Présidentielle 2022 dans les Ardennes : l'analyse d'élus de droite après la déroute de Valérie Pécresse

La droite a fait un score encore plus faible qu'au niveau national dans les Ardennes au premier tour de l'élection présidentielle 2022. Quels enseignements les élus tirent-ils de ce résultat ?

Dans les Ardennes, le premier tour de l'élection présidentielle 2022 a tourné à l'avantage de Marine Le Pen dimanche 10 avril. La représentante du Rassemblement national sort grande gagnante avec 36,0 % des suffrages, loin devant le président sortant, Emmanuel Macron, deuxième avec 23,6 % des voix. Une avance plus confortable encore qu'il y a cinq ans, où la candidate d'extrême droite ne devançait Emmanuel Macron que de quatre points.

Une droite en chute libre

Comme partout en France, la droite s'effondre. Les électeurs des Ardennes qui se sont déplacés dans leur bureau de vote dimanche n'ont été que 4,1 % à choisir le bulletin de Valérie Pécresse, quand ils étaient plus de 17 % à avoir sélectionné François Fillon il y a cinq ans. 

En 2017, même si Marine Le Pen était en tête à la présidentielle dans le département, trois députés Les Républicains avaient été élus lors des élections législatives au mois de juin. Est-ce qu'il en sera de même cette fois-ci ou un nouvel équilibre va-t-il là-aussi s'installer ? Il est pour l'instant impossible de répondre à cette question.

Les élus de droite que nous avons interrogé au lendemain du scrutin analysent diversement le résultat du premier tour de l'élection présidentielle. Boris Ravignon, le maire Les Républicains de Charleville-Mézières, pointe la campagne manquée de la candidate de la droite. "Valérie Pécresse a suscité au départ un grand espoir. J'y ai personnellement cru. J'ai cru qu'elle saurait porter ces valeurs de la droite auxquelles je reste profondément attaché, précise-t-il. Je crois que le déroulement de sa campagne a montré un certain nombre d'erreurs, une incapacité à se faire entendre. C'est ce qui m'a amené à la veille du premier tour à considérer qu'il fallait une forme de vote utile."

Boris Ravignon avait en effet appelé à voter pour Emmanuel Macron dès le 10 avril. Impossible de savoir si cela a pu influer de manière significative sur le scrutin. Mais le résultat était cette fois-ci plus serré dans la préfecture des Ardennes qu'il y a cinq ans, où la candidate RN devançait de deux points ses poursuivants.

Selon le maire de Charleville-Mézières, les électeurs ardennais ont exprimé par leur vote "leur inquiétude sur le pouvoir d'achat, sur le fait que le travail ne paye plus et leur saturation sur l'insécurité." Mais le programme de Marine Le Pen n'est pas une bonne réponse à cette exaspération selon lui. "Elle promet tout et surtout n'importe quoi. Elle prépare pour notre pays - non pas des réponses à ces problèmes précis - mais l'application d'une idéologie qui est celle du Rassemblement national, avec des lendemains très difficiles pour la France."

Il faut prendre ce temps d'écoute des Français. Ils ont besoin qu'on reconnaisse les difficultés auxquelles ils sont confrontés, qui les inquiètent beaucoup et qui parfois les mettent carrément en colère.

Boris Ravignon, maire LR de Charleville-Mézières

"Une campagne qui n'a pas eu lieu"

Pour le député LR de la deuxième circonscription des Ardennes, Pierre Cordier, la défaite de Valérie Pécresse peut s'expliquer par l'absence de réels débats de fond avant l'élection.

"En réalité, on n'a pas eu de campagne électorale avec des arguments sur les retraites, sur la sécurité. Tout l'a emporté sur le thème de l'Ukraine et de la crise Covid. On n'a pas parlé des vrais sujets, donc je pense aussi qu'il y a eu de la part des électeurs une volonté de montrer un mécontentement par rapport à cette campagne qui n'a pas eu lieu", explique-t-il.

Contrairement au maire de Charleville-Mézières, le député préfère ne pas donner de consigne de vote pour le second tour. "J'ai trop de respect pour les électeurs, et notamment ceux de ma circonscription, pour leur dire ce qu'ils ont à faire. Des personnes ont donné des consignes de vote ici ou là il y a quelques jours. En réalité les électeurs n'en ont fait qu'à leur tête."

Ce lundi 11 avril, le bureau politique de Les Républicains a voté à une "très large majorité" une motion indiquant qu'"aucune voix ne peut se porter sur Marine Le Pen", comme l'a indiqué le président du parti Christian Jacob. Il n'a toutefois pas appelé directement à voter pour Emmanuel Macron.

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