on ne croise évidement aucun taxi. La plupart sont confinés chez eux, dans l'attente d'un coup de téléphone, d'une course, d'un éventuel aller-retour sanitaire ou de toute autre demande.

Une situation d'oubli également dans l'esprit de ces indépendants qui doivent, eux aussi, se protéger du Covid-19, tout en maintenant un semblant d'activité.

 

Un compteur à zéro, ou presque

Parcourir toute la cité de Rimbaud en un quart d'heure, c'est bien le seul avantage du moment. Pour percevoir un peu d'activité, c'est dans les stations services qu'il faut se rendre. Parmi les clients en file d'attente devant les pompes, je remarque, enfin, un lumineux, (lampe Taxi d'identification), sur le toit d'un véhicule. 

C'est Michel, 57 ans, un ancien ouvrier-tourneur en pleine reconversion, et aujourd'hui chauffeur-taxi, qui fait le plein.
 


Quand je lui demande comment il survit en cette période de crise, son visage devient grave. " C'est bien simple, on est tous à 80% en chômage partiel ! " me lance-t-il entre deux coups de gachette sur la poignée de la pompe.

Nos seules courses, ce sont les personnes que l'on amène à l'hôpital, ou, des particuliers qu'on va chercher pour leurs achats au magasin et à la pharmacie. Moi, je ne sors pratiquement plus ! Je ne fais qu'une à deux courses par jour. C'est une perte sèche !
Michel Lecomte, chauffeur-taxi à Sedan 
 

Chauffeur-taxi, c'est un nouveau métier qui s'ouvrait à lui depuis deux ans. Mais, malgré sa bonne volonté, Michel s'inquiète de ce coup d'arrêt d'activité. "Après 20 ans en tant qu'ouvrier dans une usine à Donchery, je n'avais jamais vu ça ! " m'avoue-t-il. La seule sortie du jour en taxi aura été le complément de carburant, pour ce professionnel du volant. 
 


L'activité s'arrête, pas les crédits

Quand je reprends la voie rapide A34 en direction de Sedan, l'impression d'être seul au monde se confirme. Les déplacements obligatoires, impérieux ou encore professionnels sont uniquement tolérés. A Bazeilles, dans le village suivant, Christophe Troyon, directeur d'une station de trois taxis, s'en est fait une raison.

Signe d'une activité réduite au minimum, les taxis de Christophe sont chez lui, devant sa maison. Les voitures sont rutilantes au soleil, et pour cause : elles ne roulent que très peu.
" J'ai une seule course  à l'hôpital Courlancy à Reims aujourd'hui ! ", murmure-t-il dépité. "On a eu quand même quelques clients qui avaient des rendez-vous importants, des personnes soignés pour des maladies graves, des cancers, mais moi qui travaille avec des établissements scolaires, des orthophonistes, des psychologues, je n'ai plus rien !"
 


Question chiffre d'affaire, c'est le creux de la vague, là aussi, pour cet artisan taxi. Le médical lui apporte 40% de ses recettes, le reste, c'est le trafic scolaire et les foyers pour enfants. En attendant, il faut payer les véhicules à crédit, et rester solvable devant son banquier.

Les centres éducatifs, les foyers, les enfants qui sont placés, je travaillais avec tous ces organismes là. Et il y avait aussi les centres en Belgique, mais maintenant, la frontière est fermée. Tout est annulé, je me retrouve sans rien.
- Christophe Troyon, directeur station de taxis à Bazeilles
 

" Hier, j'étais au téléphone avec une société de crédit qui finance mes voitures" me confie-t-il, " J'essaie de faire un report de mes échéances, avec le comptable on tente de décaler de trois à six mois".
 


Christophe poursuit son état des lieux: "Moi, je travaille non-stop du lundi au dimanche, tous les jours. Cela représentait normalement 50 courses par semaine, et là, jusqu'à la fin du mois, je n'ai plus de réservations. Le mois prochain, on verra, par rapport au virus."


Ailleurs bien sûr aussi

Ailleurs, on s'organise entre inquiétude et attente. A Limoges, les problèmes sont identiques. Les chauffeurs tentent de trouver des idées et se protègent au mieux, mais le compte n'y est pas.
 
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