Coupe du monde de football : "Les propos de Noël Le Graët sur le brassard One love sont décourageants, frustrants"

Le président de la Fédération française de football ne souhaite pas que le capitaine des Bleus porte le brassard "One Love" lors du Mondial au Qatar. Des propos qui ont fait réagir l’Ardennais Yoann Lemaire, aux avant-postes de la lutte contre l’homophobie dans le foot.

Alors que la Coupe du Monde de football au Qatar débutera le dimanche 20 novembre, Noël Le Graët s'est exprimé dans le quotidien L'Equipe du 11 novembre au sujet du brassard "One Love" censé être porté par les capitaines de huit sélections européennes. Née d'une initiative d'un groupe de travail de l'UEFA, ce brassard, arborant un cœur aux bandes colorées floqué du chiffre 1, symbolise la volonté d'inclusion et la lutte contre toutes les discriminations.

Dans un pays comme le Qatar où l'homosexualité est illégale, le président de la Fédération Française de football n'est clairement pas favorable à ce que le capitaine des Bleus, Hugo Llioris, porte ce brassard. "On va en discuter, répond-t-il au journaliste de L'Equipe. Mais j’aime autant qu’il [NDLR Hugo Lloris] ne le fasse pas. On va jouer dans un pays que l’on doit respecter. Mais s’il faut le porter, on le portera. Ce n’est pas que je ne suis pas favorable à ce brassard, mais quelques fois je me dis que l’on veut être tellement donneur de leçons qu’il faudrait regarder aussi ce qui se passe chez nous. »

"On va passer pour des guignols"

Ces propos n'ont pas plu à l'Ardennais Yoann Lemaire qui lutte depuis plus de 15 ans contre l'homophobie dans le football. "Ces propos sont décourageants, frustrants, estime-t-il. Il y a quand même des gens qui font avancer la cause humaniste dans le football et là tout est balayé d’un revers de la main avec ce genre de propos."

L'ancien défenseur du FC Chooz, figure emblématique de la lutte contre l'homophobie dans le foot, regrette, qu'à l'instar d'autres pays européens, comme l'Allemagne, les Pays-Bas ou l'Angleterre (voir le tweet plus bas), la France ne soit "pas capable de s'engager pour des causes humanistes. On va passer pour des guignols".  "La France, championne du monde de foot, est le pays des Droits de l’Homme, pourquoi ne montre-t-elle pas l’exemple ?" déplore-t-il.

"Sujets difficiles à aborder sur le terrain"

Sur le terrain, l’homosexualité et l’homophobie sont des sujets difficiles à aborder", constate Yoann Lemaire. Avec son association Foot ensemble qu'il a créée en 2016, il parcourt les collèges, les centres de formation, les clubs amateurs et professionnels pour sensibiliser les jeunes et aider ceux qui les encadrent à lutter contre toutes formes de discriminations. Il reçoit de nombreux appels des clubs amateurs pour des propos homophobes, du harcèlement. Un travail de longue haleine, pas toujours simple. "C’est compliqué et parfois on entend des choses vraiment dures. Donc si on n’a pas un peu d’exemplarité et de soutien du président et des joueurs, c’est même pas la peine de continuer." 

Quand on vous avez le président de la FFF qui dit ça, c’est catastrophique, ça donne envie de rendre les armes et d'arrêter notre collaboration

Yoann Lemaire

président et fondateur de l'association Foot Ensemble

Depuis quatre ans, son association travaille en partenariat avec la Fédération pour mener différents ateliers de sensibilisation et de formation à la lutte contre l'homophobie. "On devait tourner un clip sur l'homophobie avec les joueurs de l'équipe de France, mais seulement trois, sur une vingtaine, ont répondu, et on ne sait pas pourquoi." 

Celui qui joue désormais avec le Variété club de France espère que Noël Le Graët quitte la présidence de la FFF, "qu'il laisse sa place à des gens qui ont une autre vision, qui ont envie de faire avancer des sujets humanistes."

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