À Rethel, un rassemblement initié par des agriculteurs non syndiqués bloque la route nationale depuis mercredi. "Ce sont des gens qui en bavent tous les jours et qui veulent s'en sortir avec leur métier", explique Romain Larue, à l'origine du rassemblement.
La mobilisation des agriculteurs répond dans de nombreux endroits à des appels lancés par la FDSEA ou les Jeunes Agriculteurs. Dans les Ardennes, le blocage installé sur l'aire de repos de Woinic, sur l'autoroute A34, répond par exemple à cette logique.
Mais à Rethel, entre Reims et Charleville-Mézières, ce sont des agriculteurs non syndiqués qui ont organisé le rassemblement. "Je voyais que ça ne bougeait pas beaucoup dans les Ardennes au départ", explique Romain Larue, à l'initiative des choses. Il a sondé un certain nombre de collègues via les réseaux sociaux. Finalement, ils ont choisi de bloquer la route nationale 51 qui fait contourne la ville, dès mercredi 24 janvier.
C'est plus précisément à hauteur de la sortie d'Acy-Romance qu'ils ont placé leur barrage. Tracteurs, bottes de paille, palettes et barbecue sont installés en travers de la chaussée. "On est là pour beaucoup de revendications", assure l'agriculteur. Celles-ci recoupent largement celles mises en avant par le syndicat agricole majoritaire.
Romain Larue cite pêle-mêle la modification de taxation du gazole non-routier (GNR) utilisé dans les machines agricoles, une rémunération insuffisante ou encore le poids de la paperasse. "Ce qui nous met en colère, c'est l'administratif qu'on a à faire. Sur nos exploitations, maintenant, c'est quasiment une personne à plein temps qui s'en occupe."
Un blocage qui pourrait durer
Mercredi soir, une centaine d'agriculteurs étaient présents sur le point de blocage. Le nombre a fluctué au fil de la journée, les éleveurs étant bien obligés de retourner voir leurs bêtes. Romain Larue compte lui autour de 200 vaches laitières dans son exploitation installée à Marlemont, près de Signy-l'Abbaye.
L'éleveur de 34 ans nous dit travailler 70h voire 80h par semaine pour un salaire mensuel d'environ 1 000 euros. "On travaille tous les jours, 365 jours par an. Je ne connais pas beaucoup de professions où on serait prêt à travailler autant d'heures pour le salaire qu'on se tire."
Il ressent un manque de reconnaissance important. "Pendant le Covid, on a été contents de nous trouver. Maintenant, on est mis de côté. On est la cinquième roue de la charrette", se désole-t-il. Alors que le Premier ministre doit s'exprimer vendredi, il attend des réponses fortes de l'exécutif. "Notre blocage va durer. Si on n'a pas de réponses concrètes, on va vraiment durcir le mouvement", affirme l'éleveur.
Quitte pourquoi pas à rester en longueur sur la quatre voies qui dessert Rethel. "On peut rester encore huit jours s'il le faut. On est équipés, on a tout ce qu'il faut. Et les gars qui sont là en veulent. Ce sont des gens qui en bavent tous les jours et qui veulent s'en sortir avec leur métier."