Saida Ifourah, une habitante de Vireux-Molhain (Ardennes), a fait une mauvaise surprise en conduisant : un serpent lui a effleuré le genou. Elle a pu arrêter son véhicule et faire fuir le reptile inopportun, mais reste encore un peu choquée par sa mésaventure. Quelques conseils si cela vous arrive.
Prendre quelqu'un en stop, pourquoi pas... Mais un serpent ? C'est ce qu'a (involontairement) fait Saida Ifourah, une habitante de Vireux-Molhain (Ardennes).
Elle s'en souviendra longtemps. Sa mésaventure remonte au jeudi 22 juillet 2021, mais s'est heureusement bien terminée. Elle a réussi à s'arrêter et le serpent a déguerpi un peu plus tard.
La conductrice roulait vers 19 heures entre Haybes et Fumay (Ardennes). C'est peu après un feu tricolore, en reprenant sa route, qu'elle a remarqué la présence du serpent (voir sur la carte ci-dessous).
France 3 Champagne-Ardenne a pu joindre Saida Ifourah, après son appel sur Facebook pour remercier l'automobiliste qui lui a porté secours. Le récit de sa mésaventure s'est également retrouvé dans le journal L'Ardennais.
"Je conduisais, j'étais en robe. J'ai senti un effleurement, j'ai regardé et puis là : oh, mince... je l'ai senti sur mon genou: c'est pour ça que je l'ai vu. Je n'aurais jamais pu le voir s'il avait été sur la pédale. Et c'était un bel animal, ça ne pouvait pas être un orvet comme beaucoup me le suggèrent : je sais ce que c'est, je suis née à la campagne. Je peux les différencier. Mais entre une vipère et une couleuvre, non : elles se ressemblent." Évidemment, la conductrice avait autre chose à faire que de photographier l'animal, pour vérifier de quelle espèce était l'intrus...
Je peux reconnaître un orvet. Mais différencier une vipère et une couleuvre, non : elles se ressemblent.
"Je me suis dit qu'il fallait que je sorte de la voiture, je n'ai pas regardé, j'ai freiné, et je suis sortie. Il n'y avait pas de bas-côté. J'ai eu le sang-froid de m'arrêter, mais à l'intérieur, j'étais dans un état de stress, mon coeur battait très vite..." Elle ne roulait heureusement pas rapidement, et s'est calmée avant d'y retourner. "Je suis allée voir si j'avais vraiment un serpent dans la voiture : parfois, on panique... Il s'était enroulé près des pédales, une belle bête d'une couleur entre le vert et le marron."
"J'ai arrêté une voiture, mais le souci, c'est qu'il ne parlait pas français... J'ai essayé d'expliquer, mais on n'arrivait pas à se comprendre : je l'ai laissé partir." Un comble de malchance. Heureusement, Saida Ifourah a pu en arrêter une deuxième. "Il m'a dit qu'il était pressé et allait chercher sa fille, mais je lui ai dit : j'ai un serpent dans la voiture. Je n'avais même pas accès à mon téléphone, il était par terre." À côté du serpent. L'automobiliste a accepté de l'aider, et a tout simplement... ouvert la portière. "Il a regardé, il a dit : 'effectivement', et il l'a laissé ouverte."
Le terreau coupable
"Le serpent est sorti tout simplement, assez vite : il était rapide et il est parti dans les bois. Moi, j'imaginais déjà qu'il allait falloir le rechercher partout dans le véhicule... Ça a été simple." Elle a alors pu évacuer la pression. "J'ai appelé mon compagnon... et j'ai pleuré, je me suis lâché, j'ai essayé d'expliquer. Et je me suis inquiétée : si un serpent a pu rentrer dans une voiture, j'imaginais n'importe quoi."
La réponse à cette interrogation se trouvait très vraisemblablement dans le coffre de la voiture. "Mon compagnon m'a demandé ce que c'était que ce sac de terreau. Je lui ai dit que je devais le déposer à ma mère, mais que j'avais oublié. C'est lui qui m'a dit : c'est toi qui as dû mettre le serpent dans le véhicule. Dans le sac. C'est la théorie la plus probable. Car un serpent ne rentre pas [facilement] dans une voiture."
Il m'a dit : c'est toi qui as dû mettre le serpent dans le véhicule, à l'intérieur du sac de terreau.
Saida Ifourah a pu reprendre le volant. "Mais j'avoue que si ça me chatouille un peu au pied, maintenant, j'ai cette pensée. Je n'ai pas oublié, et ça va être un peu difficile. Encore hier, c'est arrivé et j'ai pensé qu'il y avait quelque chose dans la voiture." La situation aurait peut-être été différente si sa chienne s'était trouvée sur le siège arrière (c'est fréquent) ou si quelqu'un avait pris place au côté de la conductrice.
Dorénavant, elle vérifie soigneusement le contenu des sacs de terreau (qu'elle transporte régulièrement). Et regarde bien dans sa voiture. "Je pense que je m'en souviendrai toute ma vie. C'est un reptile, le truc que beaucoup de monde a en horreur. Et vous êtes enfermé, vous ne pouvez pas vous échapper. Peut-être que beaucoup plus tard, j'en rirai. Mais là, non."
La marche à suivre si ça vous arrive
France 3 Champagne-Ardenne a contacté Frédéric Petitpretz, bénévole de l'association Bufo, se montre rassurant et conseille de garder son calme. "Je n'ai jamais entendu parler d'une telle situation... Je comprends mieux si elle est entrée via le sac de terreau. Certaines couleuvres sont assez proches des habitations, la couleuvre verte et jaune rentre dans les maisons sur les deux-tiers de la France, par exemple."
"C'est compliqué cette situation, si la personne est phobique, elle va forcément paniquer. Mais ce qu'il faut bien se dire, c'est qu'en France, la plupart des serpents sont tout à fait inoffensifs : la plupart sont des couleuvres. Par contre, la vipère aspis et la vipère péliade [venimeuses; ndlr] sont extrêmement rares dans les maisons ou les jardins : donc pour grimper dans une voiture, ce serait une première. Il n'y a donc pas de panique à avoir."
Il faut garder son calme et s'arrêter. Ne pas lâcher le volant.
"La couleuvre verte et jaune peut être mordeuse, mais ce n'est pas grave. Le vrai risque est lié à la panique qui va entraîner l'accident de voiture... C'est un peu comme quand une guêpe rentre dans l'habitacle et qu'on a peur : c'est pareil. Ce qui m'est arrivé en scooter quand j'étais jeune, c'est qu'une guêpe est rentrée dans mon casque. Il faut garder son calme et s'arrêter. Ne pas lâcher le volant, garder raison, et savoir qu'on ne va pas mourir."
"Arrêtez-vous, et essayez de faire sortir le serpent." Plus facile à dire qu'à faire, certes. Mais les chiffres prouvent que c'est plus ou moins sans danger. "Si on se fait mordre et qu'on ne sait pas ce que c'est, on fait comme si c'était une vipère : on appelle les pompiers et on n'essaye pas de conduire soi-même." À cause du risque d'évanouissement, logique.
"Il faut savoir qu'en France, les morsures de vipère, c'est officiellement 1.000 par an mais seulement 100 à 200 envenimations." Une grosse proportion de morsures sèches, donc. La moyenne est de zéro à trois personnes tuées par an, mais aucune ne l'a été durant les cinq dernières années, d'après le Bufo.