Suite aux dernières mesures de confinement annoncées par le gouvernement samedi 14 mars, les lieux non-essentiels à la vie du pays sont fermés. Si les commerces d'alimentation restent ouverts, certains consommateurs privilégient les distributeurs automatiques de produits fermiers en casiers.
C'est une semaine pleine d'incertitudes qui commence ce lundi 16 mars, à quelques jours du printemps. Les dernières consignes de sécurité sanitaire et de confinement, vous transforment pratiquement en aventurier aux yeux de tous, dès que vous avez un pied dehors. Faire simplement ses courses dans les magasins d'alimentation devient un acte de bravoure et de courage pour certains "Coronaphobes".
Dans le Journal Télévisé de 13h, on montre des files interminables de personnes en train d'attendre devant des Hypermarchés avec leur caddie. Pour enrayer la propagation du Coronavirus, une distance d'un mètre est imposée à chacun, l'image semble surréaliste.
#lyon #coronavirus #consommation Les #hypermarches de la #metropole lyonnaise en mode file d'attente https://t.co/dLK8vRvA4x pic.twitter.com/1LjBOKdwQl
— France 3 Rhône-Alpes (@F3Rhone_Alpes) March 16, 2020
Un distributeur automatique de nourriture
Pendant ce temps, en haut de l'avenue Charles Boutet à Charleville-Mézières, il y en a un qui remplit des cases.Un gros camion plein de légumes est garé devant la devanture de " L'assiette fermière bio", un commerce de produits fermiers en libre-service.
Thierry Faucheron, maraîcher bio, et fondateur de ce concept de vente par casiers dans la cité, fait des allers-retours, les bras chargés de caisses.
C'est du jamais vu pour lui.
A l'ouverture tôt ce matin, il y avait 200 casiers dégarnis sur les 250 proposés aux clients de passage.
" J'ai eu beaucoup de messages sur mon téléphone me disant que les casiers se vident!" m'annonce-t-il en me tendant son portable.
" Je m'en suis un peu douté, mais je ne pensais pas que ça allait être aussi impressionnant. La semaine, je recharge deux fois, le matin et l'après-midi, mais hier, dimanche, je n'ai rechargé mes rayons qu'une seule fois.
Les clients sont peut-être venus faire du stock, mais il faut savoir qu'on est producteur. Des poireaux il y en aura encore pour un mois, on a des carottes pour deux mois, ça ne sert à rien de stocker, on produit au fur et à mesure".
Le lait, la vache en donne tous les jours. Les yaourts sont fabriqués régulièrement, le fromage aussi. Les poules vont continuer à pondre, elles ne connaissent pas le Coronavirus.
Chez nous, il ne peut pas y avoir de pénurie car la production est au jour le jour, il ne faut pas s'alarmer.
Thierry Faucheron, maraîcher bio, au jardin de Bulson. Ardennes
Retour à la case départ, celle du bio
Cest un commerce sans patron derrière le comptoir, il est aux champs d'habitude.Ici, c'est la machine qui remplace le vendeur, et c'est cela qui plaît.
Sur des dizaines de mètres, en vitrine, dans leur casier, les beaux légumes bio de Thierry attendent les clients.
Sans s'arrêter de réaprovisionner ses casiers, le maraîcher poursuit: " Je reste toujours dans le même état d'esprit, à savoir, vendre mes légumes de saison, de ma production.
Les endives se terminent, mais il me reste de la mâche, des poireaux, des carottes, des pommes de terre, de la bettrave rouge, ainsi que tous les produits ardennais comme: les farines spéciales, les biscuits, le miel, les pâtes fraîches, le jus de pomme".
Les légumes représentent 30 à 40% de la vente, mais il y a aussi les oeufs, la viande. En général, le prix moyen que rapporte un casier c'est entre 2,50 Euros et 3 Euros. Là, ce matin, il y avait au moins 200 casiers de vides. Le chiffre d'affaire des trois derniers jours est doublé par rapport à la semaine précédente.
C'est le chiffre qu'on fait en été quand on a les 25 légumes.
Thierry Faucheron, maraîcher, au jardin de Bulson. Ardennes
Quand je lui demande comment il explique cet intérêt soudain pour cette forme de vente, il me confie: " Il y a une prise de conscience. On vient aux casiers parce que c'est meilleurs, mais, surtout, en ce moment, parce qu'il y a la sécurité sanitaire.
Les produits ne sont pas triturés par tous les clients qui regardent si c'est moux ou si c'est dur.
C'est dans des casiers à l'abri des postillons par rapport au Coronavirus".
Se retrouver seul dans un magasin, le rêve
Joëlle vient deux fois par semaine dans ce magasin bien singulier. Elle habite le quartier: c'est pratique, mais pas seulement.Alors qu'elle repère le numéro du casier qui contient ses légumes avant de passer commande sur l'appareil, je lui demande son sentiment du moment.
" ça me rassure de venir acheter ici parce que je croise moins de monde!" me lance-t-elle avec un sourire.
"De plus, je trouve tout ce que je veux, le choix et assez varié pour la saison".
Je pense qu'ici, il est plus facile d'appliquer les mesures barrières de protections qu'on nous recommande contre le virus. Alors, je fais vite, je croise personne, et je rentre me laver les mains à la maison.
Joëlle, cliente adepte des distributeurs automatiques de produits fermiers
Une désinfection et un nettoyage permanent
Le système automatique de vente de Thierry Faucheron fonctionne sans relâche, 7 jours sur 7, de 08h du matin à 22h.Avec ses 120 kg de légumes vendus chaque jour, et ses dizaines de clients adeptes de l'achat en circuit court, le maraîcher se veut irréprochable sur les règles sanitaires demandées.
Tous les jours, les casiers, le terminal de paiement, les portes et l'ensemble du magasin sont désinfectés soigneusement, afin de faire reculer le virus qui fait peur.